español   français   english   português

dph participe à la coredem
www.coredem.info

rechercher
...
dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Tirer les leçons du passé pour mieux prendre en compte les intérêts de chacun

L’expérience d’un dirigeant d’une ONG du Sud : l’ASSAILD (Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement, Moundou, Tchad)

Fidèle DJETODJIDE KANAYO, Benoît LECOMTE

04 / 1998

Fidèle Djetodjide Kanayo, responsable de l’ASSAILD (Association d’Appui aux Initiatives Locales de Développement) :

« L’évolution du partenariat dépend de l’aide extérieure, mais aussi de nous à l’intérieur; il faudrait qu’on ait aussi notre point de vue. Si nous ne réfléchissons pas et que l’aide extérieure vient avec ses idées à elle, elle peut influencer négativement. Par exemple, tout le monde, à un moment, disait qu’il fallait seulement aider les groupes, qu’on ne peut donner des crédits ou des subventions qu’aux groupes. Tout le monde a marché là-dedans ! Y compris les associations nationales et là on a failli à notre mission. Maintenant, les donateurs se remettent en cause et disent : « c’est important le développement communautaire, les écoles, tout ce qui est communautaire doit être appuyé et cela doit continuer. Mais aussi les individus qui forment cette communauté, il faudrait les appuyer à être des gens solides ». Maintenant tout le monde doit penser que travailler avec des individus ce n’est pas être contre le développement communautaire, comme il y a un moment tout le monde parlait de développement communautaire, ce qui voulait seulement dire appui aux groupes. C’est là que nous devons beaucoup réfléchir pour voir où se trouve la vérité.

Un aspect de l’aide dont je tiens à parler, c’est que si l’aide arrive pour appuyer des idées que nous avons, c’est une très bonne chose. Si l’ASSAILD a son opinion, son plan d’action bien réfléchi et reçoit l’aide : là cela va marcher. C’est pourquoi elle a réfléchi, elle s’est remise en cause, elle a fait avec les bénéficiaires, un long travail d’auto évaluation; ce n’est pas quelqu’un d’autre qui a obligé l’ASSAILD à faire son auto évaluation. C’est l’ASSAILD qui, dans sa sincérité, a voulu toujours mieux faire en faisant son auto évaluation, a redéfini ses objectifs, ses méthodes, ses stratégies et a informé régulièrement ses partenaires qui ont aussi accepté de marcher avec elle. C’est très important. Sinon, si l’aide arrive avec ses idées pour imposer aux populations ; cela ne marchera jamais.

C’est pareil pour des organisations d’appui comme la nôtre, vis-à-vis des populations : si nous venons avec nos idées et l’argent pour les imposer aux populations, cela ne marchera jamais, il n’y aura jamais d’impact. Il faut tirer la leçon du passé. L’aide doit appuyer les initiatives des gens. Mais on ne parle pas seulement des initiatives, des projets des gens, on va plus loin : il faut appuyer les gens pour qu’ils réalisent leurs rêves. Que les ONG aident les paysans à réaliser leurs rêves. Que les financeurs aident les ONG à réaliser leurs rêves car chacun a ses rêves. Les bailleurs aussi ont leurs rêves. C’est pour cela qu’ils nous aident. Il faut qu’eux aussi trouvent leur compte dans tout cela. Nous avons senti que les bailleurs voudraient que les populations sortent de la situation que nous connaissons. Nous avons donc tous intérêt à travailler pour qu’il y ait réellement des changements dans les familles des gens, pas seulement des changements dans les organisations, mais aussi dans la vie des gens. On peut dire généralement que, jusqu’ici, on a travaillé plus pour les organisations mais pas assez pour les gens qui sont dans les organisations. C’est là la grande leçon que moi j’ai tirée de toute l’expérience que j’ai eue jusqu’ici dans ma vie ».

Mots-clés

organisation paysanne, ONG du Nord, ONG du Sud, développement local, évaluation, planification, concertation


, Tchad, Moundou

Commentaire

Le responsable de l’ONG d’appui (qui travaille en particulier à Bédogo) explique que l’aide extérieure doit correspondre à un besoin mûri à l’avance. Accepter que l’aide extérieure arrive avec un plan réfléchi ailleurs, cela ne mène à rien. Paysans, responsables d’ONG et bailleurs doivent s’accorder sur leurs intérêts communs avant d’appliquer un plan " de terrain " s’ils veulent voir leurs objectifs et leurs « rêves » se réaliser ; enfin, s’intéresser plus aux individus et moins aux groupes.

Notes

voir sur le même thème les fiches de DJERALIAR, Zambo ; GUELMIAN, Vincent ; GUELMIAN, Barmbaye ; MIANTOLOUM, Aminé ; MOUGNAN, Marc

Entretien avec DJETODJIDE KANAYO, Fidèle réalisé à Moundou en avril 1998.

Source

Entretien

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

mentions légales