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Les jardins solidaires méditerranéens : un réseau en construction

Vers un réseau convivial d’échanges de savoirs et de pratiques pour des jardins solidaires en région méditerranéenne

Maud PLANCHENEAU

05 / 2002

En 1999 se déroulait le deuxième forum du réseau national du Jardin dans Tous Ses Etats à Nantes. Ce rendez-vous avait pour but de réunir tous les acteurs pour qui le jardin peut être vecteur de lien social, de solidarité, un lieu d’expression. A l’initiative des Jardins d’Amélie (AMEnagement d’un Lieu pour une Insertion par l’Echange), un groupe d’une douzaine de jardins, venant des quatre coins de la région méditerranéenne (de l’Hérault aux Alpes Maritimes) s’est constitué pour participer à cet événement riche en échanges. Au fil des contacts et des interventions des uns et des autres, le groupe a pu prendre conscience que leur activité quotidienne s’inscrivait dans un mouvement beaucoup plus large que leur territoire, et que, près de chez eux, d’autres personnes travaillaient dans le même sens qu’eux. Forts de cette expérience, ils ont ainsi décidé de poursuivre cette dynamique au niveau de leur région en se rencontrant régulièrement pour échanger sur leurs activités.

Pour mieux se connaître et mieux se faire connaître, des séances de travail ont été organisées pour réaliser le document ambassadeur, ouvrage répertoriant les diverses initiatives de jardin en région méditerranéenne. Fruit d’un premier travail collectif, il est aujourd’hui à la fois une vitrine de cette "nouvelle génération" de jardins, et également un outil pour toute personne ou structure désirant se lancer dans ce genre d’initiative.

Mais au fait, qu’est-ce qu’un jardin solidaire ? Ce terme regroupe des jardins aux diverses formes : le jardin collectif, cultivé par l’ensemble des jardiniers qui se répartissent les différentes tâches, les jardins familiaux, où chacun a sa parcelle (ce qui n’empêche pas des réunions régulières entre les différents jardiniers), les jardins pédagogiques, qui visent davantage une sensibilisation à l’environnement... Un même jardin peut d’ailleurs allier plusieurs de ces variantes : un jardin collectif peut souhaiter s’ouvrir à l’aspect pédagogique par exemple en accueillant des enfants.

Leurs points communs ? Chercher à :

- renforcer le lien social, favoriser les échanges, l’entraide, le dialogue au sein du jardin mais aussi avec l’extérieur, en misant sur la mixité des publics (mixité sociale, des générations, culturelle) : certains jardins collectifs d’insertion sociale accueillent maintenant des classes, des jardins pédagogiques profitent de la proximité d’une maison de retraite pour inviter des personnes âgées à montrer aux enfants des gestes qu’ils ont toujours pratiqués...

- permettre aux citoyens de s’approprier et d’améliorer le cadre de vie : dans des cités grises et bétonnées, le jardin amène les habitants à descendre au pied de leur immeuble pour y planter carottes, pommes de terre, salade mais aussi des fleurs, arbustes. En prenant soin de ces quelques mètres carrés, c’est tout un environnement, une ambiance qui change.

- donner un point d’appui aux personnes en difficulté afin de retrouver utilité sociale et dignité en ayant la possibilité de participer à un travail créatif et productif : cultiver un jardin, c’est prendre plaisir à remuer la terre, arroser la petite graine qui va bientôt laisser sortir de jeunes pousses tendres... et c’est aussi cueillir des tomates... pour le plaisir de sa famille, mais aussi de son voisin, du visiteur à qui l’on pourra offrir le fruit de son travail.

- renouer des liens avec la terre et ses produits dans une optique de respect de l’environnement et de développement durable. Le choix de pratiques biologiques est quasi systématique.

Ce sont donc tous ces aspects que le réseau vise à développer et à valoriser, au niveau de chaque jardin, mais aussi vis-à-vis de l’extérieur, auprès des pouvoirs publics et de tout professionnel pouvant intervenir (paysagiste, urbanistes...).

En février 2002, le réseau regroupe une cinquantaine de contacts, ainsi répartis :

- 43 jardins (portés par des associations, centres sociaux), aux formes et objectifs variés : jardins familiaux, pédagogiques, collectifs, ou pouvant associer plusieurs activités,

- 5 associations partenaires,

- 2 particuliers (anciens jardiniers)

Depuis 2000, des journées d’échanges ont été organisées. Si 2000 et 2001 traitaient davantage les jardins comme projets (éléments juridiques et fiscaux, conduite de projet...), 2002 s’oriente davantage vers des journées où chacun peut apporter et recevoir, quelle que soit sa fonction sur le jardin, alliant théorie et pratique : jardinage, bien sûr, mais aussi par exemple tissage végétal, cuisine de plantes sauvages, etc. Comme pour 2001, l’année se clôturera avec une rencontre régionale permettant de faire un bilan des actions de l’année, débattre des perspectives pour l’année suivante et surtout renforcer le sentiment d’appartenance au réseau dans un esprit convivial.

Le réseau des jardins solidaires méditerranéens s’est aussi doté d’un bulletin de liaison qui paraît une fois par trimestre pour échanger des informations, des offres d’emploi, des témoignages. Il est diffusé gratuitement aux jardins et à certains partenaires ou porteurs de projets pour témoigner de la dynamique.

Mots-clés

réseau d’échange de savoirs, insertion sociale, agriculture biologique, lutte contre l’exclusion, lien social


, France

Commentaire

Au regard des deux dernières années, cette vie de réseau, qui n’est encore qu’à ses débuts, engendre plusieurs atouts :

- Le réseau donne l’occasion de s’ouvrir sur d’autres initiatives similaires existantes, une ouverture appréciable pour des personnes souvent exclues, renfermées sur elles-mêmes. Visiter un jardin, c’est quitter pour une journée son quotidien rassurant et découvrir autre chose, d’autres personnes.

- Par le jeu des échanges vers l’extérieur, des visites sur d’autres lieux, il stimule la cohésion de l’équipe d’un même jardin (animateur, jardiniers...), et enrichit donc ainsi l’action collective et la créativité au quotidien. Ainsi, par exemple, après une journée sur un autre jardin, un petit groupe de jardiniers a entrepris à son retour un grand "nettoyage" de leur jardin, prenant conscience de l’importance de l’esthétique le jour où, à leur tour, ils accueilleraient fièrement des visiteurs !

- Il permet de valoriser les ressources des divers jardins, c’est-à-dire d’en prendre conscience et de le transmettre aux autres dans une logique de réciprocité, voire de capitaliser certaines expériences. Ainsi, depuis des années, Gérard, jardinier, bricoleur et économe, fabrique du mobilier de jardin (coffres, tables, chaises...) à partir de palettes récupérées dans la grande surface voisine. Il animera un atelier courant juin pour diffuser sa technique à d’autres jardiniers, qui pourront à leur retour le mettre en pratique.

- Il représente un vivier d’expériences desquelles peuvent être tirées des hypothèses de conditions de pérennisation pour les futurs projets.

Un travail de co-construction d’un outil de mesure de l’utilité sociale des jardins est d’ailleurs initié depuis début 2002 grâce au soutien financier de la Caisse des Dépôts et des Consignations, le Conseil Régional et le Conseil général.

Les Jardins d’Amélie, structure animatrice, rencontrent malgré tout quelques difficultés pour rendre les différents jardins véritablement acteurs dans la vie du réseau, dans la programmation des actions, de sa participation à la rédaction du bulletin... Souvent dans de petites structures, les personnes ne disposent que de peu de temps pour s’impliquer au-delà des moments de rendez-vous. Le sentiment d’appartenance au réseau est encore timide, et devrait se conforter au fil du temps grâce à des rendez-vous comme celle des rencontres régionales annuelles.

Notes

Autre contact : Julien NADREAU. Voir aussi les fiches "Les Jardins d’Amélie: pour des espaces où cultiver légumes et solidarité", "L’association Coup de Coeur à Sospel (06) : l’aide aux plus démunis s’oriente vers le jardin".

Source

Texte original

Les Jardins d’Amélie (AMEnagement d’un Lieu pour une Insertion par l’Echange) - 9bis avenue Charles de Gaulle, 13120 Gardanne, FRANCE - Tél. : 33 (0)4 42 65 98 58 - Fax : 33 (0)4 42 65 93 86 - France - jardinsamelie (@) club-internet.fr

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