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La dynamique de la disqualification sociale

Odile ALBERT

05 / 1993

L’exclusion - ou disqualification sociale - est devenue la grande question sociale de cette fin de siècle. Deux facteurs essentiels déterminent ce phénomène : la dégradation de l’emploi et l’affaiblissement des liens sociaux qui engendrent des situations d’isolement et de vulnérabilité.

Si les jeunes et les travailleurs les plus âgés sont plus durement touchés, toutes les couches de la population sont atteintes par ce phénomène d’exclusion. Et une dualisation de la société est un des risques majeurs de notre temps.

On peut distinguer trois phases au processus de marginalisation.

1)la fragilité. Cette phase est amorcée par un événement : échec professionnel, instabilité de logement, drame familial..., qui engendre un sentiment de déclassement et suscite des comportements particuliers : réduction de la vie sociale, tensions dans les liens familiaux...

Le chômeur perd vite ses points de repère et peut alors connaître une grave crise d’identité.

2)la dépendance. Après une phase plus ou moins longue de découragement et de prise de conscience de l’absence d’espoir d’insertion, le chômeur peut accepter l’aide sociale. Il justifie souvent cette décision par le fait qu’il a des personnes à charge. Toutefois, l’aide ne s’avère jamais suffisante ce qui entraîne parfois par ailleurs un endettement. Mais, elle permet d’éviter l’extrême pauvreté.

3)la rupture. Quand les handicaps se multiplient (problèmes de santé, pertes de contact avec la famille...), on peut assister à la phase ultime du processus de marginalisation. Phase amplifiée si l’alcool ou la drogue intervient, ou si les liens familiaux - forme élémentaire de la solidarité - sont rompus.

Le Revenu Minimun d’Insertion, RMI, permet d’atténuer un peu le phénomène de rupture complète des liens sociaux. Mais la lenteur et la lourdeur des procédures administratives écartent un certain nombre de gens de cette aide. On estime qu’une personne sur deux parmi les "sans domicile fixe" obtient le RMI.

De plus, certaines personnes trop marginalisées n’ont plus la volonté de rester dans la société et revendiquent le droit de vivre en marge de la société.

Cependant l’expérience prouve que le RMI peut être bénéfique et inciter ceux qui le percoivent à "refaire surface".

Certes, les trois phases décrites ci-dessus ne sont pas fatales et les marges d’autonomie de chacun ne sont pas à négliger.

Mots-clés

paupérisation, méthode de diagnostic, analyse de systèmes, exclusion sociale


, , France

Source

Articles et dossiers

PAUGAM, Serge in. SCIENCES HUMAINES, 1993/05 (France), N°28

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