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La pluriactivité en France

La notion d’exploitant rural

Christophe BEAU

05 / 1993

"Le savoir-faire de l’exploitant rural, par rapport à l’agriculteur spécialisé, c’est sa capacité à articuler un produit ou un service fermier à un marché".Reconnaître ceci, c’est rendre possible l’émergence du statut et du métier d’exploitant rural. Mais un service fermier c’est quoi ? l’agrotourisme, la maîtrise de la filière de production, les services aux collectivités (déneigement, transports scolaires,...), les expertises diverses etc. Au total, une étude fouillée réalisée pour le compte du Ministère français de l’agriculture, distingue d’abord le pluriactif vrai ayant pas ou peu de cohérence entre ses activités. L’exemple type en France, bien connu en montagne, est celui du guide ou moniteur de ski. Une autre forme de pluriactivité identifiée est celle de l’expert... qui "vend" ses compétences à l’extérieur (expert foncier, journaliste, etc...). Il y a enfin l’entrepreneur rural qui lui a une stratégie intégrée de gamme de produits (agricoles, artisanaux, touristiques)pour un marché plutôt localisé. Cette troisième voie est jugée la plus porteuse d’avenir, la plus reproductible, car résolument tournée vers la maîtrise et la durabilité d’une filière (des "produits", une clientèle).

Le premier cas de figure (pluriactivité vraie)est cependant une possibilité de maintien d’actifs agricoles et d’entretien de terroirs.

Quelques exemples de pluriactivités.

- un maçon reprend la petite ferme familiale savoyarde et équilibre ses 2 activités selon les saisons. L’agriculture paysanne est l’activité qui lui plait le plus mais sa clientèle dans le bâtiment lui procure plus de revenu. Il estime que le statut de pluriactif est pénalisant.

- En Bretagne l’expérience de Patrick est celle d’un producteur de lait, installé depuis 12 ans sur l’exploitation des beaux-parents et qui, après avoir entamé une démarche d’intensification et de mécanisation voit peu à peu ses revenus s’annuler.Il amorce alors une reconversion de son système d’exploitation,de façon plus polyproductive, en agriculture biologique, et centrée sur l’approvisionnement d’une activité de repas à la ferme.

- en garrigues languedocienne, un agronome qui mène une activité d’indépendant (journalisme, études,...)monte peu à peu (sur 10 ans)une petite exploitation viticole en agriculture biologique avec, sous peu, cave de vinification. Il y a là un souci d’insertion locale mais surtout une volonté d’activité agricole autonome et stable par un mécanisme de fidélisation de la clientèle. L’activité extérieure finance, dans un premier temps, l’activité agricole. Arrivé à un point d’équilibre, le problème du statut est jugé très pénalisant.

En effet, dans ce dernier cas comme dans les précédents, le problème des statuts sociaux est un handicap pour les projets de pluriactivité. Souvent obligés à des doubles inscriptions pour l’exercice de leurs métiers, ou pour leur protection sociale, les agriculteurs ressentent les contraintes administratives comme des obstacles souvent insurmontables.

Si l’on veut voir se développer des combinaisons d’activités, offrant des possibilités de création d’emplois en milieu rural, il sera nécessaire de :

- assouplir le statut des pluriactifs, en proposant des adaptations aux règlements ;

- favoriser la participation des collectivités locales à la mise en place des projets. Soit par une aide à l’investissement, soit par la prise en charge d’une partie du coût de fonctionnement.

Mais il y a aussi le problème des références technico-économiques propres à la maîtrise de systèmes pluriactifs. Enfin, il faut également signaler la question de la rigidité (ou de l’absence)de normes par des exploitants qui fonctionnent souvent en transformateurs et vente directe.

Bibliographie

- "Guide de la pluriactivité" DATAR 1989

- "La pluriactivité agricole aujourd’hui , des démarches pour entreprendre" AFIP Bretagne 1988

- "Les services fermiers" Alternatives Paysannes, n°49, 1991

- "Les entrepreneurs ruraux" L’Harmattan, 1989.

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