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Un atelier DPH à l’Université : leçons et perspectives

Ana LARREGLE

01 / 2000

Contexte et caractéristiques générales :

Pendant six ans et jusqu’en mai 2000, j’ai assumé sous des formules diverses l’animation d’un atelier DPH à l’IEDES, Institut d’étude du Développement Economique et Social, consacré au DESS "Pratiques sociales et professionnelles du développement". Nous avons travaillé avec les trois options de ce DESS : Gestion de Projets, Formation - Emploi et Alimentation.

Les modes et techniques d’animation, le nombre d’animateurs, la durée de l’atelier, les caractéristiques des groupes d’étudiants (leur origine, leur formation, leur âge), les problématiques abordées, ont été assez différentes chaque année.

L’atelier était lié au séminaire "Méthodologie de la recherche en sciences sociales". L’atelier n’était pas noté (ce qui aurait été un non sens pour nous mais est une obligation de certaines formations universitaires), mais le fait d’y participer ajoutait un point supplémentaire à la note du séminaire.

Les groupes d’étudiants allaient de 10 à 20 personnes, avec des noyaux durs et parfois des fluctuations que nous avons acceptées, tout comme l’arrivée des nouveaux. Ils venaient parfois majoritairement de la même option, mais pour certaines années, ils étaient fortement panachés, ce qui nous obligeait à une gymnastique impossible pour déterminer les horaires. En effet, certaines options étaient plus chargées et donc bien moins disponibles.

Il s’agissait toujours de groupes de "Volontaires" (l’atelier étant optionnel), qui en général récusaient le point supplémentaire de note.

La notion de groupe volontaire me semble avoir été fondamentale pour l’unité du groupe et l’avancée de l’atelier.

Le partenariat :

C’est à notre avis le point faible majeur de cette expérience. La négociation de l’installation de l’atelier a été faite par des responsables qui n’ont pas poursuivi les aléas quotidiens du processus. Le directeur de l’institut a changé un an après et le nouveau directeur, liée à une affaire qu’il ne connaissait point, s’est montré indifférent sinon hostile pour des raisons diverses. Les directeurs des trois options n’avaient pas été associés et ne le souhaitaient pas, car leurs programmations pédagogiques étaient déjà trop chargées et souhaitaient plutôt les délester. Nombreux changements au sein de l’IEDES ont occupé les réflexions et préoccupations du corps professoral, y compris modifications pour l’agrément du diplôme, crise refoulée du chômage dans ce métier, peu de temps pour des véritables réunions pédagogiques. Je n’ai été appelée par le directeur du DESS et autres professeurs, afin de réaliser un bilan et de manifester leurs impressions, que 5 ans après le début de l’atelier. Notre relation principale passait par des échanges avec la Maître de conférences responsable du séminaire. La relation entre l’IEDES et la FPH, tout au moins les objectifs de cette relation, ne semblaient pas très claires, et je me trouvais au milieu, porteuse des concepts de L’AMI et de ses espoirs sur DPH.

- Le financement :

Cet atelier a été monté, au bout d’un an de pratique, sur une convention tripartite entre l’IEDES, L’AMI et la FPH. L’IEDES ne pouvait rémunérer les enseignants que sur la base d’un taux horaire officiel et quelques frais annexes. Donc tout le travail réalisé en dehors des horaires de présence, qui était très lourd, n’était pas pris en compte. Pour cela, la FPH a accordé qu’il serait question d’un cofinancement entre la FPH et l’IEDES, ce dernier assumant 25 heures de cours et quelques frais. Or, il n’existait pas de trace à l’IEDES de cet accord, et les responsables ayant changé, tout a dû être remis péniblement sur le tapis 4 ans plus tard.

- La relation entre L’AMI (et notamment Ana) et les étudiants : bénéfices réciproques :

Je sors personnellement de cette expérience avec une certaine nostalgie, car elle a été "bien plus qu’un atelier". J’y ai rencontré des jeunes et des moins jeunes motivés, réfléchis, ouverts, généreux, riches en expériences (peu ou mal reconnues par le monde académique). J’ai appris avec eux et sur le tas la notion de réciprocité éducative. Ils m’ont donné envie de me perfectionner, de rechercher de nouvelles méthodes et théories ; nous avons été - je crois- un lieu d’apprentissage à plusieurs voix qui demeure un épisode important dans ma vie.

Je sors convaincue du fait qu’il faut travailler l’expérience chez les jeunes, et qu’il est possible d’aborder à la fois trois notions : capitalisation, débat et réseau.

Avec de nombreux diplômés, nous gardons une relation de communication, d’amitié, de consultation, voire même de travail en partenariat.

Probablement, cette subjectivité et mon travail de réseau et d’appui réalisés en dehors des heures de cours, ont été mal perçus par l’Université, qui le considérait comme du "périphérique non nécessaire" ou bien que je créais un besoin que l’Université ne pouvait assumer.

Les espaces, les sujets, les méthodes :

Cette expérience, bien que certains aient pu être gênés par le "flou" et la "non directivité" de ma façon de travailler (notamment en début d’atelier), a permis d’aborder AVEC les étudiants et en leur laissant une marge de manoeuvre importante : des problématiques, des thèmes, des axes de réflexion, des inquiétudes, des questions, des travaux pratiques, des progressions très variés tout au long de ces six années.

D’après une enquête réalisée auprès des étudiants d’au moins cinq promotions, ce qu’ils ont retenu de l’atelier a été de disposer à l’Université d’un espace libre de parole, d’échange, de réflexion et de communication ; un moment où l’on fait une pause et l’on se positionne tout à fait autrement par rapport à l’espace et au discours universitaires.

C’est un lieu de "pause active", où l’on pense à son histoire, à ses projets, aux écueils et aux fenêtres de l’avenir, et l’on sort enrichi d’avoir partagé ce temps collectif.

Les formes de dynamiser cet espace ne sont pas uniquement écrits, et n’ont pas pu aborder les aspects techniques du traitement et de la gestion des fiches DPH ; en revanche, la mise en consultation sur Internet de la base DPH a fait que de nombreux étudiants s’y connectent.

En dehors de l’écrit, nous avons donc beaucoup travaillé sur l’écoute, les simulations, le débat, la reformulation de propositions, la vision critique face aux imaginaires générés par le propre groupe, le relais par rapport à des lieux de discussion comme le forum ue-acp, etc.

Mots-clés

formation, université, méthodologie dph


, France

Commentaire

Quelques mots provisoires pour un avenir :

- Je reste convaincue que cet outil est pertinent pour les étudiants universitaires, notamment ceux qui veulent réfléchir sur leur expérience, choix, avenir professionnel et humain.

Nous nous sommes servis de nombreuses formes de communication, de travail collectif et de dynamique de groupes. Pour cela, je ne pourrais dire : "Ca c’est du DPH". Mais j’estime que nous avions là "un esprit du dialogue", "une pédagogie de l’apprentissage à plusieurs voix".

- Il me semble essentiel, si l’on renouvelle cette action, de travailler davantage sur le partenariat à nouer avec l’institution de formation, le mode d’échange avec les enseignants, et le lien entre cet esprit de dialogue et les objectifs professionnels de l’institution vis à vis des étudiants.

Veut-on des experts ? Veut-on des hommes et des femmes porteurs d’initiative et de création ? Veut-on des salariés-techniciens compétents et objectifs ? Veut-on introduire le virus de l’éducation tout au long de la vie et de la réciprocité ? Encourage-t-on un quotidien d’entraide et de solidarité, où se situe-t-on dans le monde impitoyable de l’ascension de carrière?

- A propos de financement, il semble important de rediscuter les critères à appliquer : doit-on toujours demander un financement mixte ? La fondation peut-elle prendre en charge la totalité des frais et dans quel cas ? Quel est le portrait du partenaire avec lequel on acceptera ce deuxième choix ?

- Quant à moi, je connais certaines bonnes clés, j’aime en inventer de nouvelles chaque année, et il faut savoir néanmoins que pas tout le monde accepte le flou en début de chemin.

Source

Texte original

L’AMI (Ateliers Mutualisés pour un Usage Social de l’Information) - 61 rue Victor Hugo, 93500 Pantin, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 44 09 52 - Fax : 33 (0)1 48 43 74 44 - France - www.lami.org - lami (@) lami.org

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