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En Allemagne, une association de femmes lance une coopérative d’exploitation d’énergie éolienne

Ina RANSON

08 / 1995

Les premières "femmes-énergie" s’étaient rencontrées en 1990 à Mulheim (Allemagne)lors d’un congrès de "femmes dans les sciences et les techniques". Organisés tous les ans par des groupes locaux ou régionaux, ces congrès attirent tout particulièrement des universitaires et des responsables de formation. L’objectif de ces forums d’échanges est, bien sûr, de renforcer les liens de solidarité entre femmes dans un domaine qui est traditionnellement réservé aux hommes. Mais, pour de nombreuses participantes, il s’agit aussi de soutenir de façon plus efficace l’introduction de technologies adaptées à l’environnement.

Quand, au cours des débats, deux femmes décrivirent les difficultés qu’elles rencontraient pour accéder aux postes de responsabilité, même dans des entreprises alternatives, une congressiste leur lança : "Arrêtez de vous plaindre ! faites enfin quelque chose vous-mêmes !" Ce fut le déclic ! Ces femmes créèrent un réseau d’information et de soutien mutuel, elles eurent de nombreuses rencontres informelles, et avant de se lancer dans une réalisation concrète, décidèrent de visiter ensemble des réalisations intéressantes en Europe : au Danemark pour étudier différents modèles d’éoliennes et l’exploitation de la biomasse, en Suisse pour se reseigner sur les recherches en chimie solaire et sur le développement des photopiles. Grâce aux subventions de deux fondations publiques, beaucoup d’étudiantes purent participer à ces voyages.

Les activités de ce réseau informel des femmes-énergie" (Energiefrauen)eurent un effet très motivant et contribuèrent de façon indirecte à différentes initiatives concrètes.

La coopérative "Energie et femmes (Frauen Energie Gemeinschaft)Windfang" fut fondée en 1992, à Hambourg. Elle est ouverte à toutes les femmes qui désirent participer d’une façon ou d’une autre à la réalisation d’un projet dans le domaine des énergies renouvelables ou de l’utilisation rationnelle de l’énergie. Les femmes peuvent d’abord se contenter de placer une certaine somme d’argent. "Déjà, en investissant de façon réfléchie, on peut faire bouger les choses et exercer une influence, sur l’environnement dans notre cas". Une part de "Windfang" vaut 3 000 DM, un investissement suffisant pour produire le courant nécessaire à un ménage de quatre personnes. Toute associée dispose d’une voix à l’assemblée générale et est invitée à des week-ends de formation ou aux réunions des groupes de travail (communication, rencontres régionales, écologie...). "Windfang" a aussi comme objectif de donner aux femmes l’occasion de montrer leurs compétences professionnelles dans les domaines de la planification, de la construction technique et de la gestion.

Ce qui est chose faite : depuis avril 1994, le premier projet tourne à Hemme, en Dithmarschen, près de la mer du Nord, et mieux que prévu. La jolie "An Bonus 450 KW" -fabriquée par AN à Brême en coopération avec Bonus au Danemark- n’est pas une éolienne tout-à-fait comme les autres : elle se distingue par la couleur lilas du bout de ses ailes -mais ce n’est point son seul atout. Rarement des experts n’avaient exigé autant d’enquêtes avant une prise de décision : les femmes n’ont pas seulement pesé les avantages et les inconvénients des systèmes techniques ou les questions de rentabilité ; elles ont aussi beaucoup travaillé sur tout ce qui concernait l’écologie : quels étaient les besoins en énergie pour la production de l’éolienne ? Les matériaux employés étaient-ils recyclables, contenaient-ils des substances dangereuses ? Sans oublier les aspects esthétiques, les bruits, d’éventuels risques pour les insectes et les oiseaux et la politique industrielle des producteurs. Ce travail minutieux de préparation se déroula dans une atmosphère d’initiées passionnées. Et lorsque les enquêtes furent terminées... il ne manqua plus que quelque argent... Que faire ? Il y eut un coup de chance : un article rédigé par une journaliste d’un magazine féminin ("Brigitte"), très mauvais du point de vue technique, mais qui suscita un vrai boom de participations.

En avril 1994, l’assemblée générale pouvait décider de lancer un autre projet, toujours dans le domaine de l’énergie éolienne. Mais comme tout indiquait que les sites allaient se raréfier dans les prochaines années, il importait alors de faire vite pour en acquérir d’autres...

Mots-clés

femme, énergie éolienne, financement des énergies renouvelables, coopérative de production, organisation de femmes


, Allemagne, Hambourg

dossier

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Notes

Fiche rédigée à partir d’un entretien avec Christiane Delfs, formatrice, et de l’ouvrage "Energiegemeinschaften : Umweltfreundliche Stromversorgung in der Praxis", par R. RÜBSAMEN, C. DELFS, G. HAAS, R. LASSEN, Verlag Piper (Alemagne, 1995, p. 116-120.

Entretien avec DELFS, Christiane

Source

Entretien ; Livre

RÜBSAMEN, R.; DELFS, C.; HAAS, G.; LASSEN, R., Energiegemeinschaften : Umweltfreundliche Stromversorgung in der Praxis, Verlag Piper, 1995 (Allemagne)

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