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Eléments d’histoire du Collectif des Associations Du Yatenga -CADY- et notamment la pression de l’Etat burkinabé en faveur de sa création

Naaba Ligdi S. KAGONE, Maryvonne CHARMILLOT, Séverine BENOIT

12 / 1998

Naaba Ligdi S. KAGONE, responsable du CADY (Collectif des Associations Du Yatenga): « Je suis le président du collectif des associations et ONG du Yatenga. C’est né, en 1997, sur l’initiative du chef de l’Etat lui-même. Il était venu ici faire une visite. J’étais indiqué par quelques individus pour gérer l’arrivée du président et m’occuper de faire un petit programme. Mais quand on s’est réuni pour cela, certaines associations nous on dit : « Profitons de cette occasion que les autorités ont eu pour nous rassembler en une association ». A l’époque, les autorités avaient organisé les gens par ressemblance : les religieux à part, les associations à part, les chefs traditionnels à part et ainsi de suite. Nous aussi on nous avait rassemblés. Donc, ils ont dit : « Profitons-en pour faire une association collective provinciale ». Moi j’ai dit : « Non, laissons ce thème, on va s’occuper de recevoir le président et si après cela vous intéresse, vous reviendrez m’en parler ». Mais à notre surprise, arrivés là-bas, le chef de l’Etat nous a accueillis en délégation et il nous a pratiquement donné la directive de nous rassembler. Il nous a dit de faire tous les papiers nécessaires et de lui envoyer les dossiers.

Je ne peux pas deviner ce que le gouvernement savait. On a quelques pressentiments que c’était une exigence des bailleurs. Puisque nous savons que les bailleurs ont décidé de ne plus financer à 100% les projets décentralisés de l’Etat qui s’occupent de développement rural. Parce que les bailleurs veulent descendre un peu plus bas. Avant, l’Aide vous donnait à l’Etat peut-être 100F pour vous occuper de votre CRPA (Centre Régional de Production Agricole, organisme public d’appui au développement rural), aujourd’hui on lui donne 50F et les autres 50F on les donne aux paysans directement. A ce moment-là, le gouvernement est obligé de demander aux gens de se préparer. Sinon les bailleurs vont venir ici et ils ne savent même pas à qui donner. C’est un mouvement international, cela ne dépend pas de nos Etats. C’est partout comme cela. Nous lisons aussi et nous savons ce qui se fait dans les autres pays sous-développés. Même en Europe, les internationaux, les idées et les gens comme vous, cela se passe (dans le même sens). Je ne peux pas dire ce que le gouvernement d’ici sait ce qu’il va faire mais on devine qu’il est contraint à sensibiliser la masse à s’organiser parce que quand l’aide va être attribuée moitié au CRPA, moitié à la société civile, il faudra quelqu’un avec un statut légal, une existence bien établie.

Nous avons pu rassembler à l’époque 23 associations, sur 70 qui s’étaient inscrites. Actuellement, nous sommes à 40. Seulement nous ne recevons pas les groupements. Il faut être un mouvement plus centralisé. Il faut être au minimum au-dessus du groupement. Ou bien il faut être une antenne d’une structure nationale. Là, même si vous êtes une dizaine, nous vous accueillons. Il faut être une antenne d’une association nationale ou d’une ONG. Sinon, si c’est les groupements, il faut qu’ils se rassemblent en une association beaucoup plus importante et avoir l’objectif de couvrir plus d’un village ou d’un secteur. C’est à dire avoir des activités dans 2 villages ou 2 secteurs, ou un département, ou toute la province. Ces conditions sont venues de nous.

Le gouvernement veut une structure provinciale, nous aussi il faut qu’on cherche au moins une structure départementale sinon on ne va pas s’en sortir. Avec la multitude de groupements, on en aurait 1 millier, on ne saurait pas les gérer. Il faut qu’eux aussi se gèrent à un niveau et que nous on filtre cela ».

Mots-clés

Etat, organisation paysanne, décentralisation, Etat et société civile


, Burkina Faso, Yatenga

Commentaire

La mode est aujourd’hui de décentraliser l’Etat et de lui fournir moins d’aide directe. Les associations paysannes d’un côté, les responsables de l’Etat de l’autre cherchent comment ne pas perdre l’aide extérieure, et parfois leurs intérêts coïncident : "Groupons-nous entre Unions de groupements", disent les premiers; "Groupez-vous entre tous les types d’associations", dit le chef de l’Etat burkinabé.

Notes

Entretien à Ouahigouya, août 1998

Entretien avec KAGONE, Naaba Ligdi S.

Source

Entretien

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