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L’appui aux innovations rurales

Réfléchir à plusieurs

Pierre Yves GUIHENEUF

03 / 1994

Geyser réunit une équipe d’agronomes engagés dans des actions de développement agricole et rural, en France et dans des pays du Sud. Depuis son origine, l’association a choisi de s’intéresser aux processus de changement menés à l’initiative des acteurs de terrain.

En France, Geyser a participé aux côtés du GRET à des repérages et analyses d’innovation dans le cadre du programme "observatoire de l’innovation en milieu rural". Ce travail a été l’occasion de nombreux questionnements.

Il est évident que les innovations ne nous intéressent pas pour elles-mêmes, mais parce qu’elle porte en germe certains changements pour l’agriculture et le monde rural. Pourtant, il s’agit à chaque fois d’expériences très circonscrites dans l’espace, impliquant souvent peu de gens. A quelles conditions des actions limitées sont-elles porteuses de changements plus globaux ? Ces questions renvoient à l’articulation du "micro" au "macro".

QUELS ROLES POUR LES MEDIATEURS

En France de nombreuses personnes ou groupes réflechissent au sens de l’innovation en milieu rural et surtout aux rôles d’appui à ces innovations de la part des organismes d’encadrement : les CIVAM, bien sûr, mais aussi l’AFIP, le GERDAL, le GRET, ... Nous avons donc préparé et proposé pour janvier 1994 une journée d’échanges sur la question.

Lors de cette rencontre, il nous intéressait surtout de réfléchir sur nos rôles respectifs en tant que médiateurs. Doit-on, comme le font certains, favoriser un foisonnement d’initiatives tous azimuts, en pensant que certaines s’imposeront et que des tendances se créeront peu à peu ? Doit-on tenter d’organiser une cohérence territoriale, en définissant des priorités et en favorisant les innovations qui s’y inscrivent ? Peut-on soutenir les projets des acteurs locaux et militer en même temps en faveur de telle orientation ou tel principe ?

Une autre question est celle de l’élitisme. Certes, les innovateurs vivent parfois de véritables "parcours du combattant", mais si l’avenir leur donne raison, ne constitueront-ils pas l’élite de demain ? En les aidant aujourd’hui, ne procède-t-on pas à une sorte de sélection basée sur des critères de dynamisme, de flexibilité, de capacité à formuler des projets ? Toutes les exploitations agricoles n’ont pas la capacité de procéder à des changements de cap, il y a des rigidités économiques ou sociales. Mais ne conviendrait-il pas alors de contribuer à identifier et lever ces blocages, plutôt qu’à aider ceux qui sont déjà en passe de les franchir ?

Certes, on peut miser sur des "effets d’entrainement", mais ceux-ci sont-ils réels et que peut-on réellement en attendre ? Bien sûr, on peut également faire le choix de favoriser des projets collectifs plutôt qu’individuels, mais fait-on alors autre chose que d’aider des groupes de favorisés ?

La question des projets collectifs et/ou individuels introduit d’ailleurs un autre type de préoccupations, qui surgit après ces remarques sur le rôle des innovations dans les processus de changement. C’est celle du "comment faire pour ?".

Au centre de cette préoccupation : la question du choix des démarches collectives ou individuelles. Quels sont les enjeux et les conceptions qui se manifestent derrière nos prises de position à ce sujet ? Existe-t-il des formes intermédiaires d’action entre ces deux niveaux (harmonisation de projets individuels, mise en réseaux, réflexion collective préalable à des actions individuelles, etc...)?

Autres questions méthodologiques : quelle place les techniciens doivent-ils occuper dans un processus d’émergence d’initiatives ? Comment un débat sur la redéfinition de leur rôle peut-il s’engager avec eux ? De quels outils auraient-ils besoin ?

Les médiateurs sont souvent en mesure de fournir, par le biais de la formation ou d’échanges directs, des données diverses aux acteurs de terrain. A quel moment intervient le besoin d’information extérieure dans un processus d’emergence d’innovation ? De quel type d’information a-t-on besoin et comment y accède-t-on ? Les actions de formation, d’information et d’accompagnement de projets sont-elles complémentaires ?

Nous nous sommes rendus compte que la plupart de ces points interrogeaient plusieurs autres organismes. Voilà pourquoi cette rencontre, où une réflexion sur ces questions a pu être alimentée par des expériences concrètes. L’observatoire de l’innovation, le GERDAL, les CIVAM, le réseau RELIER, l’AFIP ET l’INTER-AFOCG ont été invités à partager leurs pratiques, ainsi que trois agriculteurs innovateurs.

La rencontre du 12 janvier 1994 n’a pas apporté de réponses à ces questions. Mais elle a permis d’engager un débat sur de nombreux points, à partir de nos pratiques respectives. En espérant engager ensemble des expériences concrètes...

Mots-clés

innovation technique, diffusion de l’innovation, relations micro macro, processus d’adaptation, technicien et paysan, diffusion de l’information


, France

Notes

GEYSER est un groupe de travail à l’interface des questions d’agriculture, d’environnement et de développement. GEYSER anime des réseaux, systématise et diffuse des informations utiles pour l’action, fournit des appuis techniques ou méthodologiques. Pour plus d’information, voir fiche 21

Source

Récit d’expérience

GUIHENEUF, Pierre Yves

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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