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Menaces sur l’eau douce

Cécile LACHERET

09 / 1995

Depuis huit à neuf mille ans, l’homme s’est bien adapté au cycle de l’eau, perpétuellement redistribuée aux terres et aux océans via l’évaporation et les pluies. L’eau potable, en particulier, a toujours été un facteur déterminant de la viabilité et du succès des civilisations (cf. par exemple, les aqueducs romains ou le gigantesque système de tunnels qui amène l’eau nécessaire à la survie de New-York). L’eau douce ne constitue que 2,5 % du volume total d’eau de la planète et sa majeure partie se trouve dans les glaciers de l’Antarctique et du Groënland. Pour le reste, la majorité se retrouve dans les nappes phréatiques tandis que lacs, étangs et marais ne représentent que 0,01 % des eaux douces non fixées.

Aujourd’hui, diverses menaces pèsent sur cette ressource indispensable à la vie.

1. La démographie, et plus particulièrement celle, galopante, du Tiers Monde, est sans doute la menace la plus immédiate. Dans de nombreuses parties du monde, l’eau douce est pompée dans les nappes aquifères à un rythme tel que le pompage dépasse, parfois de fort loin, les capacités de remplissage. L’eau de ces nappes n’étant pas visible, on n’y songe guère. Il en est ainsi même dans les pays développés. Les Etats-Unis ont de graves problèmes d’eau en Californie et dans l’Iowa (en partie dus aux techniques invraisemblablement gaspilleuses de l’irrigation). A Mexico City, le niveau de la nappe aquifère principale baisse de plus de trois mètres par an depuis trois ou quatre ans, à Pékin de près de un mètre cinquante.

2. Beaucoup de scientifiques estiment que, si l’accroissement de température prévu se produit, les pôles se réchaufferont plus rapidement que les tropiques. Les différences actuelles de température entre pôles et tropiques s’amenuiseront. Dès lors, les grands courants océaniques -dont le moteur est essentiellement constitué par les différences de températures- pourraient se ralentir, s’inverser et chercher de nouveaux équilibres. Le modèle climatique mondial serait totalement modifié : certaines régions seraient plus arrosées qu’actuellement, d’autres le seraient moins, certaines se désertifieraient, etc. Des civilisations mourraient, d’autres, peut-être, émergeraient.

3. Une troisième menace est liée aux problèmes de la déforestation. La quantité d’eau fixée par les forêts du monde -et plus spécialement par les forêts tropicales humides- est très largement supérieure à la quantité d’eau douce libre. Les forêts produisent les nuages à partir de l’évapotranspiration, mais elles attirent également la pluie par la production de terpènes et d’une molécule dite diméthylsulfure autour de laquelle s’agrègent les molécules d’eau pour former une goutte de pluie. La destruction d’une forêt peut donc affecter le système hydrobiologique d’une région, de manière aussi sûre que la disparition d’une mer intérieure. De plus, après un déboisement large et brutal (Amazonie, par exemple), la pluie peut continuer à tomber -avec violence parfois- pendant un certain temps, créant une érosion très forte des terres de surface.

L’Ethiopie, il y a quarante ans, était un pays relativement prospère, à 40 % couvert de forêts. Sa population était probablement d’environ 15 millions d’habitants. Aujourd’hui, l’Ethiopie en compte 54 et les arbres ne couvrent plus que 1 % de sa surface. La sécheresse y est atroce, avec son cortège de famines, massacres, guerres tribales, et presque tout le monde s’accorde à lier ces effets à la déforestation.

4. Produites par la civilisation industrielle, on retrouve un certain nombre de molécules polluantes dans l’ensemble des nappes aquifères, et même jusque dans les océans : ainsi, par exemple, mais en quantités infimes, des particules radioactives provenant des essais atomiques dans l’atmosphère, des pesticides, nitrates et nitrites, résidus de pétrole.

Dans les pays de l’Est, la pollution des eaux est énorme. En Ukraine, en juillet 1989, près du fleuve Noren, un ouvrier de ferme cueillait des champignons. Il jeta sa cigarette dans la rivière, laquelle fit littéralement explosion. L’incendie se poursuivit durant cinq heures. En Pologne, aujourd’hui, la Vistule est tellement polluée par des poisons et des polluants corrosifs que, à Gdansk, l’eau ne peut même pas servir à refroidir les machines industrielles. D’après les Nations Unies, près de deux milliards d’habitants ne disposent pas d’eau potable en suffisance et près de quatre milliards manquent de conditions sanitaires convenables.

Mots-clés

ressources hydriques, changement climatique, pollution de l’eau, déforestation, croissance démographique, épuisement des ressources hydriques, catastrophe écologique, mer


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Commentaire

Ce tableau est sans doute incomplet. Il suffit pourtant à démontrer une situation alarmante, le plus souvent provoquée par l’homme lui-même dont les activités contribuent à détruire une ressource qui lui est pourtant indispensable.

Source

Articles et dossiers

LINTS, Frédéric, L'état de la planète ! Y a t-il des solutions ? in. Echos du Cota, 1994/12/00, N° 65

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