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Les défis du CNCR, Comité National de Coopération et de Concertation des Ruraux à ses débuts (Sénégal)

Représentativité et hétérogénéité au sein du CNCR ; clarification des rôles face aux élus locaux

Ousmane NDIAYE, Benoît LECOMTE

2002

M. Ousmane NDIAYE coordinateur de la cellule d’appui Technique au CNCR dit ceci : " Je soulignerais trois défis importants que nous avons eu à relever au CNCR :

1/ En tant que porte-paroles reconnus des familles paysannes, il a fallu que les responsables du CNCR aillent au niveau des villages, au-delà des neuf fédérations, pour discuter et restituer le contenu de ce que nous avions réfléchi entre nous et de ce que nous étions en train de négocier. Il a fallu le faire au niveau des régions aussi. Nous nous sommes chargés de la vulgarisation de toutes ces informations. C’est une chose difficile de se concerter puis de s’exprimer de la même façon entre des dirigeants de fédérations fort diverses. Il est difficile de préparer d’une façon efficace les réunions avec le Président. Pour être un porte-parole reconnu, il faut parler d’une seule voix. Cela a fini par venir et désormais c’est seulement le président du CNCR qui parle dans les rencontres avec le Président de la République. Il représente à la fois :

- Le CNCR (et donc les neuf fédérations)

- Les comités nationaux interprofessionnels (exemple : des fédérations de cotonniers ou des organisations régionales de GIE)

- L’association des élus locaux qui accepte que le président du CNCR soit, dans ce cas, son porte-parole.

2/ Un deuxième défi est l’existence, au sein du CNCR, du fait des conditions de sa fondation, de deux courants :

- L’un est le courant habitué à être subordonné (fédérations des coopératives, etc.) depuis des années face à l’Etat et à ses agents. Il y règne par ailleurs une faible démocratie interne : les élections ne sont pas faites régulièrement, l’information de la base n’est pas parfaite, les fonctions remplies pour rendre service aux membres sont souvent faibles.

Le CNCR est obligé de rappeler aux fédérations leurs statuts. Par exemple l’Union Nationale des Coopératives Agricoles du Sénégal n’avait pas fait d’élections depuis quinze ans. Elle en a fait récemment. Pourquoi ? Le conseil d’administration du CNCR a décidé qu’assurer le respect des statuts était une condition pour continuer à travailler en son sein. Les coopératives étaient habituées à travailler "sous couvert" ! Alors la difficulté c’est que certains de leurs membres refusent de se rendre aux élections. Par ailleurs ces actions pour préparer les rencontres de toutes leurs instances, pour informer, pour discuter, sont coûteuses. Et les bailleurs ne sont pas vraiment intéressés à financer les élections dans les coopératives. Or une transition est nécessaire.

- L’autre courant est le courant des associations fondées d’une façon autonome (comme la FONGS). Elles ont leur système d’élection, de renouvellement légitime et font de grands efforts de formation et d’information. Il n’y a chez elles aucune tendance à accepter d’être dirigées de l’extérieur.

3/ Enfin, le troisième défi est celui des rapports sur le terrain, avec les élus locaux. Il fallait mettre en confrontation d’une part les organisations paysannes, d’autre part les élus locaux. Ces derniers, dans les communautés rurales, sont désormais souvent issus des mouvements ou associations paysannes. Ils ont maintenant des prérogatives et des budgets à dépenser car certaines fonctions leur ont été dévolues par l’Etat. De leur côté, les organisations paysannes avaient parfois assumé des fonctions qui aujourd’hui sont des fonctions relevant des élus locaux, par exemple pour les investissements sociaux. Les capacités réelles des uns et des autres sont différentes mais il y a une difficulté à clarifier les rôles. Il y a souvent une confusion au sein même de la tête des élus qui sont en même temps membres des organisations paysannes. Tout ceci est à clarifier. "

Mots-clés

organisation paysanne, concertation, relations citoyens élus, Etat et société civile, collectivité locale


, Sénégal

Commentaire

La concertation et la communication sont au centre des défis relevés par le CNCR qui essaye d’obtenir un consensus entre les différents courants qui le composent. En effet, être le porte parole de fédérations variées est une force mais présente aussi des difficultés. Une fiche claire qui permet de mieux comprendre les obstacles que rencontrent les organisations faîtières.

Notes

Sur le même sujet, à la même époque voir les fiches de MM. Samba GUEYE et Malamine SONKHO et les autres fiches de M. Ousmane NDIAYE.

Entretien avec NDIAYE Ousmane, réalisé en 1998 par LECOMTE Benoît

Source

Entretien

LECOMTE Benoît

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