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Des drogues, des producteurs et des politiques internationales

Alain Labrousse donne des clefs pour comprendre la complexité des enjeux

Hasna OUJAMAA, Alain LABROUSSE

01 / 2009

Alain Labrousse, enseignant-sociologue, travaille depuis plus de 30 ans sur les problématiques des drogues. Fondateur de l’Observatoire Géopolitique des Drogues (OGD), qui a dû fermer pour des raisons économiques en 2000, il est aujourd’hui consultant et collabore avec plusieurs organisations, comme MADERA (Mission d’Aide aux économies rurales d’Afghanistan) et le CERAI (Centro de Estudios Rurales y de Agricultura Internacional).

Politiques répressives

Les produits agricoles dits illicites tels que la coca en Amérique Latine, le cannabis en Afrique, ou l’amapola en Asie, sont au cœur de nombreuses polémiques et tensions politiques depuis quelques années. Dans la lutte contre les drogues, les politiques de répression ont toujours été LA solution préconisée par les gouvernements. Or ces politiques ne prennent pas en compte l’aspect culturel et traditionnel de ces drogues dans certaines régions du monde. Face aux problèmes de la consommation, qui sont des problèmes sociaux, dans les pays du Nord, et du fait de la pression politique exercée sur les pays du Sud, les producteurs se sont vus réprimés.

Aujourd’hui, force est de constater le peu d’efficacité de ces politiques répressives, dont le principal résultat a été d’alimenter des guerres, et non de réduire la production. Il est temps de modifier ces politiques de répression qui n’ont pas donné de résultats positifs et qui ont souvent été l’occasion de graves atteintes aux droits de l’homme.

L’Union Européenne parle de « politiques de réduction des risques ». Ces politiques promeuvent un mode de consommation « plus sain » et consistent à sensibiliser et informer les consommateurs sur les risques liés aux prises de drogues. Les États-Unis ont longtemps fait pression sur les Nations Unies pour freiner ces politiques. Cependant, il semble que leur position soit en train d’évoluer.

Règles du commerce international

Aux politiques directement liées aux drogues s’ajoutent les conséquences des règles du commerce international. En effet, les échanges des produits agricoles à l’échelle internationale sont soumis à des règles et des traitements différents selon les pays. On observe que, de fait, les pays producteurs de plantes illicites sont souvent en position de faiblesse face à ces règles internationales.

Il est nécessaire de prendre également en compte la question des subventions en direction de certains produits agricoles. Les États-Unis comme l’Union Européenne offrent à leurs producteurs des subventions d’aide à la production. Lorsque ces produits entrent sur le marché international, les productions des pays du Sud ne sont plus concurrentielles face aux productions subventionnées. Les conséquences sont celles que nous connaissons : la production et la commercialisation des drogues sont plus rentables que celles de produits licites devenus non concurrentiels.

Cultures alternatives

La mise en avant du développement de cultures alternatives aux cultures illicites apporte donc, en elle-même, peu de réponses aux problèmes des cultivateurs de ces produits stigmatisés. Une activité alternative devra en effet entrer dans la dynamique internationale, se soumettant à des règles peu favorables et à une très forte concurrence qui leur enlèvent toute valeur ajoutée au niveau international.

Quelques exemples réussis ont été remarqués, mais les processus sont trop lents et les résultats trop faibles pour prétendre résoudre la situation.

Des propositions pour des changements futurs

Alain Labrousse expose ci-après quelques actions possibles pour aider les agriculteurs :

  • soutenir les groupements indigènes de producteurs ;

  • promouvoir les échanges entre les producteurs du monde (Amérique Latine et Maroc, par exemple) ;

  • modifier les politiques internationales liées directement aux drogues, notamment les politiques répressives ;

  • modifier les règles du commerce mondial.

Le rôle des producteurs à l’international

Dans leur lutte contre le tout-répressif, les agriculteurs doivent se réunir pour défendre leurs droits. Avant tout, il est important de ne pas faire dans l’« angélisme ». La lutte des producteurs de drogues n’est pas seulement le fait de producteurs traditionnels. Peu de régions dans le monde peuvent se prévaloir d’une justification culturelle au développement de ces productions. Il est important traiter les motivations purement économiques en tant que telles, sans les cacher sous le couvert de la tradition.

Pour assurer la défense des droits des producteurs de drogues, il faut aussi faire face aux problèmes de langues et de cultures et, plus encore, à la situation de chacun face à son gouvernement. Les Latino-américains ont une culture syndicaliste, et certains ont des gouvernements plus flexibles que d’autres. Les agriculteurs y sont parfois déjà organisés, comme en Bolivie où les cocaleros sont reconnus et légitimes. Des producteurs d’autres pays, comme le Maroc et l’Afghanistan, sont systématiquement réprimés, et les productions totalement illégales.

Face à cette grande diversité, unir les agriculteurs autour d’une même problématique pour qu’ils pèsent sur les politiques est une tâche complexe. C’est un processus long et difficile.

La dynamique du Forum mondial des producteurs de cultures déclarées illicites apporte une réponse à cette difficulté. Le Forum est un outil pour réunir les producteurs, leur permettre de se connaître et dialoguer. L’étape suivante serait de les réunir sur le terrain. Par exemple, que les Latino-américains puissent visiter le Rif marocain. Ces échanges permettraient une meilleure prise de conscience de l’ensemble.

Seulement alors, il sera possible de mettre en place des actions efficaces et influentes.

Palavras-chave

geopolítica da drogra, tráfico de drogas, agricultura ilícita


, Franca

dossiê

Fórum Mundial dos Produtores de Culturas Declaradas Ilegais

Notas

Entretien réalisé durant le Forum Mondial des Producteurs de Cultures déclarées Illicites, du 29 au 31 janvier 2009, à Barcelone, Espagne.

Fonte

Entrevista

Alain Labrousse. MADERA, CERAI. Tel. 0033 1 49 65 40 70. allab@club-internet.fr

ALMEDIO - 2, traverse Baussenque, 13002 Marseille, FRANCE Almedio Consultores. Norma 233, Maitencillo. Comuna de Puchuncaví. Va Región, CHILI - Fono: (56)32 277 2231 - Chile - www.almedio.fr - info (@) almedio.fr

CERAI (Centro de Estudios Rurales y de Agricultura) - C/ Del Justicia, nº 1, puerta 8, 46004 Valencia, ESPAÑA - Tel.: +34 963 52 18 78 - Fax: +34 963 52 25 01 - Espanha - www.cerai.es - administracion (@) cerai.es

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