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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Modernisation et crise des agricultures familiales

Diversité et diversification des petits producteurs

Ethel DEL POZO

03 / 1996

1. FACTEURS DE CRISE ET DE TRANSFORMATION

Crise est la difficulté à reproduire l’outil de production et la famille. Des transformations plutôt que la modernisation naissent de la crise, les transformations sont variées ce qui explique la différenciation.

-L’artificialisation de la nature et de l’agriculture (modernisation, mécanisation, intrants chimiques)détériore les ressources naturelles et change les conditions de reproduction de l’agriculture paysanne. Les paysans perdent la possibilité de définir leur système de production, leur système de culture, ils ne sont plus maîtres de leur système polyvalent (Brésil). La détérioration des ressources naturelles fait qu’aujourd’hui 10

des terres cultivables dans le monde sont désertiques. La pauvreté ne serait pas une conséquence de ce fait mais de la mondialisation de l’économie qui pousse à l’intensification de la production et à la compétitivité sur les marchés (Mexique).

-Le dysfonctionnement de l’irrigation a des conséquences sur l’exode rural et l’autosuffisance alimentaire. L’absence des réparations des digues s’explique par la rédéfintion des rapports sociaux. L’individualisation du travail et de la propriété conduit au mauvais entretien du milieu car les travaux collectifs ne se font plus (Guinée Bissau, Algérie).

-L’abandon par l’Etat des cultures d’exportation prive les hommes de leur travail, comme les femmes s’occupaient des cultures vivrières les hommes n’y investissent pas. On assiste à la diminution des superficies cultives, l’autosuffisance alimentaire se trouve menacée (République Centrafricaine).

La baisse des relations de complémentarité entre agriculteurs, pêcheurs et éleveurs est mise en cause par la sécheresse depuis 70. Elles sont aussi menacées par le développement de l’irrigation depuis 75 et par la régularisation du débit du fleuve depuis 92 suite à la construction de deux barrages (Sénégal-Mauritanie).

-L’application des nouvelles lois foncières et l’arrivée de nouveaux propriétaires étrangers à la paysannerie créent de conflits (Senégal-Mauritanie, Algérie). En Afrique ce n’est pas d’individualisation qu’il s’agit mais de privatisation. La notion de propriété privée est introduite dans la nouvelle législation foncière.

-Le désir de gens, des paysans, change. Ils n’ont pas envie de rester à produire du riz car l’exportation du cajou permet d’acheter du riz thaïlandais qui coûté 1/10 du prix du riz local; les valeurs ne sont pas les mêmes et l’organisation traditionnelle a bien changé (Guinée Bissau).

2.FACTEURS DE DIVERSIFICATION ET D’ADAPTATION

L’ adaptation à la technologie moderne peut se faire là où il y a des structures qui permettent son adoption. Tel fut le cas de la Révolution Verte dans la production de café. En Asie la Révolution Verte a augmenté la production dans le court terme mais pas dans le long terme. L’intensification de la production a entraîné une dégradation des ressources naturelles et une baisse de la productivité du travail. Les petits producteurs doivent utiliser des intrants importés dans de plus grandes quantités alors leur profit baisse. Les scientifiques prônent la diversification pour obtenir la durabilité mais elle ne s’applique pas (Inde, Pakistan, Thaïlande).

-L’articulation au marché peut aussi ne pas passer par l’adoption d’une certaine technologie car les choix des paysans s’oriente vers une diversification spécialisée, non dépendante du marché mais de la logique paysanne (Mexique). Mais l’adaptation passe aussi par les renouvellement des générations, les jeunes paysans développent une identité d’agriculteurs, ils s’intègrent mieux au marché. Dans l’articulation des paysans au marché, il faut voir que même ceux qui produisent pour l’autosubsistance sont articulés au marché du travail, ils sont nécessaires au système agraire, économique et social, leur fonction est de reproduire la force de travail.

-Les processus de différenciation de la paysannerie est le résultat de: l’industrialisation et la multiplication de salariés, la mécanisation agricole et la hausse de la demande urbaine de produits agricoles suite à l’amélioration du pouvoir d’achat résultat de la redistribution de la rente pétrolière. En 1980 la hausse des salaires des moissonneurs, multipliée par cinq, fait que leur recrutement devient un luxe. C’est en fonction de la capacité de l’unité de production à payer les services mécanisés et la main d’oeuvre que la différenciation se réalise (Algérie).

En agriculture aussi, l’important c’est le rythme de changement, de la maîtrise de l’environnement socio-économique (foncier, crédit, marché); qui c’est qui le maîtrise?, comment il le maîtrise?. A partir de là nous pouvons établir une typologie d’agriculture paysanne selon leur manière d’évoluer et d’arriver d’équilibre en équilibre. C’est qui est important donc, c’est de voir comment les stratégies paysannes évoluent et comme elles comptent passer de stade en stade de maîtrise.

-L’autonomie des paysans doit être mesuré en termes de leur capacité de négociation à l’intérieur des contextes nationaux. Si par exemple, la caféiculture à un poids important, le rapport de forces engendre une réaction (Colombie).

-L’efficacité et la productivité il faut les mesurer en fonction des conditions sociales dans lesquelles opèrent les agricultures familiales, il faut préciser si l’on parle du point de vue social ou privé.

Mots-clés

changement technologique, agriculture familiale, agriculture paysanne, accès au marché, différenciation sociale


, Afrique, Asie, Amérique Latine

Commentaire

Le débat soulève plusieurs questions: la difficulté de donner le même contenu aux termes à cause de la diversité de contextes. Ainsi l’individualisation ou l’attribution individuelle de la terre ne signifie pas forcement propriété privée. L’éclatement des paysanneries à cause des nouvelles politiques,des changements technologiques et de leur intégration au marché semble s’accroître d’autant plus que l’on constate aussi le désir des gens de quitter l’agriculture.

Notes

Colloque "Agricultures Paysannes et Question Alimentaire", Chantilly, 20-23 Février 1996.

E.del Pozo est une ethnologue d’origine péruvienne qui a beaucoup travaillé sur les organisations paysannes et indigènes.

Source

Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…

CORTEZ R., Carlos; DEL VALLE R., María del Carmen; GAILLARD, G. et al.

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