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Quelles politiques pour une sécurité alimentaire durable en Palestine ?

Mémoire de la rencontre Agrophoria II

Pierre Yves GUIHENEUF

03 / 1999

Agrophoria (agriculture durable, en grec)est un réseau de personnes, agriculteurs, techniciens ou chercheurs, soucieux d’échanges, de formations mutuelles et d’élaboration collective de propositions en vue de favoriser une agriculture durable sur le pourtour méditerranéen. Réunis à Ramallah (Cisjordanie)en décembre 1997, une vingtaine de participants étaient invités par le Palestinian Agricultural Refief Comittee (PARC), sous l’égide du ministère de l’Agriculture de Palestine et du Consulat de France à Jérusalem.

L’Agriculture représente 3 % du budget de l’autorité palestinienne, ce qui montre que là n’est sans doute pas la priorité du "gouvernement" actuel. Pour les Palestiniens du PARC, la sécurité alimentaire constitue cependant un choix stratégique fort pour l’avenir, qui doit se traduire par un accès de chacun à une alimentation suffisante et de bonne qualité. Mais la faim existe même lorsque les produits alimentaires sont disponibles : c’est la pauvreté qui exclut des individus de la consommation. La sécurité alimentaire passe donc par un accès aux moyens de production pour les paysans, mais également par un accès au travail et aux revenus pour le reste de la population ainsi que l’arrivée sur les marchés de marchandises à des prix abordables. Quelques pistes d’action ont été évoquées lors de cette rencontre :

La production intégrée au sein de petites unités et de coopératives semble la plus adaptée à la situation actuelle : les systèmes agricoles familiaux occupent 90 % des surfaces en Palestine. Jusqu’à présent, les tentatives d’organisation en coopératives ou en comités villageois n’ont pas donné beaucoup de résultats. Les participants estiment que l’administration doit se garder d’intervenir sur eux de façon directive, mais doit leur permettre de s’organiser à leur rythme. Il faut veiller à ce que les petits producteurs ne soient pas marginalisés par le système, comme cela semble être le cas actuellement.

Côté technique, il faut tendre vers le durable, encourager notamment les pratiques permettant d’améliorer la productivité des sols et de limiter l’érosion. L’agriculture biologique, réglementée et certifiée, peut contribuer à améliorer la compétitivité des produits palestiniens, sans parler de ses effets bénéfiques sur l’environnement.

Des politiques foncières doivent être mises en place, de façon à protéger les terres agricoles de la fragmentation (dispersion lors d’héritages)et de l’urbanisation.

En ce qui concerne le commerce, il semble urgent de créer une commission pour la promotion des produits afin de débattre des questions de certification et de conformité vis-à-vis des normes internationales et de stimuler les exportations, notamment vers l’Europe.

Pour trouver un dynamisme de projets suffisant, il faut également en finir avec l’obsession de l’opposition avec Israël. S’il est vrai que le puissant voisin n’aide en rien au développement de la Palestine, il faut également considérer les blocages internes, ce qui suppose une petite révolution culturelle.

Il n’en reste pas moins que la coexistence avec Israël relève souvent du calvaire, les participants ont pu le constater au travers des rencontres et des visites. Entraves à la circulation des personnes, insécurité permanente, pression sur les agriculteurs pour l’achat de leurs parcelles par des colons, confiscation de terres estimées "en friche", blocage pour la commercialisation des produits... Rien n’est simple. La complexité de la situation et les pressions sur les agriculteurs sont telles que beaucoup d’entre eux sont tentés d’abandonner tout projet.

<Comment peut-on être persan ?>s’interrogeait Montesquieu. Anne-Claire Idoux, rédactrice de ce rapport, se dit en conclusion de ce panorama qu’il est bien compliqué d’être aujourd’hui un agriculteur Palestinien...

Mots-clés

agriculture, agriculture paysanne, agriculture durable, souveraineté alimentaire, politique foncière, exportation agricole, politique agricole, stratégie alimentaire


, Palestine

Commentaire

Cette fiche ne rend pas compte de la richesse des "carnets de voyage" des participants, très instructifs pour comprendre la réalité de la situation en Palestine. Ce dossier, bien rédigé et agréable à lire, intéressera le lecteur désireux d’en savoir plus sur la petite agriculture au Moyen Orient.

Source

Livre

BEAU, Christophe; IDOUX, Anne Claire, Quelles politiques pour une sécurité alimentaire durable en Palestine ?, Charles Léopold Mayer in. Document de travail, 1998 (France), n° 102

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