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De l’ennemi héréditaire à la construction d’un avenir commun

Le rôle de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse dans les échanges entre jeunes

Odile ALBERT

08 / 1999

En janvier 1963, le général de Gaulle et le chancelier Adenauer signent le traité de réconciliation entre la France et l’Allemagne. Un des points de ce traité stipule la création d’un organisme binational destiné à promouvoir les échanges entre les deux pays voisins afin de faire naître une connaissance réciproque et de surmonter un passé historique particulièrement désastreux. Six mois plus tard, en juillet 1963, l’Ofaj, Office franco-allemand pour la jeunesse, voyait le jour.

Un organisme binational : une originalité pour l’apprentissage interculturel

Les fondateurs de l’Ofaj ont voulu que cet office soit intégralement binational, imprégné de la double culture et qu’il soit loyal envers chacune de ces deux cultures. Cette orientation lui confère une grande originalité par rapport aux autres organismes d’éducation. En effet, l’éducation et la socialisation des jeunes ainsi que les méthodes pédagogiques restent étroitement liées aux valeurs culturelles d’un pays.

Le public bénéficiaire

La fonction de l’Ofaj est de soutenir les initiatives d’échange entre jeunes Français et jeunes Allemands. L’âge limite est de 27 ans, porté à 30 ans pour les professionnels ou demandeurs d’emploi. Ces initiatives sont très variées tant par leur centre d’intérêt que par la composition des groupes, la durée des séjours et les formules proposées (séjours linguistiques, rencontres informelles, rencontres à thèmes... ). Elles proviennent d’associations d’éducation populaire, de clubs de loisirs ou de sport, d’établissements scolaires, de centres linguistiques, de comités de jumelage, de collectivités locales, d’organisations professionnelles ou syndicales.

Considérant que l’apprentissage interculturel est un atout important pour la vie professionnelle, l’Ofaj accorde de plus en plus d’attention aux séjours des jeunes professionnels et demandeurs d’emploi. Il cherche également à faciliter le placement de stagiaires dans le pays voisin.

Actuellement, l’Ofaj subventionne 7 000 rencontres annuelles, ce qui représente 142 000 participants.

Un esprit de partenariat

Outre l’aide financière qu’il peut accorder, l’Ofaj s’efforce d’aborder les projets qu’on lui soumet dans un esprit de partenariat. Il a accumulé plus de 35 années d’expériences et a acquis une compétence très spécifique dans la réflexion et la pratique des rencontres interculturelles et, à ce titre, il contribue à l’efficacité des échanges. Il reste en lien avec ses partenaires créant entre ces différents organismes un réseau actif et en perpétuelle évolution.

De nombreuses activités

Au début de ses activités, l’Ofaj avait pour mission la réconciliation de deux peuples. Par la suite, l’objectif est de transformer en profondeur les relations franco-allemandes dans le cadre de la construction européenne. La démarche consiste à permettre d’acquérir de nouveaux savoir-faire et savoir-être pour développer en commun de nouvelles formes de vie. En effet, l’entente entre jeunes de France et d’Allemagne n’est pas difficile lorsqu’il s’agit d’activités de loisirs. Par contre les difficultés peuvent surgir quand les échanges portent sur des thèmes tels l’énergie nucléaire, l’écologie, les mouvements de paix ou sur les techniques d’animation d’un groupe.

C’est pourquoi, les activités de l’Ofaj dépassent très largement l’organisation d’échanges de jeunes. De nombreuses manifestations culturelles, des colloques, des rencontres, des entretiens ont également lieu. L’Ofaj contribue à la tenue de débats binationaux sur les thèmes qui touchent les jeunes : problèmes sociaux tels le sida, la toxicomanie, la violence, la xénophobie ; problèmes politiques tels la construction de l’Europe, l’aménagement du territoire... Il effectue également des enquêtes d’opinion pour sonder l’image que les jeunes se font du pays voisin, ce qu’ils attendent des échanges et ce que ceux-ci leur ont apporté. Ces enquêtes permettent de voir l’évolution des mentalités des jeunes au cours de ces dernières décennies.

Un autre effort est porté sur la capitalisation et l’évaluation des expériences car la rencontre ne suffit pas toujours à la réussite d’un programme. Dans certains cas, les préjugés sont plus forts après la rencontre. L’Ofaj insiste donc sur la nécessité d’évaluer chacune de ces rencontres même si les outils ne sont pas toujours adaptés à la diversité des cas. Ces évaluations permettent tout de même de tirer des enseignements qui enrichiront le savoir et les conseils de l’Ofaj et de ses collaborateurs.

Des groupes de travail "recherche-formation"

Pour mettre en ouvre ses objectifs ambitieux, l’Ofaj a développé la formation de ses cadres, des responsables de projet et des animateurs. C’est ainsi que se sont créés, depuis 1974, des groupes de travail de "recherche-formation". Plusieurs impératifs animent ces groupes. Ils doivent réunir des chercheurs et des formateurs. Les questions sur lesquelles ils débattent se dégagent de la vie des groupes d’échange de jeunes, ce qui permet aux chercheurs de vivre les réalités des situations de rencontre. Les résultats des travaux sont directement utiles aux formateurs et les publications qui en résultent sont éditées dans un langage assimilable par un large public. Ces groupes travaillent dans la durée (deux à trois ans)pour un approfondissement de leurs réflexions.

Les enseignements tirés de ces groupes de travail

Ces groupes ont travaillé sur de multiples thèmes. Il est donc difficile d’en faire une synthèse, cependant on peut souligner quelques points forts de leurs résultats et de leurs recommandations :

  • La compréhension entre les peuples, c’est du "travail". La compréhension ne peut se développer que grâce à un processus de longue durée. Le simple échange ne rend pas automatique une compréhension réciproque.

  • Le travail de compréhension franco-allemand ne peut être délégué aux jeunes seulement. Il est nécessaire d’y associer le monde des adultes qui sont les premiers responsables de la formation des jeunes.

  • Trouver un équilibre entre connaissances théoriques et apprentissages spontanés. Il faut arriver à dépasser le "faire ensemble" pour apprendre à "vivre ensemble".

  • Laisser la place aux différences. L’autre est différent. Il faut l’accepter sans le redouter et sans pulsions défensives et arriver à positiver ces différences. La confrontation à autrui a un effet de "miroir réciproque" permettant de déceler les possibilités et les limites de chaque culture. C’est pourquoi il est important que, dans la vie d’un groupe, les conflits ne soient pas occultés.

  • On ne transmet pas un savoir acquis mais une ouverture d’esprit. Les thèmes abordés au cours des échanges sont sans cesse à renouveler en fonction de l’évolution du contexte politique et de l’évolution des jeunes.

  • Porter une attention particulière aux évaluations. Celles-ci classent parfois rapidement en échec ou en succès les échanges suivant les problèmes apparents qui se sont dégagés. Il peut y avoir des échecs "fructueux" et des réussites "infructueuses". Ce qui est à évaluer ce sont les effets que l’échange a induit sur les participants et leur enrichissement dans la compréhension interculturelle.

Désormais, l’Ofaj souhaite élargir son champ d’action à la jeunesse de tous les pays européens.

Mots-clés

éducation interculturelle, éducation à la paix, recherche appliquée, formation de cadres, réconciliation nationale


, Allemagne, France, Europe

dossier

Se former à l’interculturel

Notes

Contacts : Gérard Gabert, DFJW. Rhöndorfer Strasse 23, D-53604 Bad Honnef, Allemagne - Tél. 49/22 24 18 08 43 - Fax 49/2224180852 - gabert@dfjw. org

OFAJ, 51 rue de l’Amiral-Mouchez 75013 Paris - Tél. : 33/(0)1 40 78 18 18 - Fax : 33/(0)1 40 78 18 88 - www.ofaj.org

Source

Articles et dossiers

OFAJ, L'Ofaj et les explorations interculturelles : des recherches qui ouvrent de nouvelles perspectives en Europe in. Textes de Travail, 1994 (France), 8, L'Ofaj : Chiffres, activités et résultats, 1998, 107 p.

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