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MEXIQUE : Les complexes écologiques au village

Christophe BEAU

05 / 1993

C’est en 79 que démarre vraiment la phase d’introduction des systèmes intégrés de production familiale au sein d’un village (Munoztla)de l’état de Tlaxcala. 15 ans après le bilan est plutôt positif et un réseau d’expériences s’est créé à travers le pays.

Le Padre Quiroz, initiateur du projet est jésuite au collège de Puebla. Il a réalisé, avant une longue période de sacerdoce dans la sierra Tarahumara (état de Chihuahua), une thèse d’anthropologie sur le village de San Pedro Munoztla. Il a également passé quelques temps au Canada. De toutes ces années, il a gardé une grande expérience des milieux paysans ainsi qu’une sensibilité écologique.

En dehors d’un objectif général d’auto suffisance communautaire, il s’agit de favoriser :

- la création progressive d’excédents alimentaires à moindre coût

- la limitation des phénomènes migratoires en générant un surplus d’activités et de produits

- le renforcement de la cellule familiale par une meilleure harmonie entre celle-ci et le milieu.

Les objectifs des intéressés eux-mêmes ne sont réellement pris en compte que dans les modalités pratiques d’installation de ces systèmes dits "autosuffisants".

CHOIX TECHNIQUES : Du paquet technologique au "complexe écologique".

Les COEA (complexes écologiques autosuffisants)sont des systèmes intégrés partiellement autosuffisants. L’échelle familiale : circulation des eaux grises et eaux noires au travers de bassins à jacinthe d’eau, filtration souterraine, puis réutilisation au jardin potager intensif. Eventuellement, le système inclut des élevages mixtes (volailles-lapins et/ou porcs-bovins)avec digestion en continu des excréments, fertilisation organique au potager et au champ, et parfois récupération du biogaz. En complément, citerne à eau, chauffe-eau solaire...

Tout ceci est un "paquet technologique" choisi, par rapport aux objectifs du projet, sur la base des expérimentations des frères Arias à Puebla.

En effet, une première expérimentation des différents systèmes a eu lieu auparavant. Il s’agissait de réalisations fonctionnelles en milieu partiellement contrôlé, à savoir chez les inventeurs.

Une seconde phase d’expérimentation démarre alors chez 4 familles de San Pedro Munoztla. Expérimentation participative, dans la mesure où les intéressés eux-mêmes interviennent dans l’adaptation du système et oeuvrent à sa fabrication.

Par la suite, chaque nouvelle installation est l’objet d’un suivi technique.

Globalement, il y donc tranfert d’un paquet technologique, adapté au coup par coup, selon le milieu ou les pratiques traditionneles, et au fur et à mesure des installations nouvelles.

SEULES LA PARTICIPATION ET L’ORGANISATION PAYSANNE...

Au sein de la communauté, c’est la tranche des paysans "intermédiaires" qui est "visée" par le projet. En effet, ces "intermédiaires" seraient les plus à même de s’approprier avec réussite de tels modèles technologiques ; les "riches" étant plutôt dédaigneux (le progrès, c’est le ballon électrique d’eau chaude)et les pauvres trop destructurés (migration forte, habitat et foncier précaires).

Plus que les paysans, c’est la famille paysanne qu’on cherche à impliquer dans le processus de développement. Au-delà du développement économique et social, c’est la restructuration de la cellule familiale qui importe.

La participation est relativement limitée, dans la mesure où le cadre de développement est fixé au départ par les techniciens et initiateurs du projet. Malgré tout, on tend de plus en plus à une action réfléchie des intéressés à travers :

- leur participation à l’adaptation du système à leurs propres exigences

- leur participation à la construction,

- la participation de tous à la gestion matérielle du projet au sein de la société de production rurale : Munoztla Ecologica Autosuficiente ; S de RL".

A ce sujet, on doit noter l’importance du crédit relais (les traites d’un COEA finance le crédit du COEA suivant), crédit géré de façon ouverte, conjointement par la société et l’intéressé.

La société de production rurale, créée en 82, est une organisation coopérativiste, qui devrait prendre peu à peu le relais quant à l’organisation générale du projet et sa diffusion. Pour le moment PROE reste l’intermédiaire privilégié pour les soutiens techniques et financiers.

La société emploie 2 paysans à mi-temps pour gérer les stocks de matériaux et les crédits et pour finir le travail spécialisé pour la construction des nouveaux COEA.

Malgré tout, PROE, et plus particulièrement le padre Quiroz, tiennent un rôle encore considérable dans cet échafaudage institutionnel.

Malgré la volonté de retrait de Quiroz, la dynamique de participation sera-t-elle suffisamment forte pour que le projet se poursuive en dehors de son initiateur ?

DIFFUSION : L’APPARTENANCE A UN RESEAU.

Nombreux sont les représentants d’autres communautés des états de Tlaxcala ou de Puebla qui viennent en visite sur les chantiers de San Pedro Munoztla le dimanche. Ceux-ci sont connus au travers des réseaux propres de Quiroz ou des frères Arias.

Si PROE est le projet le plus avancé, il faut savoir que d’autres initiatives ont démarré ailleurs.

Il s’est constitué un réseau d’éco-communication avec des rencontres mensuelles qui rassemblent jusqu’à 40 groupes du type de PROE.

Le réseau d’échanges est donc déjà amorcé dans la région de Puebla et de Tlaxcala, impulsé en partie, par les visites de groupes paysans à Munoztla et par les cours de formation aux écotechniques, dispensés, en partie, par les membres de PROE (3 fois l’an sur 2 semaines).

Mots-clés

habitat rural, crédit solidaire, réseau d’échange d’expériences, agriculture et élevage, recherche paysanne, recherche participative, agriculture familiale, production, développement durable, agriculture durable, développement autonome, recyclage de l’eau, transfert technologique


, Mexique

Commentaire

D’une initiative "lourde" d’un paquet technologique, on aboutit à une ébauche prometteuse de prise en charge du développement par les intéressés eux-mêmes.

Cependant :

- le projet n’est-il pas trop lié à la personnalité de son initiateur ? Lui-même et les frères Arias le savent, mais le processus de retrait mis en place sera-t-il suffisant ?

- le fait de privilégier, au sein de la communauté, la cellule familial est-il un bon choix ? On parle peu, de fait, de la parcelle agricole dans le projet, et donc de l’aspect très directement productif, qui est peut-être essentiel ?

Source

Récit d’expérience

BEAU, Christophe, GEYSER, 1994

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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