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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Agricultures durables et sécurités alimentaires

Le jeu des 7 familles

Christophe BEAU

11 / 1993

« Peut-on inventer une agriculture durable qui garantisse à la fois les équilibres sociaux, écologiques et économiques et qui puisse nourrir le Monde ? » Il y a bien sûr des politiques agricoles dans ce sens mais ce sont avant tout des agriculteurs, groupes d’agriculteurs, associations de consommateurs, entités économiques,… qui de notre point de vue semblent porteurs pour l’avenir d’innovations tant productives que socio-économiques.

En effet, comment croire après 30 ou 40 années de « développement », que nourrir la planète relèverait globalement de simples solutions technologiques : augmenter les surfaces mises en cultures ou irriguées, développer les aliments d’origine non agricole, augmenter les productivités, etc… ?

Et comment croire enfin que nourrir la planète relèverait uniquement de politiques agricoles sectorielles souvent manipulées par des contextes macro-économiques étouffants (GATT, Accords d’intégration régionale, ajustements structurels, etc…) ?

De fait les acquis technologiques d’aujourd’hui et des politiques plus rurales qu’agricoles devraient mieux se mettre à l’écoute et au service des « familles » de résistance qui s’organisent à travers le Monde. Pourquoi des « familles » ? Parce que groupes d’agriculteurs urbains ou ruraux, ils sont présents aux 4 coins de la planète ; au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest. Outre cette constance, ces familles n’offrent pas que des réponses techniques permettant la mise en place de systèmes productifs durables. En effet il y a toujours chez eux une mobilisation essentielle pour la constitution de filières économiques pérennes et solidaires, qu’elles soient locales ou interrégionales. Quelles sont ces « familles » ?

  • Les alliances paysans-consommateurs où de nombreuses formes de contractualisation (cahier des charges) existent et s’inventent de par le Monde, jusqu’à atteindre des impacts macroéconomiques non négligeables.

  • Le renouveau des jardins familiaux urbains ou ruraux qui ouvrent à de nouvelles solidarités alimentaires.

+ la persistance, et la réémergence souvent, des pluriactivités rurales au profit de l’entretien des terroirs et des solidarités sociales.

  • La constance dans l’effort (aujourd’hui modernisé) de mise en place de systèmes intégrés d’autonomie paysanne.

  • Les agricultures biologiques qui doivent leur reconnaissance au Nord à une clarté reconnue des normes productives (cahier des charges) vis à vis d’une demande de produits de qualité. Les efforts d’équivalences techniques et de concurrences solidaires avec les pays du Sud ou de l’Est donnent une portée majeure à ces agricultures.

  • L’instrumentation récente de filières Sud-Nord plus équitables de produits tropicaux (café, coton, bois,…) montre la possibilité d’alternatives aux mécanismes actuels d’élaboration des prix mondiaux des matières premières.

  • Produire de manière plus économe et/ou autonome est une tendance nettement confirmée au Nord mais aussi au Sud. Cela vient de groupes d’agriculteurs pour faire face plus raisonnablement aux politiques de prix et de marchés agricoles.

Ces « familles » d’expériences, qui se recoupent l’une l’autre, suggèrent par leur diversité, une richesse d’alternatives potentielles. Elles ne sont pas que solutions de repli individuel ou formes d’exclusion : elles offrent souvent pour les productions vivrières ou les productions d’exportation (sous label) des alternatives compétitives et durables dans l’environnement macro-économique actuel (corriger à la base les protectionnismes). Par ailleurs, elles tendent manifestement toutes vers des options sociales et politiques plus justes et solidaires. Enfin, elles ne nient aucunement le fait accompli de la mondialisation des échanges.

Ces « familles » d’expériences permettent de décrire des « tendances lourdes » de l’alternative sur le terrain, qui se fraye un chemin avec plus ou moins de succès dans le courant dominant. Toutes revendiquent la levée de divers obstacles : non-accès au crédit inadaptation des droits fonciers ou forestiers, des statuts du travail, manque d’appui technique adapté, etc.

Exprimées ou pas, ces revendications sont autant de suggestions pour les décideurs politiques et/ou économiques…

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