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Afrique, la logique des sociétés en grappe versus la logique séparatrice des ONG

Thierry VERHELST

10 / 1993

Une rencontre entre théoriciens et praticiens sur le thème "L’Economie Populaire (dite informelle): constitue-t-elle un modèle ou une impasse ? " fut organisée par le Réseau Cultures en septembre 1993 à Bruxelles. Emmanuel Ndione d’ENFA-GRAF, Sénégal, y exposa son analyse de l’économie populaire fondée sur l’expérience des ONG africaines. Les ONG en Afrique cherchent généralement à mobiliser les gens en valorisant la cohésion sociale résultant de leur esprit de groupe baptisé un peu vite "solidarité africaine". Cependant, elles veillent à écarter du groupe existant les notables et les "profiteurs" (prêteurs, usuriers, grands propriétaires). Elles entendent ainsi aider les pauvres à se libérer eux-mêmes, à devenir autonomes (les raisons idéologiques de cette stratégie "anti-profiteurs" sont certes honorables). Le projet (avorté)de socialisme africain ujamaar du Président Nyerere alait dans le même sens). Mais l’expérience d’Emmanuel Ndione au Sénégal lui a fait découvrir que, pour survivre, il faut appartenir à des réseaux et que la solidarité y est autant verticale (donc non-égalitaire)qu’horizontale. La société est "en grappe". Il faut investir du temps et de l’argent dans les relations et tenter de se situer dans le champ magnétique ascendant d’un "grand" (notable, riche, politicien, marabout). La stratégie des pauvres consiste à agrandir leur toile d’araignée sociale. L’harmonie recherchée est intégrative et ne fait donc pas la sélection ni les coupures que tentent d’imposer les ONG. Il faut communiquer avec tout (investir dans le magico-symbolique)et avec tous (investir dans différents réseaux sociaux). La politique des ONG est perçue comme néfaste car elle sépare. Elle tend à isoler les pauvres pour les rendre autonomes. Mais cela conduit à les asphyxier. Comme dit le proverbe wolof : "Est pauvre non pas celui qui n’a pas d’habits mais celui qui n’a personne ! " L’argent, pour les ONG, doit être utilisé dans des institutions bien distinctes du lignage ou de la famille. L’argent est perçu comme quelque chose de strictement économique à maîtriser dans un plan comptable. A nouveau, l’ONG isole, sépare et ... assure sa maîtrise sur des institutions créées à son image et à sa ressemblance. Pourquoi dès lors s’étonner que cet argent "froid" (l’argent du projet, l’argent du Blanc, l’argent inodore)soit détourné ? Il en va tout autrement de l’argent "chaud", celui qui circule dans les réseaux sociaux, à l’intérieur de la grappe et qui a été produit à la sueur de son front ! Comme quoi, l’argent a bel et bien une odeur, contrairement au proverbe ... occidental !

Palavras-chave

economia popular, cultura popular, ONG


, Senegal

Comentários

Les ONG suscitent volontiers des groupes nouveaux : coopératives, centres de développement communautaires, groupements agricoles ou de résidence. Ils font ainsi de la création institutionnelle. Dans un village, l’ONG ne promeut pas le village en tant que tel, mais crée du neuf, du parallèle. Pourtant le village existe déjà comme institution, ainsi que la tontine, le lignage rural, le néo-lignage urbain, la confrérie, etc. Là encore, l’approche des ONG est séparatrice, non intégratrice, contrairement à la logique sociale des pauvres qu’elles prétendent aider et respecter.

Fonte

Actas de colóquio, seminário, encontro,…

NDIONE, Emmanuel

Réseau Sud Nord Cultures et Développement - 172 rue Joseph II. B-1040 BRUXELLES. BELGIQUE. Tel (19)32 2 230 46 37.Fax (19)32 2 231 14 13 - Bélgica

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