español   français   english   português

dph participe à la coredem
www.coredem.info

rechercher
...
dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Entreprendre en milieu défavorisé -31-

La Maison de l’Entrepreneur, quatre ans de mise au point d’un outil

Catherine CHAZE

04 / 1993

La " Maison de l’Entrepreneur" (ME)conduit par le CIDR a débuté en 1988 en Guinée Forestière. Une prospection menée en 1987 avait révélé que, malgré l’existence de marchés porteurs (menuiserie, habillement...), les freins au développement des petites entreprises étaient nombreux:

- niveau de formation technique très bas,

- difficulté d’approvisionnement,

- manque d’organisation entre professionnels...

Des structures d’appui aux entreprises existaient, mais ne proposaient pas d’appui accessible à des petits entrepreneurs ou à des artisans du milieu rural.

L’idée de départ était, à travers un outil de formation, d’accompagner les petits entrepreneurs dans les différentes étapes de la création ou du développement de leurs entreprises en les guidant vers les partenaires administratifs et techniques, économiques ou commerciaux, et financiers présents dans leur environnement.

Cet outil de formation devait créer à la fois:

- une dynamique entre les entrepreneurs suivis les amenant à prendre en charge eux-mêmes la gestion de l’outil de formation mis en place (ME)

- une dynamique de développement local par le partenariat entre les entrepreneurs organisés et les autres acteurs de l’environnement.

A plus long terme, et une fois testée la pertinence et la viabilité d’une Maison de l’Entrepreneur sur Macenta, le projet prévoyait la diffusion de cet outil dans d’autres préfectures.

Les différentes Maisons de l’Entrepreneur fédérées entre elles auraient pu constituer un organe de second degré.

PREMIERE PHASE: 1988 - 1991

1 - Le projet souhaitait au départ ne se situer dans l’environnement que comme intervenant en matière de formation à la gestion et à l’accompagnement des entrepreneurs, et éviter d’apparaître comme un bailleur de fonds, pensant qu’il convenait de ne pas mélanger les fonctions. Un parcours intéressant du point de vue pédagogique fut élaboré mais ne correspondant guère aux préoccupations des petits entrepreneurs s’adressant à la Maison de l’Entrepreneur, essentiellement motivés par l’obtention de financements (milieu très spéculatif).

Etant donné cette motivation générale des petits entrepreneurs et devant l’abscence de circuits financiers adaptés à leurs modestes besoins, le projet sera très vite conduit à réfléchir et créer un système alternatif de financement avec un comité de crédit gérant un fond revolving.

La combinaison formation-crédit s’est révélée indispensable pour motiver les petits entrepreneurs.

2 - L’hypothèse selon laquelle la formation-accompagnement suivie en commun par un ensemble d’entrepreneurs pouvait créer des solidarités entre eux servant de base à la structuration de la Maison de l’Entrepreneur et des outils financiers s’avèrera erronée.

Le prmier comité de crédit créé connaît dès le départ des difficultés:

- non remboursements,

- détournement des fonds...

Le Conseil d’Orientation de la Maison de l’Entrepreneur ne se base sur aucun véritable sentiment d’appartenance à celle-ci. L’idée d’une Maison des entrepreneurs autogérée par ces derniers doit être abandonnée.

3 - De plus, de par le caractère pilote du projet, les animateurs, au delà de leur manque de bases théoriques en gestion pour bien accomplir leurs tâches, se considèrent plus comme des salariés que come les promoteurs de la Maison de l’Entrepreneur.

4 - Dans le cadre de la décentralisation, plusieurs réunions avaient été organisées pour constituer une cellule de concertation préfectorale entre administrations et intervenants extérieurs. Mais, aucune dynamique de développement local n’a pu être lancée. Les responsables administratifs locaux se sont montrés peu coopéartifs, la transparence qu’exigeait un partenariat avec la Maison de l’Entrepreneur risquant de compromettre leurs stratégies individuelles.

DEUXIEME PHASE: 1992 à 1996

1992 marque un changement très net de perspectives. Une nouvelle Maison de l’Entrepreneur tirant les leçons de l’expérience de Macenta a été créée en 1991 dans le contexte plus favorable de la Préfecture de N’Zérékoré. L’idée de plusieurs Maisons de l’Entrepreneur fédérées entre elles, est abandonnée au profit d’une Maison de l’Entrepreneur régionale basée à N’Zérékoré avec des antennes en milieu rural dont Macenta.

1 - Une meilleure articulation crédit-formation est recherchée, adaptée à chaque type de public

- La formation accompagnement est réservée à ceux qui souhaitent réellement créer une entreprise moderne et sont prêts à y investir le temps et l’argent nécessaires.

- Une formation simple, de courte durée et peu coûteuse, est dispensée aux artisans qui sont simplement à la recherche de fonds de roulement.

- Les initiateurs d’activités micro-économiques dont les besoins sont purement financiers sont structurés en groupes de gestion participative de crédits. Seuls les reponsables de ces groupes reçoivent une formation pour gérer le fonds de crédit.

2 - Les comités ou clubs de crédit sont constitués à partir des affinités entre les entreprenants en dehors de la Maison de l’Entrepreneur, et non créés à partir d’un stage de formation commun. Ils sont tout à fait distincts et autonomes par rapport à la Maison de l’Entrepreneur.

3 - A N’Zérékoré, l’approche institutionnelle est dès le départ différente. Les rôles de chacun sont bien définis:

- les animateurs " conseillers-formateurs" sont les véritables promoteurs de la ME. Structurés en groupement coopératif, ils doivent en assurer la gestion et définir sa stratégie générale.

- une association distincte et autonome par rapport à la ME assure la représentation des artisans et entrepreneurs.Son rôle est essentiellement social et "politique": promotion de la ME (prospection de nouveaux clients...), promotion de la petite entreprise dans la région (négociation avec l’administration sur des problèmes législatifs, fiscaux...), assurance " coups durs"...

Mots-clés

entreprise, entrepreneur, création d’entreprise, crédit, formation, organisation socioprofessionnelle, caution mutuelle


, Guinée, Guinée forestière

Commentaire

Cette expérience observée sous un angle méthodologique montre toute l’ambigüté d’un projet pilote qui cherche à la fois à démontrer la validité d’un outil tandis qu’il doit en même temps l’adapter voire y renoncer (phase de recherche-action).

On retiendra 3 éléments de l’expérience:

- la nécessité d’articuler formation et crédit mais en cherchant à établir deux structures distinctes,

- la conception de la ME comme une entreprise, " les conseillers formateurs" des petits entrepreneurs étant eux mêmes entrepreneurs,

- la nécessaire distinction entre les rôles d’appui technique assuré par une structure privée et les rôles social et politique assumés par une association d’entrepreneurs du type syndicat professionnel.

Source

Littérature grise

CIDR

CIDR (Centre International de Développement et de Recherche) - 17 rue de l’Hermitage 60350 AUTRECHES - France - Tél. 33(0)3 44 42 71 40 - France - www.cidr.org - groupecidr (@) groupecidr.org

mentions légales