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Un projet de construction de bâtiments en bois de cocotier dans le Kerala, dans le Sud de l’Inde

De Tropical Wood Housing, ONG à l’origine du projet, à Kerala Wood Housing

Véronique WILLEMIN

02 / 1995

A Trivandrum, cinq personnes intéressées et passionnées par le projet mené au Kerala depuis 1988 par l’association française TWH, ont décidé de créer une association locale : KERALA WOOD HOUSING, qui se fixe comme objectif principal de continuer l’action menée par Tropical Wood Housing. Soutenue localement par le Lion’s Club et le Rotary Club, l’association kéralaise vise haut très vite, en constituant un conseil d’architecture d’urbanisme et d’environnement (CAUE)axé sur le cocotier. TWH aidera l’équipe kéralaise à se mettre en place et a rédigé une série de dix fiches techniques sur "la filière bois de cocotier pour la construction en Inde" en anglais et en malayàlam. La première page donne le titre de la fiche avec une illustration originale d’un dessinateur kéralais. Les pages 2 et 3 présentent le sujet de la fiche et précisent la situation dans le monde avec des dessins, des textes, des cartes, des statistiques, des chiffres, ... La page 4 précise le sujet dans sa spécificité kéralaise à travers des entretiens avec des professionnels ou des experts. Un mémento pratique conclut la fiche avec des adresses, des prix, ...

Un souhait de TWH serait de constituer, à partir de ces 10 premières fiches une banque de données mondiale sur le cocotier. Traduites en plusieurs langues, ces documents pourraient circuler et s’échanger entre tous les pays producteurs de cocotiers. La page 4 serait personnalisée en fonction du pays.

Ces fiches ont été imprimées massivement et commencent seulement, un an après, à être diffusées gratuitement par l’agence gouvernementale pour l’habitat à faible coût (Nirmithi Kendra).

Début 1995, KWH a dû redéfinir ses objectifs et établir un calendrier prévisionnel moins ambitieux. L’association indienne vit sur ses fonds provenant du Rotary Club, mais n’a pas encore obtenu de subventions de la Municipalité de Trivandrum.

Capitalisation et valorisation d’expériences au Kérala.

Deux ans après l’inauguration d’un bâtiment expérimental : une crèche de 200 m2 en bois de cocotier installée en zone rurale, les réactions des partenaires sont très encourageantes :

"L’école de Chemboor est une réussite. Le bâtiment entre dans la grille de prix des bâtiments à faible coût. Mais, pour moi, il y a un point noir : s’approvisionner en bois de cocotier à un prix correct. Les arbres achetés pour la construction de Chemboor étaient 30 % trop cher (1000 Rs). Pour continuer, il faut informer."

PRASAD, secrétaire du TSSS :"L’école de Chemboor était la première étape. Maintenant, il faut passer à la suite : informer, promouvoir. Il faudrait que Kerala Wood Housing organise des visites à Chemboor pour que les gens intéressés puissent voir, toucher. Ici, tout se fait par le bouche à oreille. Les Kéralais sont très traditionalistes, très conservateurs. Il leur faut du temps pour digérer. La prochaine étape, c’est un autre bâtiment public : école, hôpital, mais pas quelques maisons éparses."

Père CHRISTUDAS, Directeur du TSSS jusqu’en 1991 :"Le bâtiment est beau et il fonctionne. Je regrette que l’architecte qui suivait le chantier n’ait pas tenu compte de mes conseils. Il serait souhaitable, lors de la construction d’un nouveau bâtiment en bois de cocotier, que les clous soient en bois et non en métal. Malgré les moussons, rien n’a bougé. Les essais de traitements sont étonnants et encourageants. J’étais très réticent au début du programme, mais maintenant, je suis prêt à collaborer pour une autre construction. L’école a reçu 38 enfants avec 2 maîtresses pour l’année scolaire 93/94. 60 à 65 enfants de 3 à 6 ans et de 6 ou 7 ans avec 3 maîtresses sont prévus pour la prochaine année scolaire. En 95, l’école accueillera des enfants de 3 à 8 ans, et, en 96 des enfants de 3 à 9 ans. Soit 200 enfants répartis sur 4 niveaux scolaires. L’école a été très bien conçue : il n’y a pas de cloisons intérieures, ce qui permet toutes les adaptations et formations de groupes par les maîtresses."

Père Justin PETER, prêtre à CHEMBOUR : "Si je suis devenu Président de Kerala Wood Housing, c’est que je crois à l’avenir du bois de cocotier. Mais pas pour l’habitat à faible coût. Le cocotier se vend actuellement 1000 à 1200 roupies le tronc utilisable en construction. C’est trop cher. Il y a un nouvel arbre moins cher sur le marché : l’arrack. Avant, c’était l’hévéa.Régénérer la cocoteraie sera très difficile. Au Kerala, les problèmes d’héritages sont de plus en plus complexes et nombreux. Les parents agés savent que le partage de la terre est une source de conflits. Alors, pourquoi investir dans l’entretien d’une cocoteraie qui tombera à l’abandon dans quelques années ? D’autre part, beaucoup de cocoteraies ne sont pas entretenues par manque de temps et d’argent. De plus en plus de jeunes travaillent à la ville. Il ne faut pas oublier que le Kerala est l’état le plus peuplé de l’Inde, avec le plus haut niveau d’alphabétisation. Les jeunes quittent la campagne, ils aspirent à des emplois qualifiés, n’hésitent pas à émigrer vers le Golfe où beaucoup de femmes kéralaises sont embauchées comme nurses. Avec 70 % de population rurale, le Kerala produit seulement 2 % du riz qui lui est nécessaire. Il doit importer du TAMIL NADU et autres états les 98 % manquants. Pour un hindou, le cocotier reste un arbre sacré, une valeur sûre, un patrimoine. On préfère garder les arbres, même malades, même morts. Ils sont là. Je pense qu’il faut attendre quelques années que la situation devienne réellement catastrophique pour que les Kéralais réagissent et secouent un peu leur conservatisme."

Radjeev DAYABHANU, Président de KWH et Directeur d’ARIES TRAVEL (grosse agence de voyage à TRIVANDRUM : "Le travail de recherche et les essais de traitements réalisés avec Tropical Wood Housing en 1992 m’ont permis de mieux faire connaître le bois de cocotier et de signer un contrat pour le traitement de 500arbres destinés à un projet de construction et de décoration d’un hôtel de luxe indo-américain à BENGALORE. Pour toucher les pauvres, il faut commencer par toucher les riches. La prochaine étape doit être un bâtiment pour le Rotary Club, pour le Gouvernement. Seuls les gens instruits ont accès à la connaissance des possibilités réelles du bois de cocotier. Ce sont eux qui diffuseront l’information et les autres classes sociales voudront ensuite les copier."

Sandjiv SUNU, Directeur de SAKTI WOOD TREATS : Il ressort des différentes réflexions et réactions des partenaires et des bénéficiaires kéralais que le point essentiel à améliorer est la médiatisation, la circulation des informations techniques. Il serait souhaitable que les Kéralais ne considèrent plus le bois de cocotier comme un matériau de récupération, mais qu’ils soient fiers de ce bois bien fini et efficacement traité.

Palavras-chave

construção de moradores, avaliação, moradia e economia, difusão de técnicas, informação técnica


, Índia, Inde du Sud, Kerala

Notas

Véronique WILLEMIN est architecte, consultante indépendante, écrivain.

Cette fiche a été réalisée dans le cadre d’une mission d’évaluation de TWH, en partie financée par la FPH.

Possibilité, pour ceux qui sont intéressés, d’organiser une exposition de photos.

L’adresse de KERALA WOOD HOUSING: Ayswarya Building, Press Road, Trivandrum, 695001 KERALA, INDE. Tel (471)33 04 17. Fax (471)777 02

Fonte

Relato de experiencias ; Texto original

Tropical Wood Housing - 69 rue du Montparnasse, 75014 PARIS. FRANCE. Tel 40 44 68 71. Fax 40 44 58 34 - Franca

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