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Tessera, une coopérative d’artisanat non traditionnel pour les femmes

06 / 1993

Tessera est une coopérative qui a été constituée en 1988 par 10 jeunes femmes (7 permanentes et 3 collaboratrices occasionnelles)à l’issue d’un cours de mosaïque, duré deux ans, qui avait été organisé par le Secrétariat à l’Egalité, avec des financements du FSE, dans l’objectif de créer des opportunités de travail pour les femmes et de promouvoir l’artisanat grec.

La formule coopérative, bien qu’elle eût été proposée d’en haut, avait été volontiers acceptée par les femmes, puisqu’elle répondait bien à leurs aspirations.

Elles ont donc ouvert un petit laboratoire à Athènes, où ells produisent des mosaïques qui s’inspirent de la tradition grecque et byzantine, mais également de la modernité. Il faut soligner que auparavant celle-ci n’était pas une activité pour les femmes, dans ce sens on parle d’artisanat "non traditionnel".

Problèmes rencontrés:

1. commercialisation : la coopérative rencontre plusieurs problèmes dans l’écoulement des produits. D’un côté, le coût des mosaïques est assez élevé (50 à 150.000 dracmes ou plus), ce qui entraîne déjà une importante sélection au niveau de la clientèle. Il faudrait pouvoir disposer d’une surface dans la zone touristique d’Athènes, mais cela exige des moyens qui ne sont pas actuellement à la portée de la coopérative. Sans compter le fait que pour avoir "le droit" de louer un local en plein centre il faut être prêt à affronter aussi d’autres types de dépenses qu’on ne peut pas normalement faire apparaître dans les bilans.D’autre côté, les femmes n’ont pas accès au marché qui serait le plus rentable et consistant, c’est à dire celui des églises: en effet,pour des raisons culturelles, celui-ci est réservé aux hommes.Pour le moment,donc,elles participent à des expositions-vente organisées par EOMMEX (voir fiche spécifique)tant à Athènes qu’à l’étranger (Londres, Toronto,etc.)et exécutent quelques travaux sur commission pour des architectes grecs, mais leurs affaires ont une allure très irrégulière,qui, de toute façon, empêche de réunir les capitaux nécessaires pour affronter les investissements qui seraient nécessaires pour faire vraiment décoller l’entreprise;

2. accès au crédit: le coût de l’argent en Grèce est bien trop élevé et la rentabilité du travail bien trop réduite pour que la coopérative puisse affronter le risque de prendre des crédits pour des investissements (surface de vente, opérations de marketing, voyages à l’étranger, etc.). Par ailleurs il leur serait difficile de fournir des garanties;

3. compétences en matière de gestion d’entreprise : les jeunes femmes ont démarré l’activité par leurs propres moyens et à partir de leurs professionalité spécifique, qui est de type artistique. Pour toutes les autres fonctions relatives au fonctionnement de l’entreprise , elles essaient de se débrouiller seules. Il est cependant évident qu’un appui qualifié en matière de marketing et de gestion de l’entreprise pourrait contribuer à résoudre un certain nombre de problémes.

Face à tous ces problèmes, on leur a demandé si elles n’ont pas pensé à s’organiser avec d’autres artisans qui rencontrent les mêmes difficultés: elles nous ont répondu qu’il y a une disproportion trop importante entre leur taille et leurs moyens et ceux des autres producteurs pour qu’il puisse s’établir une véritable collaboration. On a cru comprendre aussi qu’elles tiennent à leur autonomie et indépendance et refusent toute logique de clientèle (qui, d’après des interviews effectués au niveau d’autres coopératives ou fédérations, ne sont pas toujours étrangères à leur fonctionnement).

De toute façon, ces femmes font preuve d’une volonté farouche de résister et de continuer, et ce parce qu’elles sont très passionnées par leur travail ("et c’est ça qui est grave"-disent-elles!). Elles se disent intéressées à participer à des rencontres où l’on discuterait concrètement les problèmes évoqués plus haut.

Mots-clés

gestion d’entreprise, financement alternatif, artisanat, commercialisation, crédit, création d’entreprise, emploi, femme, coopérative


, Grèce, Athènes

Commentaire

Les problèmes rencontrés par la coopérative "Tessera" , essentiellement ceux de l’accès au crédit et de la commercialisation, sont les mêmes que rencontre la plupart des coopératives d’artisanat grecques, tout comme celles des autres pays visités dans le cadre de la recherche-action de l’IRED. Il est vraisemblale que la rencontre et l’échange entre ces coopératives et d’autres entreprises de l’économie sociale ou alternative européenne, ainsi qu’avec les expériences de financement alternatif, pourrait contribuer à faire avancer la recherche de solutions, que ce soit au niveau national ou européen.

Notes

La visite à la coopérative "Tessera" a été réalisée par M.T.Cobelli à Athènes le 2 février 1993.

Source

Autre

COBELLI, Maria Teresa, IRED NORD

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