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La formation à une pédagogie de la non violence

L’Institut de recherche et de Formation du Mouvement pour une Alternative Non violente - IFMAN

Françoise FEUGAS

03 / 1994

Le MAN (Mouvement pour une Alternative Non violente)a pour objectif de faire valoir l’apport de la non-violence dans la vie quotidienne et dans les luttes sociales et politiques. Pour le MAN, choisir la stratégie de la non violence, c’est opter pour un moyen efficace d’affronter les conflits, c’est préférer les valeurs qui font de l’individu un citoyen actif et signifier le respect absolu de chaque personne.

Peu à peu, cette conviction a pris la forme de techniques. Souvent sollicités pour des formations sur l’éducation à la non violence, des militants, convaincus qu’il fallait pouvoir proposer des outils pédagogiques aux acteurs éducatifs et sociaux, ont dans un premier temps expérimenté diverses méthodes, utilisant tout à tour les techniques du « théâtre de l’opprimé » d’Augusto Boal, les pratiques des pacifistes allemands, les stratégies du Mahatma Gandhi, les recommandations de la Convention des Droits de l’enfant.

L’IFMAN (Institut de recherche et de formation du MAN) est né en 1989 de la confrontation des expériences de ces « praticiens-chercheurs » (militants). Fondé par des enseignants, des éducateurs et des animateurs militants de Haute Normandie, il organise des formations largement basées sur l’expérimentation. Il intervient auprès de l’Education nationale, mais aussi en général auprès des personnels de la fonction publique, des associations qui travaillent dans les banlieues sur l’éducation à la citoyenneté et les conflits urbains, des centres sociaux, des maisons de quartier, de l’éducation spécialisée, dans l’enseignement privé et dans différents organismes d’animation et d’éducation.

Quatre ans après sa création, l’IFMAN s’affirme comme une initiative digne d’intérêt: depuis 2 ans, il travaille avec les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) et l’IUFM de Rouen a créé un programme de formation à la pédagogie de la non violence animé par l’IFMAN, pour les conseillers d’éducation et les futurs professeurs des lycées et collèges.

Par ailleurs, considérant que le « produit » non violence n’est pas encore normalisé et qu’il ne peut exister que par la volonté de citoyens convaincus que la culture de violence qui domine nos sociétés peut être modifiée, l’IFMAN propose régulièrement des sessions de formation-recherche appliquée à ses adhérents et aux chercheurs. Les sessions proposées depuis 1993 ont eu successivement pour thèmes: la loi régulatrice des conflits, la pédagogie de la non violence en général et dans le cadre scolaire, le travail social, la vie associative et la régulation des conflits, la formation de formateurs, la pratique de la médiation, la non violence dans le quotidien familial, la créativité et la non violence.

Le dynamisme des adhérents a permis la création de huit groupes de travail permanents:

  • l’école primaire : comment mettre en place des pratiques où les enfants acquièrent peu à peu la capacité de gérer la parole, d’écouter, de prendre des décisions…

  • le collège : les théories et méthodes qui visent d’une part à l’intégration des lois par les élèves et d’autre part à l’apprentissage de la citoyenneté.

  • les violences institutionnelles : les institutions sociales et éducatives développent des situations sources de violence pour les enfants dont elles ont la charge.

  • le travail social : création d’outils de formation et de travail à l’intention des travailleurs sociaux et des animateurs associatifs de quartier intervenant dans des situations d’exclusion.

  • « le corps qui bouge » : toutes les situations de conflit se vivant autant par le corps que par l’intellect (ou les affects), le groupe se propose d’étudier les pratiques corporelles qui peuvent appuyer une éducation à la non violence.

  • psychologie de la non violence : quels sont les resssorts psychologiques de la non violence ? A quels besoins internes répondent ceux qui choisissent le « passage à l’acte non violent » ?

  • la médiation : clarifier les approches théoriques déjà nombreuses de la médiation.

  • pratiques de formation : la vulgarisation de la pédagogie de la non violence nécessite d’inventer des pratiques de formation accessibles au plus grand nombre. Le groupe travaille à définir des modules de formation et à produire des documents pédagogiques originaux.

A l’heure où la démocratie, les droits humains, les droits de l’enfant, la lutte contre les violences et les exclusions deviennent des valeurs fortes, les pédagogies qui y mènent restent insuffisamment développées. Le plus souvent, elles se cantonnent à un inventaire des droits et devoirs du citoyen et à l’énoncé de principes généreux mais totalement déconnectés de la réalité.

Il est bon de rappeler à ce propos que les circulaires émanant du Ministère de l’Education nationale en 1985 recommandent que, dans le cadre de l’enseignement des droits de l’homme, l’on ne s’arrête pas à un apprentissage théorique mais que l’on mette en pratique la théorie. Cela passe par l’apprentissage de la résolution non violente des conflits dans les établissements scolaires. Depuis 1989, une loi d’orientation signifie que l’élève n’est plus « un objet à instruire » mais un sujet actif au centre de la communauté éducative.

L’apprentissage de la citoyenneté doit passer par l’expérimentation. Chacun, enfant, jeune ou adulte, doit être en mesure d’inventer, de négocier et de faire respecter des règles de vie collective, autrement dit de participer à la régulation de la vie sociale des lieux qu’il fréquente.

L’objectif d’une formation à la non violence est de permettre à l’individu de développer son autonomie, son esprit critique, mais aussi son aptitude à coopérer et son sens de la solidarité. C’est ce que tente de faire l’IFMAN.

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