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L’expression créatrice, une issue à la relégation du fou : de l’hôpital à la ville... (2)

Nathalie BOUDE DUPUIS

08 / 1993

Pour que les patients psychotiques puissent le plus tôt possible s’échapper de la lourde machine asilaire tout en poursuivant leur thérapie, Jean BROUSTRA et son équipe d’animateurs-thérapeutes ont créé plusieurs structures.

Il y a d’abord la "Villa Fernand", une maison en ville, anonyme, sorte d’annexe secrète des ateliers de l’hôpital Garderose où ceux qui ont repris une vie sociale peuvent se rendre incognito. Puis l’hôpital de jour surnommé "la Clé des Champs" en hommage à André Breton, où sont accompagnées les personnes qui émergent d’une longue période d’internement - jusqu’à 15 ans, pour certains -. Là aussi, l’expression reste la référence mais son orientation est axée vers l’ouverture au lien socio-culturel. Les ateliers de la "Clé des Champs" sont conçus plutôt comme des outils de développement personnel ou socio-professionnel. Et surtout, pour que le relais se fasse entre l’hôpital et la vie sociale, deux après-midi par semaine passés à l’extérieur sont consacrés à ce que Jean BROUSTRA appelle "la création des patients psychiatriques au service de la cité". Une animatrice-thérapeute a ainsi investi, avec un groupe de l’hôpital de jour, la médiathèque de Libourne. Ensemble, ils enseignent au public l’art du collage. Dans ce lieu où les gens prennent le temps de s’arrêter, un lien peut se nouer. Des lycéens ont rejoint les patients, une vieille femme travaille avec eux depuis un an.

Dernier palier dans la "réinsertion" des psychotiques : l’association "Passages". Cette structure où se retrouvent pour un tiers des anciens patients, pour un tiers des soignants qui dans ce cadre se doivent d’oublier leur statut, et pour un tiers des habitants de tous milieux - Jean BROUSTRA tient à conserver cet équilibre pour éviter le ghetto que constitue à ses yeux les "troupes de fous", ou les "troupes de chômeurs",fermées et etiquettées - , produit des pièces de théâtre et des expositions de peinture. "Passages" est une réponse au vide qui attend la plupart des anciens internés. Face à la difficulté de trouver un emploi et à la dissolution du lien social pour les chômeurs, l’association constitue un réel débouché. Elle permet de prolonger le goût de vivre que les patients psychiatriques ont commencé à trouver.

Enfin, elle représente le passage de la thérapie à l’art, deux démarches que les thérapeutes de Libourne tiennent à séparer. Les oeuvres réalisées à Garderose sont étonnantes et pour certaines le signe de talents dignes des plus grands artistes. Mais elles ne sortiront jamais des ateliers. Par contre, une fois la thérapie achevée, libre aux artistes de faire fleurir leur talent et de le dévoiler au public. L’association est là, entre autres, pour les faire connaitre.

Mots-clés

psychothérapie, insertion sociale


, France, Libourne, Gironde, Aquitaine

Notes

Article à paraître dans la revue de Handicap International :"Etre, handicap information"

Source

Autre

BOUDE-DUPUIS, Nathalie, INITIATIVES INFO, 1993/09/00 (France)

Initiatives Info - Château Barthez. Maison 1. Cour A. 20 boulevard Malartia, 33170 GRADIGNAN. FRANCE. Tel (16)56 89 68 22 - France

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