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Une évaluation des résultats du projet Dungannon aux Philippines

Ramani JAYASUNDERE

03 / 1995

Le projet Dungannon a été mis en place dans la partie occidentale de l’île de Negros, aux Philippines, par la Fondation des Femmes de Negros pour l’avenir (Negros Women for Tomorrow Foundation Inc., NWTFI).

Son objectif principal est d’aider les femmes à atteindre l’autosuffisance et à être indépendantes. Ce mouvement est très actif dans toutes les activités touchant les femmes et leurs préoccupations et, en particulier dans la constitution de coopératives de crédit.

Le projet Dungannon (PD) a débuté en 1989 dans quatre villes de la région concernée. Son but était de créer une banque pour les femmes. Le projet fut élargi par la suite et dès janvier 1991, il regroupait 2 026 femmes et avait attribué des prêts pour un montant total de 2 071 450 pesos (soit environ 435 000 FF de 1993) à 1 758 bénéficiaires. En septembre 1991, il était passé à 4 482 membres et avait distribué 5 045 600 pesos (environ 1,5 millions de FF) attribués à 3 924 emprunteurs.

Le PD a organisé son programme d’épargne et de crédit sur le modèle de la Grameen Bank, c’est-à-dire sur la base de petits groupes de travail organisant des activités génératrices de revenus. Il applique aussi une méthode d’attribution de prêts échelonnés (un premier prêt modeste, un second plus important, etc.) ainsi que des échéances de remboursement identiques au système de la Grameen Bank. Le PD s’inspire aussi du Projet Ikhtiar (PI)-lui-même inspiré de la Grameen Bank- en ce qui concerne la sélection des bénéficiaires. Il utilise un test (le « Means Test »), qui permet de sélectionner efficacement les plus pauvres au sein d’une population hétérogène.

Après une année de fonctionnement, une étude indépendante a été effectuée sur le PD par le Conseil pour la politique agricole et le crédit à l’agriculture (Agricultural Credit and Policy Council, ACPC) du gouvernement philippin. Cette étude, menée auprès d’un tiers des participants, devait évaluer l’efficacité du programme -en terme de revenus- pour les bénéficiaires de crédits, ainsi que l’efficacité de l’effort d’épargne et des investissements faits par ces ménages pauvres. L’évaluation concernait donc seulement une partie des multiples aspects qu’il aurait fallu évaluer. Les résultats ont été utilisés pour guider les développements du projet.

L’évaluation a mis en lumière plusieurs des éléments qu’il faut étudier si l’on veut déterminer l’efficacité du programme par rapport à ses objectifs :

  • Les bénéficiaires font effectivement partie de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Ils appartiennent aux 30 % de la population dont les revenus sont en-dessous du niveau de pauvreté de 7 363 pesos par an (soit environ 1 500 FF par an). C’est bien cette population qui, au départ, devait bénéficier du projet.

  • Les régions concernées par le projet et le nombre de participants ont progressé pendant l’année.

  • Le volume des prêts accordés est passé à 1 million de pesos, avec un taux de remboursement moyen de 98 %.

  • Les revenus des bénéficiaires ont connu une augmentation de 400 % et seulement six bénéficiaires sur les vingt-neuf de la zone étudiée sont restés en-dessous du seuil de pauvreté.

  • Les bénéficiaires sont engagés dans des projets générateurs de revenus. Ceux qui avaient déjà une telle activité l’ont améliorée ou ont évolué vers de nouveaux projets plus profitables, comme passer de la vente de poissons ou de légumes à l’engraissement de porcs ou à la fabrication de paniers.

  • L’épargne forcée en argent a souvent permis aux bénéficiaires de se constituer une forme d’épargne non monétaire substantielle.

L’étude a donc montré que le PD touche effectivement les plus pauvres d’entre les pauvres, non seulement en termes de crédit mais aussi en terme de formation, d’éducation et de mobilisation de l’épargne.

Sur la base de cette évaluation, le PD a recu des recommandations importantes de la part du gouvernement philippin. Il devrait en particulier :

  • étendre le projet à de nouvelles familles dans le cadre du programme existant,

  • organiser une session de suivi ou de réorientation pour que les bénéficiaires puissent se réapproprier la politique et les procédures du programme ainsi que pour mettre en place de nouvelles et meilleures stratégies génératrices de revenus,

  • encourager les bénéficiaires à améliorer leurs performances en terme de production/revenus et de remboursements, par exemple en créant des récompenses et des prix.

A la suite de cette évaluation, le PD a mis sur pied un plan de trois ans en vue d’étendre le projet dans la région cible et dans les provinces voisines.

Mots-clés

femme, coopérative d’épargne et de crédit, finance solidaire, structure d’appui, méthodologie, évaluation, population défavorisée


, Philippines

dossier

Microfinances pour le développement : diversité et enjeux des crédits alternatifs

Commentaire

L’évaluation est très importante, même si elle ne concerne qu’une partie d’un projet. Ainsi, évaluer l’efficacité d’un projet comme ici à travers la pertinence du groupe cible, l’importance des prêts accordés et leur utilisation est vital pour la pérennité du projet, qu’il soit à petite ou grande échelle.

Notes

Fiche extraite de « Access : Savings Credit 3 : Monitoring and Evaluation », par Ramani Jayasundere, publié par IRED International, Colombo (Sri Lanka), mars 1995, p. 21-22.

Fiche originale en anglais, traduite par Agnès Cunegatti (RITIMO).

Source

Livre

GETUBI, I.P., JOHARI, M. Yaakub, KUGA THAAS, Angela M., Asia Pacific Development Centre, 1993

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