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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

La planification des interventions par objectifs, un parcours semé d’embûches

Observations à partir d’une application de la méthode Pipo au Viêt-nam

Elisabeth PAQUOT

02 / 2002

A partir d’un cas au Viêt-nam, ce texte porte un regard sur les méthodes de planification participative visant à associer les populations à la programmation des actions. Il met en évidence les limites et conditions de succès de telles pratiques, et propose des pistes de réflexion pour une mise en oeuvre plus rigoureuse. Le guide élabore un raisonnement et une démarche dont devrait s’inspirer tout animateur. Il propose de faire évoluer les méthodes d’animation, vers des méthodes dites de "planification par objectifs" qui permettent d’élaborer en commun lors d’ateliers, des diagnostics pour la définition d’actions concrètes, de définir une programmation d’activités de projet de développement à l’échelle locale, et de favoriser un consensus entre acteurs autour de schémas d’actions qui en découlent. Pour ce faire, ce texte s’appuie sur un travail en amont sur le concept de la participation et sur une définition de techniques d’animation appropriées.

L’exemple analysé dans le document montre à quel point l’utilisation des méthodes participatives doit s’entourer de multiples précautions. Sans contester l’intention initiale de ces méthodes, ce texte remet toutefois en cause la manière dont celles-ci ont été mises en oeuvre. Des écueils résultent souvent de choix opérés sans cohérence avec les actions de terrain, de la non-participation des cadres de la zone, et du manque d’analyse de toutes les implications du changement d’échelle. Outre les questions sous-jacentes à ce type d’exercice, utiliser cette démarche à l’échelle locale pose des problèmes spécifiques : un public pas toujours habitué à ce type d’exercice ; des articulations entre représentation " politique " et représentativité locale ; des conditions de dialogue entre paysans, agents locaux de développement et cadres pas toujours évidentes ; des difficultés dans la réalisation de choix par d’autres que ceux qui sont directement impliqués.

Les limites sur le déroulement des ateliers portent essentiellement sur les éléments suivants : la difficulté du choix des participants et la nécessité d’une connaissance préalable fine du milieu et des acteurs, sans idées préconçues afin de trouver des paysans qui ont une crédibilité et qui sont prêts à l’action ; la qualité du travail en amont de l’analyse de l’action et sa pertinence afin de dégager des objectifs et une démarche adéquate ; et enfin, la qualité de l’animation des ateliers et celle de l’animateur.

Une animation non maîtrisée qui ne repose pas sur une bonne connaissance des logiques des participants et de leurs interactions peut entraîner le renforcement ou une nouvelle légitimation des groupes dominants au détriment des paysans. La participation effective de ceux-ci à ces ateliers dépend en fait de la capacité des animateurs à assurer des prises de paroles équilibrées et à replacer le discours par rapport à leur position et légitimité. Cependant, un diagnostic " d’expert ", aussi bon soit-il, ne suffit pas à élaborer des propositions d’actions qui soient pertinentes, et surtout qui seront portées par ceux qui auront des responsabilités dans la mise en ouvre. C’est la raison pour laquelle cette nouvelles approche des méthodes de planification par objectifs doit être mise au point. Elle permet des diagnostics plus fins, et elle favorise un consensus entre acteurs autour de l’analyse et des propositions. Elle vise à élaborer en commun un diagnostic, puis à débattre des schémas d’action qui en découlent.

A l’origine, les méthodes participatives prenaient en compte essentiellement les intervenants : techniciens, responsables des administrations centrales, ou encore les équipes de projets. Dorénavant, les méthodes par objectifs permettent d’associer les populations locales aux décisions sur les projets qui les concernent. Aussi, une certaine connaissance préalable du milieu et des rapports sociaux locaux semble indispensable pour pouvoir animer de tels processus de façon intelligente, et veiller à ce que les débats portent sur des questions auxquelles seront réellement confrontés les acteurs.

Pour ce faire, la mise en place d’ateliers permettant d’associer les acteurs locaux aux processus de décision doit être plus qu’un discours. Et le choix des personnes à mobiliser, la façon d’articuler le débat, ainsi que la stratégie d’animation et les modes d’élaboration des consensus doivent faire l’objet d’une réflexion stratégique poussée, afin d’éviter toute dérive de la méthode. La planification de ces ateliers doit cependant rester souple et échelonnée dans le temps, et tenir compte des paramètres indispensables à l’animation et à l’amélioration de l’efficacité de la méthode, afin de susciter le dialogue et une participation fluide et effective.

Cette nouvelle approche intègre une phase préparatoire de définition de projet qui comporte plusieurs éléments : une bonne connaissance du milieu et des acteurs ; un premier diagnostic des problèmes au sein du champ d’intervention ; la définition de premières propositions d’action ; l’évaluation et l’identification des facteurs déclenchant l’action. Dans cette phase de définition du projet, l’analyse du problème à résoudre détermine l’orientation des solutions. Il importe que cette analyse soit la plus juste possible, et surtout qu’elle soit partagée. Aussi en deuxième phase, un premier atelier visant à identifier le projet et les intérêts propres de chacun par rapport au champ d’actions choisi doit être envisagé, afin de reformuler les problèmes en objectifs et de développer une stratégie d’invention avec un objectif focal. Car, pour ce faire, il faut une connaissance approfondie des sources disponibles, des problèmes, du potentiel de la région, et du contexte. Enfin, l’élaboration d’un second atelier visant à déployer le projet lui même est par la suite indispensable. Pour cela, il faut définir la stratégie d’intervention choisie, et construire le cadre logique d’intervention grâce à une méthode d’animation efficace. Enfin, une méthode participative pour être effective doit pouvoir évoluer. Aussi, une dernière phase d’ajustement nécessitant un travail sur les objectifs opérationnels et la planification à la fin de chaque saison, est développée afin de mieux s’adapter à la réalité. Ceci implique d’évaluer et de réajuster la pertinence des contenus et des méthodes et de préciser dans le temps comme dans l’espace le domaine de validité de la planification ainsi que les engagements et conclusions. Les modalités de mise en ouvre sont primordiales à l’efficacité et à la pertinence de l’action.

Mots-clés

évaluation participative, montage de projet, concertation, méthodologie, milieu rural


, Vietnam

Source

Document interne

LAMBALLE, Patrice, Gret, Direction scientifique, La planification des interventions par objectifs, un parcours semé d'embûches, GRET , 2001/08 (FRANCE), Document de travail n°24, Dire, 20 pages

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