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L’Amérique du Sud déclare la guerre à la maladie de Chagas

Mohamed Larbi BOUGUERRA

02 / 1993

Triatoma infestans est un insecte qui ressemble à une grosse punaise de lit. Il se cache le jour dans les fentes et les craquelures des habitations, et émerge le soir pour sucer le sang des dormeurs. Ce faisant, il transmet le parasite responsable de la maladie de Chagas qui réduit à une vie misérable 16 à 18 millions de Sud-américains et en tue plusieurs millions annuellement, souvent du fait de diverses affections chroniques et de maladies cardiaques résultant de l’infection. L’Argentine, le Chili, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie ont décidé d’unir leurs efforts pour répandre des insecticides dans huit millions de foyers pour éradiquer l’insecte. D’après l’OMS, 500 000 personnes contractent la maladie annuellement et plus de la moitié sont des enfants. 10 à 15% des malades meurent au cours de la phase aiguë fiévreuse de la maladie de Chagas. Les malades qui survivent hébergent le trypanosome qui circule dans tous leurs organes et se fixe sélectivement sur le coeur et le système gastro-intestinal. Après quelques années, la mort survient du fait des troubles cardiaques et gastro-intestinaux. Les deux médicaments qui existent à l’heure actuelle doivent être impérativement administrés dans les quelques jours qui suivent l’infection. Malheureusement, les gens ne sont pas avertis de celle-ci du fait que la maladie a une phase silencieuse de plusieurs jours. 90 millions de personnes courent le risque de contracter la maladie de Chagas en Amérique du Sud. Pour le Chili, la maladie de Chagas coûte 36 millions de dollars par an.

Par les insecticides, le Brésil est arrivé à réduire sérieusement l’incidence de la maladie mais la réussite a été de courte durée: l’insecte est venu des zones et des pays non traités. D’où l’action internationale combinée. On utilisera 124 tonnes de pyréthrénoïdes, une famille de composés relativement peu dangereux pour l’environnement et sûre en santé publique. Après une année de traitement, le programme sera évalué et une enquête sera faite auprès de la population. La résistance est peu probable dans l’immédiat, l’insecte ayant une reproduction lente (deux générations par an). Le programme portera sur dix ans et fera réaliser d’énormes bénéfices - en évitant les dépenses de santé et les morts - aux pays engagés dans cette lutte. Ceux-ci espèrent que cette action sera une plate-forme qui servira de modèle à d’autres entreprises futures communes, au service des communautés nationales dans les pays concernés. Autre avantage de ce programme international : en cas de problème politique dans les états signataires, la lutte contre le vecteur de la maladie a de fortes chances de continuer.

Mots-clés

politique de santé, parasitose, traitement phytosanitaire


, Brésil, Pérou, Bolivie, Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay, Amérique du Sud

Commentaire

Des programmes internationaux de lutte contre le paludisme ont échoué pour des raisons politiques et biologiques (résistance de l’anophèle et du Plasmodium). Mais 11 pays africains sont arrivés à contrôler l’onchocercose (cécité des rivières)transmises par la Simulie grâce à des épandages d’insecticides soigneusement choisis et judicieusement employés, de concert avec d’autres actions concertées. Pour la maladie de Chagas, il y a bien sûr le spectre de la résistance de l’insecte mais, on l’a dit, les autorités concernées sont vigilantes. Il va de soi néanmoins qu’il faut aussi élever le niveau de vie des gens et surtout les loger décemment dans des habitations qui n’hébergent pas l’insecte donc sans fentes et donc construites en dur et entretenues. "Libération" en date du 10 Février 1993 insiste, à tort, à notre humble avis, sur le facteur génétique dans le cas du paludisme au Cameroun. Au début du siècle, cette maladie prévalait en Corse et dans la banlieue romaine. Les parasitoses relèvent aussi d’un traitement social.

Source

Articles et dossiers

KINGMAN, Sharon in. THE NEW SCIENTIST, 1991/10/19 (Royaume Uni), 1791

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