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Le marché des croisières aux Caraïbes

Complexité des réglementations concernant les bateaux de croisières dans les îles Caraïbes, au détriment des intérêts de populations locales

Dora VALAYER

08 / 1997

La complexité politique de la région des Caraïbes ne facilite pas la clarification des législations et encore moins les intérêts des populations locales. Les exemptions d’impôts dont sont bénéficiaires les propriétaires des navires, sont à la fois historiques et logiques. Il serait impossible de déterminer quels impôts et à quel pays ils devraient être versés, alors qu’ils sont plus souvent en mer qu’à l’ancre. C’est ainsi que la règle établie est que les impôts sont payés dans le pays où les bateaux sont enregistrés, c’est-à-dire que leur choix se porte tout naturellement vers les pays où les impôts et taxes sont les moins élevés, c’est-à-dire souvent au Libéria.

La région Caraïbe regroupe seize pays indépendants, trois colonies britanniques avec des degrés d’indépendance variables, trois départements français, un territoire des Etats-Unis et un d’un statut communautaire de ces derniers, et six territoires semi-autonomes des Pays-Bas. La population est de l’ordre de 9 millions d’habitants, avec de nombreux mouvements de populations dûs à la recherche d’emplois. Le secteur touristique est le plus important, et représente un travailleur sur 6. Le problème posé par les flottes de croisière est bien entendu celui de la compétition. Toutes les études démontrent que pour les clients un séjour en croisière est plus économique que cumuler le vol en avion et les nuitées à l’hôtel. Cette situation soulève 6 problèmes fondamentaux que l’auteur énumère. Le non-versement d’impôts aux ports représente pour ceux-ci un manque à gagner pour leur entretien. Les déchets sont déversés en mer, et parfois rejetés sur les plages au lieu d’être traitrés sur place. L’immobilisation à l’ancre contribue à la destruction du récif coralien. La capacité hôtelière locale est sous-utilisée, et les ressources en impôts locaux réduites d’autant. Les potentialités de main d’oeuvre locale, avec les formations adéquates, sont sous-utilisées, alors que le chômage croît régulièrement dans la région. A ces problèmes s’ajoute celui des emplois. La plupart de ceux offerts par les lignes de croisières sont fragiles, et payés au pourboire ou à la commission, sans protection sociale, et le recrutement se fait dans les pays du tiers-monde. Les ventes à bord, qui représentent 30 pour cent des bénéfices, sont cédées par concession à des compagnies étrangères, au détriment de l’artisanat local. De même, les produits alimentaires locaux sont négligés. Quant à la maintenance et à l’entretien des navires de croisières, elles se font ailleurs dans des conditions plus économiques. Quant aux conditions de sécurité, elles sont très inférieures à celles imposées par la législation des USA, il en est de même pour l’environnemernt, ou des dispositions obligatoires concernant les facilités pour les handicapés. Toute modification du système en place ferait pour le client basculer les dépenses en faveur de séjours à terre plutôt qu’en mer. Plusieurs des territoires caraibes, sont en train de s’organiser, au risque d’être accusés de protectionnisme, pour parvenir à des accords sur des régulations communes.

La clientèle des croisières dans cette région se monte à 4 millions et demi de passagers par an, pour le bénéfice d’une poignée de propriétaires.

Mots-clés

tourisme, droit international, droits des peuples


, Antilles

Commentaire

Un grand marché international et local, une poignée de milliardaires sans scrupules, une population du tiers-monde surexploitée, une population locale bénéficiant d’une certaine protection sociale, mais affrontée aux problèmes d’emplois et de sous-formation, une clientèle qui cherche avant tout les produits les plus économiques, la plus forte puissance économique mondiale forment, autour de quelques îles, les acteurs d’un scénario touristique sans issue, mais quillutre de la façon la plus inextricable la multiplication des questions les plus aigües du tourisme dans le monde.

Notes

Ce texte constitue l’intervention présentée à la 17è Conférence annuelle de la Society of Travel and Tourism Educators par Russel F. NANSEN, consultant en Tourisme aux Etats-Unis, et spécialiste de la destination des Caraïbes,.

Source

Articles et dossiers

NANSEN, Russel F., ECTWT=Ecumenical Coalition on Thirs World Tourism, ECTWT in. Contours, 1997/06 (BARBADES), 7

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