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D’un projet de coopération bilatérale à la mobilisation d’associations locales de développement

L’histoire de la Radio Rurale de Kayes - RRK-

Anne FONTENEAU

05 / 1994

En 1986, la coopération italienne décide d’intervenir dans la première région du Mali, celle de Kayes et propose au gouvernement malien un projet comprenant plusieurs volets: réfection de la route vers le Sénégal, rénovation de l’hôpital de Kayes et création d’une radio rurale. Une étude de plusieurs mois confirme l’enclavement des 400 villages composant les cercles de Kayes et Yelimane mais révèle aussi la multiplicité des actions de développement entreprises par les populations. Pour les Italiens, une radio rurale serait un bon moyen de combattre l’isolement des villages et de stimuler l’activité en faisant connaître toutes ces expériences. Ainsi le 1er août 1988, la RRK émet pour la première fois. Financée par la coopération italienne, la RRK est gérée par deux ONG, GAO et Terra Nova qui envoient plusieurs expatriés pour des contrats de quelques mois. Le succès est immédiat, tant auprès des autorités locales que des associations, des services techniques et des villageois, mais les difficultés financières apparaîssent également très rapidement. Le financement italien qui incluait la période d’étude arrive à expiration. Une solution transitoire est finalement mise en oeuve pour éviter la fermeture de la RRK. L’ONG italienne GAO, l’état malien et 4 associations locales se mobilisent. Ces dernières forment un comité de gestion et s’engagent à verser une cotisation et à produire des émissions. Mais les autorités administratives, déçues de ne pas controler cet outil de communication nouveau ne tiennent pas leurs promesses. Finalement, la RRK est sauvée par un contrat liant la Chine et le Mali pour la mise en place des radios régionales. Le gouverneur se tourne alors vers ce nouveau dossier et oublie un peu la RRK ! Aujourd’hui, l’ONG italienne maintient sa volonté de se retirer le 7 juillet 1995 et de laisser la radio aux mains des associations. A cet effet, a été créée en juillet 1992, l’Association des Radio-diffuseurs de Kayes pour le Développement Rural (ARKDR)qui regroupe maintenant 13 associations. En 1992 et 1993, GAO et l’ARKDR ont assuré chacune 50% des frais de fonctionnement. En 1994, GAO prend en charge uniquement la réparation du matériel, la formation du personnel et le paiement des arriérés de téléphone et d’électricité alors que l’ARKDR assume à 100% les frais de fonctionnement. Chacune des 13 associations membres apporte 150 000 FCFA (1 500 FF)par an et doit produire un certain nombre d’émissions, suivant la programmation. A un an du retrait italien, la RRK présente certaines forces indéniables: un personnel bien formé capable d’assurer le fonctionnement des machines, leur réparation, la production d’émissions, le suivi administratif; un tissu associatif qui a su montrer sa détermination pour maintenir la radio en vie, un public nombreux. Mais les difficultés ne manquent pas: les associations ne paient pas régulièrement leur cotisation et faute de moyens et de motivations pour certaines, ne produisent pas les émissions dues.

Mots-clés

audiovisuel, communication, coopération internationale, histoire du développement, radio, Etat et société civile, tradition et modernité


, Mali, Kayes

Commentaire

La RRK est l’exemple parfait d’un projet de coopération bilatérale que se sont très bien appropriés les acteurs locaux. Un tel succès est la preuve que la RRK répond bel et bien à un réel besoin de communication dans cette zone rurale. C’est ce qu’ont compris les associations en se mobilisant quand la RRK était menacée. Cependant, nécessitant un budget annuel de 12 millions de francs CFA (120 000 FF), la RRK est confrontée à des difficultés financières auxquelles l’arrangement actuel n’est pas en mesure de répondre. Son avenir demeure donc incertain.

Source

Récit d’expérience

FONTENEAU, Anne

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