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La Déclaration de Caracas

Mettre en place des moyens institutionnels adaptés aux objectifs poursuivis

Lydia NICOLLET

07 / 1994

La rencontre de Caracas (25-29 novembre 1991), dont l’idée est née au Venezuela, dans le contexte d’un pays confronté à une grave crise de logements urbains, a réuni de nombreux chercheurs, universitaires, fonctionnaires et militants de divers pays. Un séminaire restreint de responsables administratifs et politiques, réunissant 15 Vénézuéliens et 15 personnes venant d’autres pays et continents s’y est également tenu. L’un des points forts de cette rencontre concerne la mise en place de moyens institutionnels adaptés

* Le fonctionnement de la démocratie ne suffit pas, à l’expérience, à garantir la prise en compte et le traitement des problèmes de la précarité urbaine, ni au niveau national, ni au niveau local.

Il faut donc inventer à trois niveaux - national, local et micro-local- des modes de représentation des intérêts des classes urbaines précarisées. La présence physique de tels représentants et celle d’organisations non gouvernementales, dans les lieux où se définit la politique, contribue à un changement de discours des autorités et à une approche plus pragmatique des problèmes.

* L’amélioration des quartiers d’habitat précaire mobilise à la fois la nation et les collectivités locales. Des formules de contrats entre l’Etat, les collectivités locales et les organisations des quartiers sont expérimentés avec succès dans divers pays.

* Au plan national, les politiques doivent être :

  • complètes, c’est-à-dire reliées à une politique d’immigration, à une politique d’aménagement du territoire et à une politique d’accueil des nouvelles populations;

  • elles doivent être dotées de continuité, car leur réussite nécessite de la durée. Certains ont parlé de charte gouvernementale définissant clairement les objectifs, et de programme national doté de ressources spécifiques et durables;

  • elles nécessitent une forte capacité de coordination interministérielle, assurée par un ministre ayant du poids politique, car l’action à mener concerne un grand nombre de départements.

* L’action se situe dans un double contexte : privatisation et décentralisation. Or le libre jeu du marché ne permet jamais de résoudre le problème de la pauvreté urbaine. Par contre il est souhaitable d’inventer des modes d’action où l’autorité publique garde des fonctions d’orientation, de contrôle et de financement, et délègue la mise en oeuvre des politiques à des structures plus légères, non gouvernementales et plus proches des habitants. De plus, la réussite passe par une décentralisation radicale des initiatives et des décisions : décentralisation politique, mais aussi « territoriale de l’Etat », en privilégiant des agences locales multi-sectorielle, disposant d’une autonomie de gestion dans le cadre de missions clairement définies.

* Ces politiques exigent une véritable compétence dans le traitement des problèmes, et il faut prendre des mesures pour la développer :

  • « apprendre en faisant », se jeter à l’eau, mais en se dotant de moyens précis de mémoire, de capitalisation et d’échange d’expériences;

  • garantir aux personnes chargées de mettre en oeuvre cette politique, un statut assurant une continuité de l’action, dans le cadre d’une charte définissant les objectifs poursuivis et les obligations à respecter.

* Une évolution importante des mentalités est indispensable pour passer d’une conception hiérarchique, autoritaire et sectorielle, à une conception décentralisée privilégiant l’écoute mutuelle. Cette évolution demande elle-même continuité et opiniâtreté. Les formations à mettre en place pour les professionnels doivent se faire en étroite liaison avec les organisations des habitants; elles portent notamment sur la compréhension des dynamiques, l’écoute de l’autre, la gestion de la complexité et celle des conflits.

* Les habitants sont in fine les meilleurs coordinateurs d’une action nécessairement multi-sectorielle et les meilleurs arbitres entre les différentes priorités. Mais il faut les aider à s’en donner les moyens et éviter que ne se forme à cette occasion une classe d’intermédiaires s’appropriant le monopole d’appropriation de la communauté, et devenant les cibles de choix de la manipulation politique.

D’où l’importance de concevoir des processus de formation collective et d’apprentissage collectif, par l’action. Des moyens spécifiques doivent y être alloués, permettant ainsi aux habitants de mobiliser les moyens d’appui dont ils ont besoin. Y contribueront l’appui à une coordination des associations de quartiers et le développement de l’échange d’expériences entre les quartiers.

Mots-clés

habitat, réhabilitation de l’habitat, Etat et société civile, politique de l’habitat, urbanisme, lutte contre la pauvreté, décentralisation, aménagement du territoire, participation des habitants


, Venezuela,

dossier

Citoyenneté urbaine

Notes

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