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Blocage institutionnel et trafic d’influence dans la mise en place d’un projet

Annulation d’un projet d’installation de bornes fontaines dans le cadre du programme FOURMI au Cameroun : qui sont les vrais acteurs de la coopération décentralisée ?

Romain DAYANG

02 / 1999

Pour lutter contre la pauvreté et la misère en milieu urbain, l’Union Européenne finance depuis 1995 un programme destiné à la réalisation des projets d’infrastructures collectives dans les quartiers urbains. Ce programme appelé Fond aux Organisations Urbaines et aux Micro-Initiatives (FOURMI)offre aux habitants des quartiers urbains, la possibilité d’améliorer leurs conditions de vie par la réalisation de leurs projets prioritaires. Ces habitants se regroupent et s’organisent pour identifier leurs besoins prioritaires et présentent leur projet au programme FOURMI. Ces projets sont du domaine de l’assainissement, la voirie, l’eau, la santé etc...

Pour réaliser les projets, des Comités d’Animation au Développement (CAD)sont mis en place dans les quartiers concernés. Les CAD dans leurs activités rencontrent un certain nombre de problèmes qui les empêchent de réaliser pleinement leurs objectifs. On peut par exemple évoquer le cas suivant :

L’environnement dans lequel évoluent les CAD souffre d’un manque de confiance et de collaboration avec les autorités administratives qui sont ici les maires des municipalités. A ce sujet, dans l’un des quartiers pauvres de la ville de Yaoundé les habitants font face à un sérieux problème de ravitaillement en eau potable. Avec le programme FOURMI, ils décidèrent de mettre en place dans le quartier une borne fontaine. Comme la réalisation de toute infrastructure de ce genre doit obtenir l’accord des responsables municipaux, le maire a bien donné son accord pour la réalisation du projet. Au moment où les travaux devaient être exécutés sur le terrain, ce maire qui est propriétaire foncier dans le quartier posa d’autres conditions qui lui permettraient de gérer seul la borne fontaine. En effet, c’est lui qui possède presque la totalité des terrains dans le quartier. Il a une main mise totale sur le quartier. En ôtant sa casquette de maire, il se positionna par rapport au projet comme personnage de poids dont la volonté doit être respectée.. En réalité, il avait un avantage à bloquer ce projet parce qu’il faisait payer l’eau aux populations (ses locataires)à un prix élevé.

Devant cette situation où le CAD ne disposait pas d’un cadre juridique pour réagir, le projet fut seulement annulé. L’ONG qui était chargée de piloter les activités du programme se trouva bien dans l’obligation d’affecter le budget alloué pour ce groupe à un autre. Cette affaire n’a pas été portée devant une autorité compétente puisque le CAD évoluait encore dans un cadre informel.

Mots-clés

coopération UE ACP, équipement collectif, coopération décentralisée, abus de pouvoir


, Cameroun, Yaoundé

Commentaire

Les CAD sont une émanation directe des populations à la base. C’est à travers eux que des actions relevant des besoins réels des habitants peuvent être menées en milieu urbain. L’environnement institutionnel dans lequel ils évoluent nécessite d’être clairement défini. Les ONG à travers lesquelles sont menées les activités viennent de publier une brochure qui tente de situer le CAD dans son environnement, mais le plus important serait que l’Etat fixe clairement les domaines de compétence des CAD en tant que partenaires privilégiés des municipalités dans des activités à portée communautaire.

Le programme FOURMI est une action qui répond à plus d’un défi de la Coopération parce qu’elle permet de relever le niveau de vie des populations; de contribuer à leur participation dans des secteurs devenus très lourds pour être supportés par l’Etat seul . A travers les CAD, il est une voie indiquée pour mettre en relation des communautés du Nord et du Sud. Ce cas pose le vaste débat sur les acteurs de la coopération décentralisée. Qui sont-ils ?

Quel est leur statut juridique? Quelles sont leurs prérogatives à côté d’autres acteurs ?

Notes

Entretien avec un responsable du projet.

[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]

Source

Entretien

CANADEL (Centre d’Accompagnement de Nouvelles Alternatives de Développement Local) - BP 3799 Yaoundé. CAMEROUN. Tél. : (237)221 31 40 / 200 38 74 - Fax : (237) 220 55 20 - Cameroun - www.canadelcam.org - contact (@) canadelcam.org

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