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Jimmy Carter milite pour la paix

04 / 1996

L’ancien président des Etats-Unis Jimmy Carter a créé le "Centre de recherche sur la paix et les conflits" spécialisé dans la médiation et la résolution non-violente des conflits. Il a publié l’an dernier un livre intitulé "Parlons de paix".

Président des Etats-Unis entre 1977 et 1981, Jimmy Carter a marqué son passage à la Maison Blanche par une attention toute particulière aux questions de paix et de droits de l’Homme. Son nom reste attaché aux Accords de Camp David et à la rencontre Sadate-Begin. Le mode de négociation développé à cette occasion a servi de modèle à une approche coopérative de résolution de conflits.

Après la guerre des Six Jours, en juin 1967, Israël occupe le Golan (syrien), la Cisjordanie et Gaza (territoires palestiniens)et la péninsule égyptienne du Sinaï. Suite à cela, Egyptiens et Israéliens vont se mener une guerre de tous les instants alternant attaques et représailles, sans que la moindre solution au conflit ne se profile. Il faut attendre la guerre du Kippour (1973)pour que la modification du rapport de force relance l’idée d’un partage de la région entre belligérants. Tous les plans échouent cependant. En arrivant à la Maison Blanche, Jimmy Carter a une obsession : faire avancer la paix au Moyen-Orient. En septembre 1978, il invite le premier ministre israélien Begin et le président égyptien Sadate dans sa demeure présidentielle de Camp David. Il jouera les médiateurs entre les deux protagonistes, développant avec ses conseillers un processus de négociation sans perdant. Plutôt que de s’en tenir aux positions intransigeantes de l’un et de l’autre à propos du Sinaï, Carter propose à chacun d’expliciter ses véritables besoins : besoin de souveraineté nationale pour l’Egypte, besoin de sécurité pour Israël.

Dès lors, il ne s’agit plus de déterminer qui va gagner ou perdre le Sinaï comme dans une approche classique (modèle gagnant/perdant), mais de répondre aux besoins légitimes des deux interlocuteurs. D’une attitude compétitive entre positions "antagonistes", on passe à une recherche coopérative en vue de satisfaire des besoins "différents". Et la solution a pu être trouvée. Le Sinaï a été rendu à l’Egypte et une zone démilitarisée sous contrôle américain a été mise en place pour garantir la sécurité d’Israël. Jimmy Carter s’engagea intensément dans cette aventure, ainsi qu’il le décrit dans le premier chapitre de son livre :"Tous les jours, note-t-il, je rédigeais une liste des points sur lesquels nous avions obtenu un accord, puis une autre des différends encore en suspens. Lentement mais sûrement, la seconde rapetissait".

Quinze années plus tard, Jimmy Carter n’est plus en charge des affaires de son pays mais il continue de travailler aux relations internationales dans le "Centre de recherche sur la paix et les conflits" qu’il a créé. Il est persuadé que la seule garantie de survie de notre planète réside dans l’urgence de trouver des solutions non-violentes aux conflits qui déchirent le monde. L’auteur-observateur revient sur la guerre du Golfe : "Cette guerre du Golfe était-elle nécessaire ? Tâchons d’imaginer ce qui aurait pu se produire si un effort sincère avait été entrepris pour en résoudre les principales causes par la négociation. Peut-on seulement la considérer comme une victoire ?. Lorsque l’on songe au processus de Camp David, il est facile de comprendre en quoi consiste la résolution d’un conflit difficilement négociée. Les dirigeants militaires et politiques sont toujours convaincus de ce que leur guerre est justifiée. La religion, l’avidité, la soif de pouvoir, l’ambition d’étendre son territoire, la loyauté envers les alliés, le désir d’apaiser les souffrances de son peuple, d’anciens griefs non réglés... n’importe laquelle de ces raisons peut persuader un dirigeant de déclarer une guerre. Pourtant, si l’on pense aux progrès obtenus grâce aux accords de Camp David, ce traité de paix israélo-égyptien, et le retrait complet des Israéliens du Sinaï en 1982, il est aussi facile de voir l’avantage que l’on peut tirer du règlement non violent d’un conflit".

Jimmy Carter ne se contente pas d’une philosophie pacifiste, il montre en quoi la guerre peut être évitée : répartition équitable de la nourriture à travers les continents, politique internationale de santé pour les populations, protection de l’environnement, défense des droits de l’Homme, etc., sont autant de programmes développés par le Centre Carter d’Atlanta. C’est également dans ce cadre que l’ancien Président des Etats-Unis, fort de ses expériences personnelles, a participé à la mise en place du Réseau des négociations internationales (RIN), chargé d’étudier les moyens de résoudre pacifiquement les conflits civils et d’empêcher que les désaccords mineurs ne se transforment en guerres. Ce Centre développe notamment un programme sur les médiations internationales. C’est lui qui dirigea, en 1988, une médiation entre l’Ethiopie et l’Erythrée. "Douze jours durant, les parties se retrouvèrent avec nous au cours de réunions plénières ou par plus petits groupes, pour débattre de ces questions. Même si les pourparlers n’aboutirent pas immédiatement à la paix, il y eut un cessez-le-feu de plus d’un an. Et le 24 avril 1993, par un référendum sous contrôle de l’ONU, l’Erythrée devenait un Etat indépendant.

Le Centre Carter multiplie ce genre d’initiatives pour la paix et la démocratie. Il a mené de nombreuses missions d’observation d’élections, que ce soit à Panama, au Nicaragua, en Zambie, au Guyana, etc. Jimmy Carter était lui-même en Haïti lors de l’élection de Jean-Bertrand Aristide : "Le jour de son investiture, le 7 février 1991 (...)des centaines de milliers de gens s’étaient rassemblés dans les rues, beaucoup portaient des coqs, le symbole de la campagne d’Aristide, ou imitaient leurs cocoricos. Ce fut la plus impressionnante démonstration de joie démocratique à laquelle il m’ait été donné d’assister". Depuis le renversement d’Aristide par les militaires, le Centre Carter travaille à chercher une solution au problème haïtien.

Mots-clés

diplomatie, médiation, conflit, relations internationales, négociation internationale


, Etats-Unis, Israël, Palestine

Notes

Fiche modifiée. (1)Ed. Michel Lafon, 1993

(2)Pour plus d’informations, on peut lire : "La Médiation", dossier de Non-Violence Actualité, 1993 et sur la négociation avec gains mutuels : "Comment réussir une négociation" de Fisher et Ury, Ed. du Seuil, 1982. "Comment négocier avec les gens difficiles", W. Ury, Ed. du Seuil, 1993. Sur la notion de compromis, on peut lire "Alternatives non-violentes" n°80, octobre 1991 (ANV, 16 rue Paul-Appell, 42000 Saint-Etienne).

Source

Articles et dossiers

BOUBAULT, Guy in. Non violence actualité, 1994/10 (France), 184

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