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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Le réseau d’action européen sur la banane

Emmanuel JEUDY

04 / 1998

Le Réseau d’Action Européen sur la Banane (Euroban) est constitué de 35 ONG de 13 pays d’Europe. Il a pour mission de diffuser l’information dans la filière de la banane et de faciliter la coopération entre ses membres (organisations de solidarité notamment, travaillant avec les petits producteurs d’Amérique centrale). En collaboration avec la Coordination des Syndicats Bananiers Indépendants d’Amérique Latine et l’Association des Producteurs des Iles-sous-le-Vent, Euroban anime un travail en réseau avec une centaine de structures (ONG, syndicats, groupements de producteurs et de consommateurs)réparties dans 25 pays. L’intérêt de ce réseau est de faire collaborer des acteurs du Nord et du Sud, mais aussi toute la filière, du producteur au consommateur. C’est ainsi que les principes d’un commerce plus responsable, intégrant notamment les dimensions sociales et environnementales à l’activité économique, ont sensiblement progressé dans le secteur de la banane.

Des importations de bananes équitables au sein de l’UE

Au-delà de la structuration des organisations européennes, d’un renforcement des réseaux existants, d’une efficacité accrue dans la diffusion de l’information, Euroban a permis de faire progresser des propositions alternatives concernant le commerce de la banane au niveau de l’Union européenne (UE). Sous l’impulsion de l’association-membre Solidaridad, une proposition baptisée Yellow Fever a été lancée en 1995, en faveur d’un quota pour les bananes équitables dans les importations de l’UE. Actuellement, celles-ci s’élèvent à environ 4 millions de tonnes par an et proviennent de différents pays du Sud. Par exemple, les bananes des pays de l’ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique)bénéficient, dans le cadre de la convention de Lomé, d’un contingent de 950 000 tonnes.

Dans un premier temps, Euroban réclame un quota de 3 % des parts du marché, pour les bananes produites dans le respect des principes d’équité, quelle que soit leur origine géographique. Le réseau entend ainsi impulser une réforme du système européen d’importation et promouvoir les normes sociales et environnementales dans le commerce international.

Une campagne de signatures

La portée de la proposition Yellow Fever a été renforcée par une campagne d’information et de sensibilisation intitulée Give Fair Bananas a Fair Chance. Celle-ci avait pour but de mobiliser les citoyens européens pour qu’ils envoient des cartes postales à la Commission européenne et aux ministres de l’Agriculture des Etats membres, demandant l’instauration d’un contingent d’importation pour les bananes équitables. 150 000 cartes furent expédiées, preuve d’une demande réelle pour ces produits. L’impact fut assez fort pour que le Parlement européen soutienne l’initiative. La Commission accueillit aussi favorablement cette revendication, tout en indiquant qu’elle était liée par les obligations de l’Organisation Mondiale du Commerce, (OMC).

Au début de 1997, les services bruxellois en charge du commerce (DGIB), de l’agriculture (DGVI)et du développement (DGVIII)se sont réunis avec les ONG concernées, pour discuter de la possibilité de soutenir le commerce équitable des bananes sans violer les règles de l’OMC. La Commission a engagé les organisations européennes à utiliser pleinement les lignes budgétaires, auxquels elles peuvent prétendre.

Par ailleurs, le lancement des bananes équitables Max Havelaar aux Pays-Bas, en Suisse, en Belgique et au Danemark met en évidence la viabilité économique du système défendu par Euroban.

Résister à la domination des multinationales

La domination du négoce international de la banane par les entreprises multinationales ne doit pas décourager les organisations de citoyens d’essayer d’influencer les conditions injustes du commerce, imposées par ces acteurs puissants. Aujourd’hui, elles s’implantent en Afrique et en Europe pour faire face aux changements des règles du marché communautaire, alors que traditionnellement leurs plantations se trouvent en Amérique latine. Le contrôle qu’elles ont des quantités provenant de ces zones est passé de 6 % en 1992 à 31 % en 1994.

Actuellement, les règles de l’OMC ne permettent pas à l’Europe de contrôler ses importations en fonction du mode de production des marchandises qu’elle achète. Le directeur général de l’OMC, M. Ruggiero, le rappelait en février 1998 à propos du commerce équitable : l’OMC traite du commerce et l’OIT (Organisation Internationale du Travail)du travail. Si les deux organisations peuvent collaborer, les règles de l’OIT concernant le travail ne doivent pas être incluses dans l’OMC : un système de commerce ne peut donner une solution complète à des questions d’ordre social et environnemental. De telles normes ne peuvent être considérées comme des conditions requises pour commercer.

Là où règne le marché, à moins de tenter de le brider par des considérations sociales et environnementales légitimes, il faut en passer par lui. Euroban a peut-être l’ambition de vouloir infléchir le dogme actuel du libéralisme et se sert du commerce de la banane et de la réussite d’une alternative pour y parvenir. En ne faisant pas alliance avec les multinationales, le réseau cherche à expérimenter une autre voie, en faveur de l’intégration de toute la filière, dans un souci d’équité pour les plus faibles.

Mots-clés

commerce équitable, petit producteur, multinationale, Etat et société civile, réseau de citoyens, commerce international, OIT, OMC


, Europe

dossier

Pour un commerce équitable : expériences et propositions pour un renouvellement des pratiques commerciales entre les pays du Nord et ceux du Sud

Notes

Pour plus d'informations contacter ? EUROBAN Secretariat, 38-40 Exchange Street, Norwich, NR2 1AX, Royaume-Uni. Fax : (44)16 03 76 16 45.

SOLAGRAL (Solidarité agricole et alimentaire) - n’existe plus

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