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Capitalisation : les conditions institutionnelles

Pierre DE ZUTTER

07 / 1993

Jusqu’en 1991, la plupart de mes antécédents de capitalisation de l’expérience m’amenaient à penser que celle-ci n’est possible qu’en marge des institutions, aussi bien parce qu’elles n’y prêtent guère d’importance et préfèrent les produits type « manuels » que parce qu’elles sont trop préoccupées par leur image et leur prestige et restent donc à la défensive face à toute version non officielle des pratiques vécues dans leurs rangs.

C’est ainsi que mes tentatives personnelles de capitalisation se firent la plupart du temps en marge des institutions qui avaient accueillies l’expérience. Dans le meilleur des cas il me fallait travailler en autofinancement et veiller à ne pas dépasser les limites de la tolérance qu’on m’accordait. Dans le pire des cas cela terminait par l’affrontement et la rupture.

Les pratiques entreprises entre 1991 et 1993 avec le Priv à Cochabamba - Bolivie et avec le Pput au Paraguay sont venues relancer mon enthousiasme : il est possible que des institutions et des projets de développement aient une politique de capitalisation de l’expérience !

Les apprentissages ainsi réalisés sont encore bien insuffisants mais on peut déjà en dégager quelques éléments sur les conditions institutionnelles requises.

D’abord un minimum de confiance réciproque entre dirigeants (ou tuteurs) de l’institution et acteurs de la capitalisation, ainsi qu’une certaine autonomie pour ceux-ci. Car les processus de révision personnelle et d’élaboration de l’expérience sont difficilement programmables et quantifiables en temps.

Bien sûr, des délais maximum et des objectifs de produits sont souvent nécessaires et utiles, mais à l’intérieur de ceux-ci il s’agit plus d’une responsabilité à assumer que d’une tâche à accomplir, surtout tant que nous aurons si peu de références sur ce qu’est vraiment la capitalisation de l’expérience.

Celle-ci acquiert alors un statut ambigu (ce qui n’est pas grave) entre le volontariat et l’activité institutionnelle. Volontariat car on ne peut plus parler d’heures ou de jours de travail et qu’il y faut un engagement personnel. Volontariat amplement justifié par les « plus » d’autoformation et de valorisation professionnelle. Activité institutionnelle dans la mesure où l’institution s’investit (en temps, en argent, en information) dans la capitalisation pour que celle-ci lui serve à développer ses capacités d’action et de partage avec d’autres.

Quelles sont donc les conditions institutionnelles requises ? Elles sont extrêmement variables, selon le style d’organisme, selon ses moyens et ressources, selon le type d’expérience à capitaliser, selon l’ampleur de la capitalisation désirée… Plutôt que d’élaborer un catalogue de ces éventuelles conditions, il est préférable d’insister sur le processus de négociation qui précède toute capitalisation et qui est justement très utile pour préciser ce que l’on entend par là et ce que l’on en attend.

C’est cette négociation qui permet d’affiner et de rapprocher (ou de frustrer) les optiques, les thèmes, les conditions d’exécution. Dans les deux cas cités, c’est elle qui nous a permis d’avoir ensuite la flexibilité nécessaire pour affronter les multiples défis que la pratique de capitalisation nous imposait.

Mots-clés

négociation, capitalisation de l’expérience


, Bolivie, Paraguay, Cochabamba

dossier

Des histoires, des savoirs et des hommes : l’expérience est un capital, réflexion sur la capitalisation d’expérience

Commentaire

Il s’agit ici de réflexions sur des capitalisations ponctuelles, après coup. Tout autre serait le débat sur les conditions institutionelles pour une capitalisation permanente de l’expérience. Ce n’est pas un rêve mais il requiert des changements de fond quant à tout ce qui touche à la gestion et circulation de l’information dans une institution.

Notes

Le PRIV : Proyecto de Riego Inter-Vallesest réalisé à Cochabamba-Bolivie, entre l’Etat bolivien et la Coopération Allemande, depuis 1977. Le PPUT : Proyecto Planificación del Uso de la Tierraest réalisé par la GTZallemande et la DGP du MAG au Paraguay.

Fiche traduite en espagnol : « Capitalización: Las condiciones institucionales »

Ce dossier est également disponible sur le site de Pierre de Zutter : p-zutter.net

Version en espagnol du dossier : Historias, saberes y gentes - de la experiencia al conocimiento

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