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Les ressources propres et l’autonomie de l’association paysanne Jig-Jam au Sénégal

Benoît LECOMTE, Brigitte REY

02 / 1998

Sara Diouf, Secrétaire Général de l’association paysanne Jig-Jam au Sénégal, témoigne :

"Les ressources propres sont celles qui ne sont pas financées par un partenaire mais qui sont générées par des activités que l’association mène. Ou bien qui sont mobilisées à partir de la participation des membres. Ce sont ces ressources propres qui nous permettent, parce que c’est très souple, de financer des actions et même des initiatives nouvelles. Par exemple, la création du"Réseau pour l’environnement"est une initiative nouvelle et pour financer cela, nous sommes partis de nos propres ressources.

Chaque année, Jig-Jam mobilise au moins 4.000.000 FCFA par les cotisations des membres. Les membres doivent donner, pour un an, 1.000 FCFA. A 4.000 membres, cela fait 4 millions. Ensuite, les activités que nous avons eu à initier, avec les aides et avec notre argent propre, sont des activités génératrices de revenus. Pour toute activité il y a des participations des bénéficiaires de 10% du coût au minimum. Et quand nous prêtons cet argent aux membres, cela génère des intérêts que les membres doivent retourner à leur groupement. Ainsi, il y a de l’argent qui revient à l’association. Celle-ci s’organise pour réajuster et essayer d’assurer son fonctionnement propre !

Nous savons que nous sommes capables de mener beaucoup d’actions par nos ressources propres, nous sommes d’ailleurs en train de les mener, mais il faut également que nous fassions appel à l’aide pour pouvoir être plus efficaces. Il y a des actions qui demandent beaucoup de moyens que nous n’arrivons pas à rassembler. Donc, compte rendu de tout cela, pour être vraiment plus pertinent, nous espérons pouvoir associer les deux : aide et ressources propres.

A travers les programmes que nous sommes en train d’exécuter, il est prévu des"participations"pour toutes les actions. Surtout pour les actions qui génèrent des revenus. Chaque année, cet argent remboursé fait un très bon pourcentage par rapport à l’aide qui arrive. A un moment donné, on peut dire ce qu’on a mis"en plus"de l’aide, car si les activités sont réalisées, les prévisions sont également réalisées puisque la participation est obligatoire. Après l’évaluation de chaque programme, on arrive à estimer ainsi notre participation annuelle. Par le suivi, on sait à chaque fois ce que nous avons dû prendre sur nos ressources propres pour telle activité.

Se passer de l’aide extérieure en ayant suffisamment de ressources propres, aujourd’hui nulle association n’en est là. Une organisation a toujours besoin d’un quelconque appui, que ce soit financier ou technique. Même si nous avons seulement besoin d’un appui technique, il faut parfois de l’argent pour le rendre opérationnel. Sera-t-il possible, à un moment donné, d’avoir suffisamment de ressources propres qui nous permettraient de nous financer, de financer nos actions et l’achat de services ? C’est une question. Je pense que c’est un de nos objectifs mais ce n’est pas pour demain !

On est en train de former les membres de l’association. A un moment donné, ils auront les capacités et les compétences pour pouvoir assurer certaines fonctions mais ils auront toujours besoin d’une expertise venue d’ailleurs. Je pense qu’on aura certainement toujours besoin"d’un plus"pour être meilleur.

Mais quelques années après, on doit normalement avoir suffisamment pour financer au moins les 60-70% de nos actions et essayer, avec la participation de partenaires de compléter cela. C’est ce qui nous a motivé à faire de nouveaux"montages": des crédits de 6 ans aux groupements. Nous avions, durant le premier programme, constaté qu’après le financement, après avoir donné l’argent aux groupements, des problèmes sont apparus. Nous nous sommes alors posé des questions :"Si on continue comme cela, à un moment donné, est-ce que ces mêmes groupements, devenus forts, partiront ? Alors l’association se casserait la gueule !"Nous avons donc essayé de faire un montage qui lie le groupement financé à l’association pendant toute la durée du remboursement du prêt, et au moins 6 ans. Pour permettre aussi, après que le groupement ait soldé sa dette, d’enclencher avec d’autres groupements. Nous avons fait nos calculs; nous pensons que d’ici 8 ans, même si nous n’avons plus de financements qui nous viennent d’ailleurs, ces remboursements-là nous donneront quelque chose (de suffisant pour poursuivre)."

Mots-clés

coopération UE ACP, politique internationale, organisation paysanne, financement du développement, initiative économique, mobilisation de l’épargne, crédit


, Sénégal, Fissel

Commentaire

Comment produire assez de ressources propres pour que les activités soient co-financées entre les membres des groupements (et les villageois pour les actions d’intérêt général)et les partenaires ? Au-delà de la cotisation annuelle et des 10% (au minimum)de participation financière, l’association Jig-Jam compte sur les intérêts des prêts qu’elle fait et veille au remboursement, en 6 années, du capital prêté.

Notes

Entretien déc. 97

[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]

Entretien avec DIOUF, Sara

Source

Entretien

LECOMTE, Benoît

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