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Finances et solidarité : votre épargne pour le développement des pays du Sud et de l’Est

L’aventure de la SIDI, une banque solidaire

Pierre Yves GUIHENEUF

07 / 1996

Il existe dans les pays pauvres de multiples systèmes de crédit familial ou communautaire : tontines ou caisses villageoises. Si elles aident à la réalisation d’initiatives individuelles ou collectives de taille modeste, elles ne suffisent pas toujours à la mise en place de petites et moyennes entreprises. Le recours au système bancaire est alors nécessaire. Mais ce n’est pas toujours facile pour qui ne présente pas les garanties nécessaires, c’est-à-dire le patrimoine ou les relations qui serviront de cautions. On ne prête qu’aux riches... C’est pour faire mentir l’adage qu’a été créée la Sidi.

Ses fondateurs se sont en effet aperçu que, dans les pays du Sud, nombreux sont ceux qui possèdent les compétences et l’énergie suffisante pour créer leur propre entreprise, mais qui ne peuvent le faire à cause des réticences des banques. Pour eux, la réussite de l’entreprise est affaire d’hommes avant d’être affaire de patrimoine : elle est affaire de ténacité et de courage. Et l’insertion de cette entreprise dans son environnement, sa capacité à susciter des dynamiques de développement local ou à créer de l’emploi est avant tout affaire de générosité et de solidarité. Se voir objecter le manque d’assise financière est trop stupide : c’est une entrave au développement et un manque de respect envers les porteurs de projets. Il faut inscrire le droit au crédit, donc à la confiance, parmi les droits fondamentaux de la personne.

Ce livre raconte à travers maints rebondissements comme cette noble idée est parvenue à se concrétiser au travers de la Sidi, Société d’investissement et de développement international, créée en France en 1983 par le Comité catholique contre la faim et pour le développement, une importante ONG.

Il est décidé de créer une société commerciale et non pas une banque, qui va investir - c’est-à-dire prendre une participation - dans des projets multiples et non pas prêter l’argent. Après le choix des statuts et du fonctionnement se pose le premier problème sérieux : où trouver l’argent qui sera fourni aux entrepreneurs ? Le CCFD constitue en France un fonds commun de placement, dont le principe est simple : des épargnants déposent des sommes qui sont placées dans des emprunts d’Etats ou des obligations et qui produisent des intérêts. Ces intérêts sont ensuite divisés : un pourcentage correspondant à l’inflation est reversé au souscripteur, le reste sert à la Sidi pour investir dans d’autres pays. La formule rencontre un succès immédiat auprès de petits épargnants désireux de réaliser des placements solidaires.

Les premières initiatives sont soutenues, généralement avec succès. Mais d’autres difficultés se dressent : le soutien aux entrepreneurs est trop coûteux s’il est réalisé depuis la France, et le fonds doit croître s’il veut atteindre une taille significative. Pour ces deux raisons, il doit trouver des relais locaux. C’est ainsi que sont créées peu à peu, dans de nombreux pays, des structures qui servent de relais à la Sidi. Ces sociétés locales d’investissement font passer la Sidi à une vitesse supérieure et lui permettent d’être reconnue d’organismes internationaux, comme la Banque mondiale et le PNUD. L’intuition généreuse est enfin concrétisée.

Mais les dirigeants de la Sidi gardent les pieds sur terre. Ils avancent avec précaution et savent que leur société n’est qu’un modeste instrument. Leur but n’est pas seulement de susciter la création de petites entreprises, mais aussi de mettre un peu d’humanité dans les rapports économiques. Certes, " la loi de la nature est celle de la jungle, les riches mangent les pauvres (...). Mais nous savons aussi que nous devons opposer à la loi de la nature la loi de l’homme. C’est ainsi que l’on transforme les jungles en jardins".

Mots-clés

crédit, épargne, financement, création d’activité, entreprise, initiative économique, finances, placement éthique, accès aux systèmes financiers


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Commentaire

Jean-Paul Vigier est président du directoire de la Sidi et l’un de ses fondateurs.

Source

Livre

VIGIER, Jean Paul, Finances et solidarité. Votre épargne pour le développement des pays de l'Est et du Sud, SYROS ALTERNATIVES, 1991 (France)

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