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Des paysans qui ont osé

Histoire des modernisations de l’agriculture dans une France en mutation : la révolution silencieuse des années cinquante

Pierre Yves GUIHENEUF

1994

Au sortir de la seconde guerre mondiale, le monde agricole français est déconsidéré par le reste de la société et plongé dans l’immobilisme. Encouragés par quelques prêtres catholiques, des groupes de jeunes paysans s’organisent pour revaloriser leur statut professionnel, moderniser leurs pratiques, secouer leurs organisations corporatives. Enfourchant leurs bicyclettes, ils se rendent mutuellement visite et entament la structuration d’un réseau qui couvrira bientôt la majeure partie du territoire. S’opposant à leurs parents, ils introduisent des innovations techniques et revendiquent l’entrée dans la modernité. Investissant les appareils syndicaux, ils nouent une alliance décisive avec l’Etat et se voient confier la co-gestion de la politique agricole. En quelques années, ils seront les moteurs d’une mutation si considérable qu’on l’appellera plus tard : la révolution silencieuse. Elle fera disparaître (provisoirement ? )le paysan pour faire naître l’agriculteur. Comment ce groupe d’acteurs est-il parvenu à jouer un rôle protagonique d’une telle envergure à ce moment précis de l’histoire ? Que nous apprend la mutation agricole des années cinquante sur les mécanismes de changement de la société ?

L’émergence de cette force transformatrice ne peut être comprise qu’au travers du système de valeurs dont elle est porteuse. Celui-ci donne sens et cohérence au projet. Il naît de la rencontre d’un esprit missionnaire revisité, porté par les prêtres, d’une contestation des jeunes envers l’ordre (supposé immuable)de la tradition de leurs pères, d’un attrait de la modernité,... Trois valeurs fortes garantissaient la solidarité du mouvement : la fierté d’être agriculteur, le sentiment d’avoir, en tant que chrétiens, un rôle à jouer dans la transformation de la société, la complicité des jeunes générations.Le succès du mouvement tient aussi à quelques principes pédagogiques (l’apprentissage de l’autonomie : "Voir, juger, agir" recommandaient les prêtres)et à la solidité d’un réseau ecclésiastique qui a multiplié les contacts des paysans entre eux, tout en rendant le monde agricole perméable aux idéaux humanistes de l’époque.C’est aussi le vide politique créé par le discrédit des syndicats agricoles, compromis sous l’occupation, et le désir du gouvernement de De Gaulle de s’appuyer sur une nouvelle force sociale pour gagner l’autonomie alimentaire nationale.Comment l’alliance entre ces jeunes agriculteurs et l’Etat a-t-elle pu se nouer concrètement ? Quels rôles ont joué les autres forces sociales ? Dans quels engrenages les innovations techniques ont-elles entraîné les paysans modernistes ? Le débat n’est pas épuisé : il ouvre cependant des pistes pour une meilleure compréhension des mutations sociales.

Mots-clés

agriculture, organisation paysanne, changement social, relations micro macro, politique agricole, Etat et société civile


, France

Commentaire

Ce compte-rendu d’une rencontre provoquée par la FPH dans le cadre des Séminaires de Saint Sabin est le premier de la série "Comment la société change". L’exposé présenté par Bertrand Hervieu, est suivi d’une discussion.

Source

Livre

FPH=Fondation Charles Leopold Mayer pour le progrès de l'homme, FPH in. Dossier pour un Débat, 1993/10 (France), N° 25

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