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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Lille : valoriser l’apport des réseaux associatifs pour un développement durable

Ina RANSON

01 / 1998

En signant la charte d’Aalborg en 1994, la Ville de Lille s’est engagée à orienter son développement selon les principes de la durabilité. Face aux nombreux défis à relever, elle a décidé de renforcer le rôle de la Commission Extra-Municipale de l’Environnement déjà existante et de faire une plus grande place à la démocratie locale.

L’approche transversale des associations

La Maison de la nature et de l’environnement à Lille n’accueille pas seulement les associations s’occupant de l’environnement, mais aussi celles engagées pour les droits de l’homme et pour la solidarité, à l’échelle locale et mondiale. Parmi elles : la Ligue des Droits de l’Homme, Peuples Solidaires, Agir Ici, Artisans du Monde, les Associations des Consommateurs (CUF, CSCV) Environnement et Développement Alternatif (EDA)… Bien avant la lettre, cette dernière association comprit la nécessité d’une approche transversale des problèmes et s’efforça de la mettre en oeuvre. « Nous avons tôt découvert que l’écologie signifiait bien plus que la protection de la nature, » explique D. Poliautre, présidente d’EDA et de la Maison. « Il a fallu mettre au centre la défense de l’homme et de son devenir dans son milieu. L’homme est bien le meilleur bio-indicateur. On ne peut pas séparer l’homme travailleur d’un côté, l’homme consommateur ou l’homme usager de l’autre.

Les associations de la Maison choisissent ensemble chaque année un thème commun qui fait l’objet de nombreu ses initiatives : expositions, débats publics, formations etc. En 1998, le thème s’appelle « la place des citoyens », avec une note un peu provocatrice : « citoyens, mêlez-vous de vos affaires ! »

Des outils de concertation au niveau de la Ville

Après la signature de la charte d’Aalborg, le président de la Commission extra-municipale de l’Environnement proposa aux associations de créer huit groupes de travail sur des thèmes tels que les transports, les déchets, les espaces verts, l’eau… L’objectif principal sera l’élaboration du Plan Local d’Action qui repose sur les postulats suivants :

  • la richesse et la grande diversité du tissu associatif qu’il importe de valoriser,

  • la volonté de renforcer la participation effective des acteurs de l’environnement,

  • la nécessité d’établir des partenariats et de développer la transversalité des projets.

Les groupes de travail doivent remplir une triple fonction :

  • être des lieux d’échange d’informations susceptibles d’organiser des débats thématiques,

  • constituer une force de proposition pour le développement des synergies,

  • participer à l’identification d’actions partenariales à travers la rédaction de rapports d’activité.

L’action de chaque groupe de travail est transversale et se déroule en 4 phases :

  • phase de réflexion : recueil des données et informations ; recensement et réactualisation des projets déjà existants. Etablissement d’un état des lieux et des ressources et des moyens, diagnostic des thèmes à retenir et repérage des enjeux.

  • phase de consultation : présentation des rapports d’étape en séance pléinière de la Commission Extra-Municipale ; consultation auprès des acteurs

  • phase de production : recherche de partenariats, mobilisation des acteurs

  • phase de décision : délibération des propositions

Les groupes sont présidés par des personnalités du monde associatif. Les membres font partie de la Commission Extra-Municipale de l’Environnement. En fonction de l’évolution des travaux, les groupes peuvent s’élargir et associer des partenaires extérieurs. Un représentant des services municipaux, désigné par l’administration, participe au bon fonctionnement du groupe et établit le compte-rendu de ses activités.

La municipalité s’est engagée à valoriser le savoir-faire associatif et de contribuer à la mise en place de projets jugés porteurs tout en veillant à préserver l’originalité et l’authenticité de leur conception.

Parallèlement, s’est mis en place, au niveau de la Ville, un « Conseil Communal de Concertation », structure qui réunit une centaine de participants, des délégués de toutes les associations, des syndicats et des représentants du monde économique. L’objectif est d’y faire se rencontrer l’ensemble de la société civile.

L’avancement des réflexions et des projets

EDA préside le groupe de travail chargé d’élaborer un « plan d’environnement », premier élément d’une démarche qui devra conduire à un agenda 21.

Le groupe s’est d’abord penché sur les questions concernant l’énergie, thème clé pour la conception du développement. Préconisant une véritable stratégie énergétique locale, il a formulé des propositions innovatrices aussi bien dans les domaines de la production et de la consommation que du partage des ressources. Les principes mis en avant valent pour une bonne part aussi dans d’autres domaines, notamment l’eau et les déchets : économie - efficacité - principe de précaution - lutte contre le gâchis - sensibilisation - participation - transparence - partage et pérennité de la ressource… Le document sur l’énergie, rédigé par EDA, est le fruit d’un échange d’idées et d’expériences entre membres associatifs et professionnels de l’ADEME et d’autres collectivités de la communauté urbaine de Lille.

Le texte du document a été adopté par la Commission Extra-Municipale. La prochaine étape sera son passage au Conseil Communal de Concertation. Avant d’être finalement soumis, avec le plan global de l’environnement, au Conseil Municipal, en fin d’année, la ville organisera un grand forum où seront débattues toutes les propositions élaborées par les huit groupes de travail.

Les problèmes arrivent quand il s’agit de passer à la réalisation

Tout se déroule pour le mieux, mais… « nos propositions ont été acceptées trop facilement- c’est cela le problème ! » dit D. Poliautre qui préside le groupe de travail sur le développement durable. « Cela signifie que les enjeux n’ont pas été mesurés. » L’adoption, le 18 décembre 1997, du nouveau schéma directeur de développement et d’urbanisme de la métropole qui prévoit un contournement autoroutier au-dessus d’une zone de forte vulnérabilité de la nappe phréatique a un effet décourageant pour certaines associations. La société civile avait exprimé, par toutes les voies possibles, son oppositon à ce projet d’autoroute. Les élus locaux sont passés outre. « Nous n’allons pas baisser les bras ! affirme D. Poliautre. Nous savons qu’il est très difficile d’aller à contre courant des logiques dominantes. Mais notre expérience ici nous a aussi enseigné que c’est parfois possible. Pour y arriver, il faut de la ténacité, du temps ».

Mots-clés

démocratie participative, concertation, association, acteur social, écologie, agenda 21, méthodologie


, France, Lille

dossier

Villes et développement durable : des expériences à échanger

Les Agendas 21 des villes en France

Notes

D.Poliautre est présidente de la Maison de la nature et de l’environnement, ainsi que d’EDA=Environnement et Développement Alternatif, 23 rue Gosselet, 59000 Lille. Tel 03 20 52 12 02.

Source

Entretien avec Danielle POLIAUTRE * 21 propositions sur l’énergie pour la mise en place d’un plan lillois de l’environnement contribuant à l’élaboration d’un agenda 21 local. Disponible à l’EDA (adresse en notes).

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