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Le réseau global de troc de Buenos Aires

En 1995, un petit groupe d’écologistes met en place, dans un garage de Bernal, une des provinces de Buenos Aires, un club d’échanges non-marchands entre voisins. Il s’agit de s’échanger des biens ou des services définis en fonction des aptitudes respectives des différents membres.

Christelle MARTENS

12 / 2001

Heloïsa Primavera est brésilienne, mais elle enseigne depuis seize ans à l’Université d’économie de Buenos Aires, en Argentine. Elle est également animatrice d’un programme de formation au sein d’un club de troc et fondatrice du Réseau latino-américain de socio-économie solidaire dans onze pays d’Amérique Latine. Le réseau de troc argentin propose des produits d’échange tels que nourriture, vêtements, bijoux, qui ne sont pas négociables sur le marché. Pour la petite histoire, un des pionniers de ce type de troc fut un dentiste qui appréciait le pain de sa voisine et qui lui proposa d’en recevoir contre des soins dentaires. A Buenos Aires, l’opération connaît rapidement un tel engouement que la méthode d’enregistrement des données d’échanges sur registres est rapidement saturée et doit être modifiée. Transposées sur une base de données gérée par le logiciel Excel, toutes les transactions sont enregistrées et chaque membre peut avoir accès à son bilan pour vérifier s’il est positif ou négatif. L’idée d’un cahier de "chèques d’échanges" fait alors son chemin. Ces morceaux de papier ont une valeur préfixée et indique l’auteur de la transaction et son bénéficiaire. Le terme de "monnaie collective" commence à circuler et d’autres clubs fleurissent dans d’autres quartiers de la ville. En 1996, les critères régissant les transactions et le fonctionnement des plates-formes sont unifiés pour permettre des échanges entre les différents clubs, même si chacun maintient son bon d’origine. Pendant une grève générale de l’administration argentine, un programme télévisé diffuse un reportage sur l’expérience. Les gens interviewés présentent un visage détendu et épanoui. L’initiative fait grande impression. L’afflux immédiat de nouveaux groupes pose alors sérieusement le problème de gestion du réseau.

C’est à ce moment-là que Madame Primavera entre en scène. Son expérience d’un Réseau d’échanges réciproques de savoirs en France est sollicitée pour apporter une pérennité au réseau. Madame Primavera prend conscience qu’une formation est nécessaire si l’on veut que le système perdure. La formation qu’elle imagine a pour objectif de développer la responsabilité des citoyens à travers les réseaux d’échanges. C’est une formule d’éducation permanente dans laquelle est fait, outre l’apprentissage de la responsabilité, de la citoyenneté et de la solidarité, celui de la gestion des conflits. En 1997, une véritable législation est adoptée pour que l’ensemble du réseau ait le même mode de fonctionnement. Il est qualifié alors de "global", parce que son existence est une réponse à la globalisation. Un an plus tard, Heloïsa Primavera obtient l’appui des autorités de la ville de Buenos Aires. Le réseau a dès lors des connexions au Brésil, en Uruguay, en Equateur... La rencontre avec le réseau de Finlande, en 1998, est l’occasion d’approcher des initiatives similaires à travers le monde, de bénéficier d’expériences locales, mais surtout de prendre conscience de la portée de l’expérience ! En 1999, le Forum de Rio sur le coopératisme populaire, animé par le mouvement Politique alternative cône sud (PACS), pose les fondements de la création officielle du réseau latino-américain d’économie solidaire. Il regroupe le Chili, le Pérou, l’Equateur, l’Uruguay, le Brésil, le Salvador, le Mexique, la Hollande et la Bolivie. C’est un mouvement continental, dont l’objectif est d’animer la construction d’une monnaie sociale entre pays qui connaissent des éléments communs d’exclusion et de crise. Le projet est également suivi par le pôle "Economie solidaire" de l’Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire de la Fondation Charles-Léopold Mayer, dont un des chantiers est consacré à la monnaie sociale.

Mots-clés

économie solidaire, échange non monétaire, réseau d’échange de savoirs, éducation à la citoyenneté, monnaie sociale


, Argentine

Notes

Contact : Heloïsa Primavera, Universidad nationale de Economia de Buenos Aires - primavera@econ.uba.ar

Fiche rédigée lors de l’Assemblée Mondiale des Citoyens de Lille, décembre 2001.

Entretien avec Heloïsa Primavera

Source

Entretien

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