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Un nouvel horizon pour la Baie de Subic

Philippe MAZZONI

06 / 1995

La base navale américaine de la Baie de Subic, aux Philippines, était l’une des plus importantes bases militaires implantées à l’étranger. Sa transformation illustre certains des principaux problèmes posés et quelques unes des possibilités offertes par la reconversion de bases militaires à des fins civiles.

Outre quelque 6 000 militaires américains, la base employait 27 000 Philippins et fournissait du travail à de nombreuses entreprises locales. La petite ville voisine d’Olongapo dépendait fortement de cette base : elle proposait toute une série de services aux marins, dont une dizaine de bars et des milliers de prostituées.

A leur départ, les Etats-Unis estimaient la valeur de la base à 1,4 milliard de dollars. Au port en eau profonde et à l’aéroport s’ajoutaient 1 607 logements, un hôpital de 198 lits, six cinémas et un terrain de golf. Cette base a cependant laissé un héritage bien plus sinistre, la contamination de l’environnement. Les résidus des produits chimiques utilisés pour la lutte anti-incendie étaient directement déversés dans la baie. Les métaux lourds provenant des activités du chantier naval étaient également rejetés dans la baie ou enfouis dans des décharges. Par ailleurs, la centrale électrique rejetait des substances chimiques dans l’atmosphère. L’essence et le pétrole s’échappaient de réservoirs souterrains et s’infiltraient dans le sol.

A la date de fermeture de la base, en 1992, le maire d’Olongapo avait contribué à la création d’une Autorité métropolitaine de la Baie de Subic, qui avait pour mission de transformer l’ancienne base en un « Hong-Kong » des Philippines. A la fin de 1993, l’Autorité avait drainé vers la base 340 millions de dollars et 33 investisseurs, dont une entreprise d’électricité américaine qui exploite désormais la centrale, une compagnie pétrolière américaine qui se sert des réservoirs de carburant pour la distribution, des entreprises philippines de confection et des investisseurs étrangers intéressés par la construction de centres de loisirs.

Cependant, l’incertitude qui pèse sur le degré de contamination de l’environnement est probablement le principal obstacle à de nouveaux progrès. Elle dissuade déjà certains investisseurs internationaux, et pourrait, à l’avenir, engendrer de sérieux problèmes de santé.

Mots-clés

aménagement du territoire, développement régional, désarmement, économie régionale, paix, démilitarisation, pollution de l’eau, pollution chimique


, Philippines, Etats-Unis

dossier

Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie

Commentaire

Les bases militaires américaines à l’étranger, en rapport étroit avec l’aide militaire aux pays en développement, contribuent à militariser ces pays et à entraîner des distorsions dans le développement économique et social de nombreuses villes et régions. Malgré une réduction certaine de cette aide, elle reste encore importante et les deux exemples les plus importants, concernant la fermeture de la base navale de la Baie de Subic et de la base aérienne de Clark aux Philippines ne découlent pas d’une décision délibérée des Etats-Unis. La première a eu lieu en 1992 après le refus du Sénat philippin de renouveler le bail, et la seconde en 1991, à cause de l’éruption du mont Pinatubo tout proche.

Il faut aussi signaler que nombre de fonctions assurées par ces bases ont été redéployées dans la région : sur l’île de Guam, au Japon ou à Singapour, notamment.

Source

Livre

PNUD, Economica in. Rapport mondial sur le développement humain 1994, 1994/05 (France)

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