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La culture et la technologie de la production du fer chez les Africains

Mohamed Larbi BOUGUERRA

04 / 1996

Ce livre rapporte les communications d’anthropologues et de métallurgistes au cours d’une conférence consacrée à la production du fer en Afrique. Les militaires, les missionnaires et les administrateurs coloniaux européens des XVIII et XIXème siècles ont été très étonnés à la découverte des dimensions fort importantes que revêtait la métallurgie en Afrique. Dans certains cas, des communautés entières opéraient des fourneaux produisant des tonnes de fer et d’acier, et, de ce fait, l’Afrique était autosuffisante en houes et en haches pour les besoins de son agriculture. En réalité, bien avant l’arrivée des colons blancs d’Europe, et depuis deux mille ans, les Africains produisaient du fer en quantité et malgré la colonisation, ils continuèrent à fondre le métal dans des fours en argile et à forger divers instruments aratoires demandés par les paysans. Ce livre montre que ces pratiques persistèrent jusqu’aux années 1950 en diverses régions du continent noir. Du reste, certains chercheurs ont pu interwiever à loisir de vieux métallurgistes sur la pratique de leur art, exclusivement réservé aux mâles.Ils construisaient des fours en argile, les remplissaient de minerais et de charbon puis mettaient le feu en observant divers rituels et tabous qu’on leur avait enseignés lors de leur apprentissage. Certains de ces tabous impliquaient les relations sexuelles et la procréation. La Révolution Industrielle en Occident transforma cet art en industrie métallurgique et en sidérurgie. Ce qui amena certains observateurs de l’époque victorienne à prétendre que la technologie africaine était inférieure à la leur. En 1828, l’Anglais James Neilson inventa la préchauffe de l’air entrant dans le four, ce qui permit de réaliser des économies appréciables de fuel rendant la métallurgie du fer plus aisée et bien plus efficiente. Peter Schmidt, l’éditeur de ce livre présente un long développement prouvant que l’idée de Neilson a des racines africaines.

Mots-clés

science et technologie, savoir traditionnel, colonisation, colonialisme, technique traditionnelle, tradition et modernité


, Afrique

Commentaire

Les colonisateurs ont toujours avancé cette idée éculée dans une vaine tentative pour justifier leurs méfaits: les peuples soumis par la force des armes- qu’ils soient chinois, arabe ou africain- ont des technologies inférieures à celles de leurs conquérants. Oublieux de l’Histoire et du caractère cyclique de la primauté de la Science chez tel ou tel peuple, ils feignent d’ignorer que la Science, après tout, est une idée neuve en Europe puisqu’elle date de la Renaissance. Néanmoins, ceci ne nous empêche pas de nous demander si le colonialisme n’a pas empêché une Révolution Industrielle à l’Africaine étant donné les avancées dans le domaine de la métallurgie que rapporte ce livre- après bien d’autres; car, sous la férule colonialiste, les Africains n’ont pas eu le loisir de transformer et de faire évoluer cet art. Rappelons pour mémoire ici l’extraordinaire métallurgie de l’or que l’empire du Bénin, entre autres en Afrique, a porté à des sommets.

Notes

Peter R. SCHMIDT, éditeur (au sens américain du terme).

Source

Livre

BEARD, Jonathan, The culture and technology of African Iron Production, University Press of Florida, 1996 (ETATS UNIS)

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