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Niger: l’aide internationale irrigue le cannabis

Irène BENANI HAURI

01 / 1994

Dans les années 80, l’essentiel du cannabis vendu au Niger venait du Nigeria ainsi que du Tchad, où la production et la commercialisation du cannabis permettait d’alimenter les caisses des différentes factions rivales pour l’achat d’armes légères. Ce trafic illicite se faisait sous l’oeil bienveillant des autorités militaires nigériennes, qui rackettaient les commerçants. Le climat aride du Niger aurait pu mettre le Niger à l’abri des producteurs de cannabis à grande échelle. Mais justement, à cause de ses conditions climatiques défavorisées, le Niger a été le bénéficiaire de nombreux programmes d’aide, tant de la part des ONG occidentales et des collectivités françaises que des institutions internationales: aménagement de périmètres irrigués, mise en place de jardins maraîchers de contre-saison, etc. Peu à peu le cannabis a envahi ces espaces agricoles irrigués.

La culture du cannabis est facile et de bon rapport.Sur les marchés hebdomadaires, on peut acheter tout le cannabis que l’on veut à 15.000 F CFA le kilo. Selon certaines sources, la production s’est d’abord développée à Bosso, à la frontière du lac Tchad, pour s’étendre progressivement le long des berges du fleuve ; puis elle a touché les petits périmètres de cultures maraîchères de l’intérieur des terres. On estime à environ 480 hectares, la surface occupée par le cannabis dans les périmètres aménagés. Ces 480 hectares ont nécessité environ 300 millions de FCFA d’investissement.

Les militaires n’ignorent rien d’un tel trafic et une large partie d’entre eux bénéficient de ce trafic depuis dix ans. Il n’a été procédé à aucune saisie, ni arrestation, hormis celle de deux Libanais accusés d’avoir passer de l’héroïne; mais, leurs ennuis viennent vraisemblablement de ce qu’ils ne se sont pas montrés assez "généreux" avec les douaniers de l’aéroport qui, eux aussi, ont l’habitude de prélever leur dime au passage.

Ce commerce a des retombées financières locales importantes. La consommation de cannabis se banalise dans les villes du Niger. La dose y est à peine plus chère que la bière locale.

Mots-clés

agriculture, irrigation, cannabis


, Niger

Commentaire

Et dire que certains jugent les paysans africains rétrogrades, passifs et incapables de s’adapter aux nouvelles situations économiques!

Source

Articles et dossiers

SYFIA; OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES, SYFIA in. BULLETIN DE PRESSE DU SYFIA, 1993/10 (France), 57

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