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L’agroénergie : mythes et impacts en Amérique latine

Realizado por Rede Social de Justiça e Direitos Humanos e Comissão Pastoral da Terra

2008

La matrice énergétique

De récentes études concernant les impacts causés par les combustibles fossiles contribueront à placer le thème des agrocombustibles à l’ordre du jour. Actuellement, la matrice énergétique mondiale est composée de pétrole (35 %), de charbon (23 %) et de gaz naturel (21 %). Dix des pays les plus riches consomment à eux seuls près de 80 % de l’énergie produite dans le monde. Parmi eux, les Etats-Unis qui sont responsables de 25 % de la pollution atmosphérique.

Le Brésil est le quatrième pays au monde qui relâche le plus de gaz carbonique dans l’atmosphère. Cela est essentiellement dû à la destruction de la forêt amazonienne qui représente 80 % des émissions de gaz carbonique dans le pays. L’expansion des monocultures pour la production de l’agroénergie tend à aggraver le problème, en augmentant la pression à la frontière agricole de l’Amazonie et du Cerrado brésilien. Le Brésil a acquis une quasi autosuffisance énergétique. L’augmentation de la production d’agrocombustibles a donc pour objectif principal de répondre à la demande d’autres pays, ce qui va accélérer le réchauffement climatique au lieu de contribuer à la préservation de la planète.

L’accélération du réchauffement climatique est un fait qui met en péril la vie de la planète. Toutefois, il est nécessaire de démystifier la principale solution qui nous est proposée aujourd’hui et qui est répandue grâce à la propagande sur les soi-disant avantages des agrocombustibles. Le concept d’énergie « renouvelable » doit être débattu à partir d’une vision plus large qui prend en considération les effets négatifs de ces sources.

Profitant de l’inquiétude légitime de l’opinion publique internationale face au réchauffement climatique, de grandes entreprises agricoles, de biotechnologie, pétrolières et automobiles ont compris que les agrocombustibles représentaient une source importante de profits.

Un changement des modes de consommation, principalement dans les pays de l’hémisphère nord, est indispensable. Car aucune source d’énergie alternative serait capable de suppléer l’actuelle demande. Pourtant, le choix d’une réduction de la consommation est pratiquement exclu du débat officiel lorsqu’il s’agit de trouver des moyens de diminuer la pollution atmosphérique. Le premier pas en ce sens devrait être un investissement massif dans le transport public, outre les politiques de rationalisation, le débat sur le gaspillage et l’économie d’énergie, et l’application d’une diversité de sources alternatives et vraiment renouvelables.

Toutefois, depuis les années 20, après la Première guerre mondiale, la phase du capitalisme connue sous le nom de « fordisme » se met en place, basée sur la toute-puissante industrie automobile créée par Henry Ford, avec des liens étroits avec le secteur pétrolier. « L’humanité de l’ère industrielle sacrifie du temps, de l’espace, des richesses naturelles et, parfois, les propres vies à ces machines auxquelles les publicitaires attribuent des vertus magiques », décrit le journaliste Antonio Luiz Costa, de la revue Carta Capital.

En 1973, les voitures étaient responsables de 42 % des émissions de gaz carbonique. Ce pourcentage est passé à 58 % en 2000 et la tendance à l’augmentation est toujours présente. Les analystes estiment que, dans 25 ans, la demande mondiale en pétrole, en gaz naturel et en charbon connaîtra une augmentation de 80 %.

L’organisation mondiale de la Santé nous informe que 1,2 million de personnes par an meurent sur les routes et que 50 millions de personnes par an souffrent d’incapacité à cause des accidents de la route. Aux Etats-Unis, les accidents de la route sont la principale cause de décès de personnes jusqu’à 44 ans. Dans ce pays, les voitures occupent 43 % de l’espace des villes, soit 33 % dans les rues et 10 % dans les parkings, et il y a 770 voitures pour 1 000 personnes.

Il est bien évidemment naïf de croire que la solution pour sauver des vies sur terre réside dans le fait de continuer à fournir la même quantité de voitures, soit fonctionnant avec des combustibles fossiles soit avec des agrocombustibles. Outre leur inviabilité économique, les agrocombustibles causent de sérieux problèmes environnementaux, comme nous le verrons plus loin dans ce dossier.

Les guerres pour les sources d’énergie

Ces dernières décennies, la majorité des guerres a pour facteur principal le contrôle des sources d’énergie. Dans ce scénario, la politique énergétique des États-Unis, suivie par d’autres pays européens, peut aboutir à un conflit armé ou à une invasion de territoires étrangers. Outre le fait de représenter un thème central de sa politique extérieure, le gouvernement des États-Unis vise à garantir le monopole de sources d’énergie (traditionnelles ou alternatives) par de grandes entreprises.

De nombreux conflits armés et processus de militarisation sont également causés par l’intérêt pour le contrôle de sources naturelles d’eau, qui a, entre autres fonctions, celle de générer de l’énergie.

Selon des estimations de l’ONU (Organisation des Nations Unies), 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 2,4 milliards n’ont pas accès à l’assainissement de base. Tous les ans, près de 2 millions d’enfants meurent de maladies causées par l’eau contaminée. Dans les pays les plus pauvres, un enfant sur cinq meurt avant d’atteindre 5 ans de maladies causées par la contamination de l’eau. Le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, définit cette situation comme étant un « génocide silencieux ».

L’eau est une ressource naturelle irremplaçable. Si l’on continue à détruire ses sources au rythme actuel, dans moins de 25 ans, la moitié de la population mondiale n’aura plus accès à l’eau potable. L’augmentation des monocultures pour la production de l’agroénergie tend à intensifier la violation du droit fondamental d’accès à l’eau pour la consommation humaine.

Toutefois, le modèle de vie basé sur une grande consommation d’énergie est réservé à des secteurs privilégiés dans les pays du centre et périphériques, alors que la majorité de la population n’a pas accès à des services fondamentaux. Selon l’institut World Energy Statistics, la consommation per capita d’énergie aux Etats-Unis est de 13 066 kW/h, alors que la moyenne mondiale est de 2 429 kW/h. En Amérique latine, la moyenne est de 1 601 kW/h.

Le processus de privatisation de ces services accroît l’intérêt des entreprises internationales qui font de grands profits avec cette politique. Le monopole privé des sources d’énergie est garanti par des clauses présentes dans les accords de libre échange (bilatéraux ou multilatéraux), dans les politiques appliquées par la Banque mondiale et par le Fonds monétaire international (FMI), qui stimulent tant la commercialisation des biens naturels que le développement de mégaprojets d’infrastructure et de l’industrie de la guerre.

En Amérique latine, la Banque interaméricaine de développement (BID) stimule la production des agrocombustibles en utilisant l’argument selon lequel nous devons utiliser les « importants potentiels en terre cultivable, les conditions climatiques et les coûts de la main d’œuvre ». La banque a récemment annoncé son intention d’investir 3 milliards de dollars dans des projets privés d’agroénergie.

Le projet pour l’Intégration de l’Infrastructure Régionale Sud-américaine (IIRSA), prévoit également une série de grands projets énergétiques. Toutefois, ce modèle d’intégration suit notre modèle historique qui, depuis la colonisation, a favorisé les intérêts de grandes entreprises et a permis d’exporter des matières premières bon marché et des ressources naturelles pour les pays du centre ou des métropoles.

Dans ce contexte, le rôle des pays périphériques est de fournir de l’énergie bon marché pour les pays riches, ce qui représente une nouvelle phase de la colonisation. Les politiques actuelles pour le secteur sont menées avec les mêmes éléments qui ont marqué la colonisation : appropriation du territoire, des biens naturels et de la main d’œuvre, ce qui représente une plus grande concentration de terre, d’eau, de loyer et de pouvoir.

* Ce dossier est aussi disponible en anglais, espagnol et portugais.

 

Sommaire du dossier

La production d’éthanol à partir de la canne à sucre et du maïs

La production de diesel végétal à partir de soja et d’huile de palme

La production de biodiesel à partir du ricin et du Jatropha curcas

La production de biomasse à partir de matériel cellulosique

Agrocombustibles trangéniques

En Amérique centrale, la culture de la canne à sucre est une des activités agroindustrielles les plus rentables, dû au volume et au contrôle des marchés par les principales usines. Ces dernières appartiennent, dans toute la région, aux membres des classes dominantes et se sont eux qui rythment la production et la commercialisation du sucre, en soumettant les petits et moyens producteurs de canne à sucre à participer au processus de production, normalement en tant que fournisseurs de matière première.

Le Guatemala est le troisième pays exportateur de sucre d’Amérique latine et le premier d’Amérique centrale. Par ordre d’importance, viennent ensuite El Salvador, le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras et Panama.

Mais ce dynamisme économique contraste fortement avec la réalité vécue par les travailleurs dans les plantations de canne à sucre et dans les usines de toute la région.

* Costa Rica, Nicaragua et Honduras

* Guatemala

Problèmes communs relatifs à la monoculture de la canne dans divers pays d’Amérique latine et aux Caraïbes :

  • Les travailleurs sont mis en compétition pour la coupe de la canne à sucre avec des « primes » pour ceux qui en coupent le plus. Cette pratique a causé de sérieux problèmes de santé et même la mort de travailleurs.

  • Aujourd’hui, les salariés, dans nombreux pays, principalement en Amérique centrale, ne peuvent se regrouper en organisations. Lorsqu’il en existe, elles sont contrôlées par les entreprises.

  • Les travailleurs n’ont aucun contrôle sur la pesée de leur production, ce qui stimule l’exploitation.

  • Normalement, l’embauche de la main d’œuvre n’est pas directement effectuée par le patron de l’usine et/ou le fournisseur de canne, mais par le « gato » ou intermédiaire. Grâce à cela, les patrons et/ou grands exploitants fuient leur responsabilité quant au non respect de la législation du travail.

  • Il est interdit aux enfants et aux adolescents de fréquenter des écoles car ils doivent travailler à la coupe de la canne.

  • Dans certains pays, les femmes ne sont pas embauchées, mais vont tout de même travailler à la coupe de la canne, et ce sont les hommes qui reçoivent leur salaire.

  • Les conditions de logement dans les usines sont inhumaines, sans conditions sanitaires appropriées.

  • Les travailleurs sont très mal nourris. Il est courant de distribuer des substances chimiques stimulantes pour rendre le travail moins pénible.

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