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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Mission possible

Changer la société : quelques défis pour une action collective

Laurent GARDE

11 / 1995

Le projet de l’auteur est de tirer les leçons d’une longue expérience personnelle de praticien du développement : quels sont les blocages et les disfonctionnements de notre société, et quels sont les motifs d’espérer ? Ce livre est construit autour de six thèmes :

- Peut-on penser l’avenir de la planète ? Oui, même si l’ambition est immense. Mais il ne faut pas reculer devant le défi de la complexité. Il faut adopter une approche systémique des ensembles "bio-socio-techniques" et ne pas les réduire à l’une ou l’autre de leurs dimensions. Dans cette optique, le rôle des interrelations entre les éléments du système est déterminant, comme celui des différences de rythmes d’évolution, des flux et des mécanismes de régulation.

- L’Etat est-il capable d’évoluer ? L’action publique institutionnalise ce qu’elle prétend faire disparaître puisque, à travers le maintien de sa clientèle, c’est sa propre survie qui est en jeu. Les procédures désignent - stigmatisent - les personnes qui "bénéficient" de leurs attentions : locataires des HLM, RMistes,... La crise de l’action publique est mondiale. L’action publique doit se moderniser, se mettre en phase avec une société complexe et multiforme, renouveler son éthique. C’est à ce prix que les agents des services publics retrouveront un sens à leur action.

- La science est-elle encore dans le camp de la liberté ? La recherche ne cherche pas à satisfaire les besoins élémentaires de l’homme mais à se reproduire elle-même en tant qu’institution et source de pouvoir. Etroitement spécialisée et soigneusement cloisonnée, elle est inadaptée à l’innovation, qui apparaît le plus souvent à l’interface entre deux disciplines. Les chercheurs doivent retrouver éthique et responsabilité, ils ne peuvent pas se couper des enjeux sociaux. Mais la mobilisation des connaissances suppose aussi d’efficaces processus de médiation.

- Les riches ont-ils encore besoin des pauvres ? La mécanisation est passée par là et cette absence de rôle social pour les plus pauvres est le mécanisme même de l’exclusion, aussi bien dans nos sociétés repues que dans les nations du Sud. Le vandalisme de nos banlieues n’est rien de plus qu’une réponse spontanée au mépris témoigné envers leurs habitants, un mépris illustré par la façon même dont elles ont été bâties.

- Faut-il inventer un art de la paix ? Les peuples qui gagnent la guerre perdent la paix qui suit, et cela pour une raison évidente : la guerre est un projet simple qui mobilise des technologies complexes ; à l’inverse la paix est un projet complexe qui fait appel à des techniques simples. Il est nécessaire de former des artisans de paix. Pourquoi n’investit-on pas dans la paix ces connaissances que l’on investit dans l’art de la guerre ? La paix n’est pas simplement la non-guerre, c’est une construction sociale qui suppose une éducation des personnes, une adéquation des appareils publics, une conversion des économies.

- Peut-on gouverner les machines institutionnelles ? L’institution façonne l’action à son image, elle tend même à modeler l’espace, le temps et la société toute entière à ses exigences. Il faut examiner les logiques institutionnelles, ce sont des rouages essentiels de l’évolution des systèmes sociaux.

Enfin, à l’intention de tous ceux, nombreux, qui travaillent d’arrache-pied sur des projets de développement : le projet est une nécessité pour celui qui le finance, pas pour celui qui le reçoit. Quant au don, il annoblit celui qui donne et abaisse celui qui reçoit, c’est même sa raison d’être...

Mais ne nous décourageons pas, au contraire. En filigrane apparaissent bien des raisons d’espérer, notamment au travers des réflexions suivantes : le rêve est indispensable à l’action collective ; il faut simultanément, penser et agir globalement et localement.

Mots-clés

exclusion sociale, paix, innovation, recherche, valorisation des acquis de la recherche, Etat et société civile, science et société, modernisation de l’Etat, crise de l’Etat, éthique, décloisonnement des disciplines


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Commentaire

Résumer ici toute la richesse de ce livre est assurément une mission... impossible. Tous ceux qui doivent en savoir plus doivent impérativement lire ce livre. Surtout s’ils n’ont pas le temps. D’ailleurs, son auteur lui-même n’avait pas le temps de l’écrire. C’est donc bien à eux qu’il s’adresse...

Source

Livre ; Récit d’expérience

CALAME, Pierre, Mission possible. Penser l'avenir de la planète, Desclée de Brouwer, 1995 (France)

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