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Comment retrouver le plaisir d’écrire

Mon premier atelier d’écriture dans les réseaux d’échanges réciproques de savoirs

Marie France LOUPIAS

02 / 1996

En septembre 1994, je rencontre Michèle qui fait partie de l’équipe d’animation des Réseaux d’Echanges de Savoirs et de Création Collective (c’est un lieu de rencontres ouvert à tous ceux qui souhaitent échanger gratuitement leurs connaissances et savoir-faire dans tous les domaines, et qui réalisent ensemble des créations collectives). Michèle sait que j’aime lire et écrire, elle me propose de participer au premier atelier d’écriture que Claire, l’animatrice, met en place.

Ce samedi-là de septembre, j’arrive à 9 heures dans le local des Réseaux d’Echanges de Savoirs. C’est une salle bien éclairée, les murs sont attrayants car recouverts de petits tableaux, décorations et poèmes, réalisés au cours d’échanges de savoirs. Nous nous retrouvons à huit personnes, dont Michèle, plus Claire l’animatrice, autour d’une table. Chaque participant a apporté du papier et de quoi écrire. Dans un angle de la pièce, de façon à ce que cela soit visible par tous, de grandes feuilles de papier sont fixées sur un support, avec quelques feutres, il servira pour un travail plus collectif. Claire, l’animatrice, se présente et nous met tout de suite à l’aise. " Je ne suis pas venue faire une leçon de grammaire ni un cours d’orthographe, je ne connais pas tous les mots et il m’arrive de faire des fautes. Je souhaite que dans ce lieu, chacun s’essaye à l’écriture. On peut faire des fautes, raturer, recommencer, changer des mots ; on est là pour se faire plaisir en faisant appel à son vécu ou à son imaginaire.

Chacun d’entre nous se présente à tour de rôle par son prénom, en évoquant son quartier et son envie de participer à des ateliers d’écriture et pour que cela soit plus gai, il cite aussi sa couleur préférée. Claire se rend vite compte que nous avons tous très envie de démarrer les ateliers d’écriture. Elle nous fait faire un "jeu d’échauffement" pour nous dégourdir l’esprit et la plume. Chacun des écrivants prend une feuille de papier blanc et inscrit son prénom tout en bas de la feuille, en haut de la feuille il écrit un mot ou une courte phrase qui lui vient à l’esprit. La feuille passe au voisin de gauche qui à son tour ajoute en dessous un autre mot ou une autre courte phrase, puis il plie sa feuille de manière à cacher le premier mot ou la première phrase, de sorte que le troisième qui écrira ne verra que le dernier mot ou la dernière phrase écrits. Après avoir fait le tour de table, la feuille de papier revient à celui qui a écrit son prénom, il y ajoute pour terminer un dernier mot ou une dernière phrase.

Puis chacun déplie sa feuille et lit en silence. Puis à tour de rôle, à voix haute, chacun lit ce qui est écrit sur sa feuille et nous sommes souvent agréablement surpris du résultat. L’échauffement se poursuit avec un autre jeu. Claire se met à côté du support où sont fixées les feuilles de papier et elle nous demande à tour de rôle le titre de notre chanson préférée. Elle inscrit au fur et à mesure les titres sur les feuilles. Chacun de nous va construire un petit texte poétique drolatique ou réaliste en s’inspirant des titres des chansons. Chaque texte est relu ensuite à haute voix avec le ton qui souligne le trait poétique, l’aspect musical, ou l’humour des personnages, et j’ai vraiment eu l’impression en écoutant ces textes de faire un voyage en raccourci dans des univers différents. Claire sent que nous sommes plus à l’aise avec l’écrit et vraiment en confiance, elle nous propose un troisième jeu qui consiste à nous faire choisir parmi un lot de gravures, cartes postales ou photos, six ou sept d’entre elles, et qui seront différentes pour chacun d’entre nous.

Nous regardons bien ces gravures, elles commencent à évoquer des images mentales et nous nous mettons à écrire un texte court qui durera entre vingt et trente minutes. Chacun, à tour de rôle, relit son texte pendant que les autres écoutent, et parfois nos regards se croisent ou sourient lorsque nous entendons des histoires pleines d’humour ou de poésie. Parfois c’est même franchement drôle et nous éclatons de rire, et c’est ainsi que petit à petit nous arrivons à mieux nous connaître, nous-mêmes et les autres. Pour la dernière partie de cet atelier, Claire nous propose, avec notre accord, un thème : "la liberté". Pour nous faciliter la tâche et nous motiver, elle va évoquer des images autour du mot "liberté", énumérant à haute voix et lentement des mots-clés, des situations, des paysages, des lieux, des couleurs, des odeurs, des bruits, des descriptions de personnages, etc, afin de nous donner matière à écrire. Chacun commence à écrire son texte, dans un temps imparti de quarante-cinq minutes à une heure, suivant le rythme de chacun. Une fois terminés, les textes sont lus par chacun de nous à haute voix, sans que cela soit obligatoire, les autres écoutent et donnent leurs impressions et leur ressenti sur le style, la sonorité des mots, les images que cela évoque, etc.

Trois heures plus tard, il est temps de se quitter, je ne suis même pas aperçu du temps passé. Claire propose un deuxième atelier pour le mois d’octobre, nous sommes d’accord, nous marquons la date dans notre agenda. En moi-même j’avais hâte de me retrouver le mois suivant.

L’atelier d’écriture se développe de plus en plus dans les réseaux. De surcroît ces ateliers d’écriture permettent aussi aux participants de se montrer car la nécessité de produire des livrets regroupant les textes se développe de plus en plus. On assiste là à un effet des ateliers d’écriture plus ou moins inattendu, car ils donnent envie aux participants de se montrer, de montrer ce qu’ils font, ils donnent envie de créer, de ne pas s’arrêter au simple atelier d’écriture, c’est ainsi que l’on a vu naître plusieurs créations collectives : un agenda, plusieurs expositions, livrets réalisés en échange de savoirs qu’il y a en cours de réalisation plusieurs livres.

Mots-clés

échange de savoirs, réseau d’échange de savoirs, réseau de citoyens, réseau d’échange d’expériences


, France

Notes

Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.

Source

Récit d’expérience ; Texte original

(France)

MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - France - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr

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