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Il y a toujours plus macro que soi

Le cas de l’Argentine et de l’Uruguay

Lydia NICOLLET

07 / 1994

Aujourd’hui, tout Etat est confronté à un défi incontournable : comment faire partie de la dynamique internationale tout en étant responsable de sa propre nation, de son économie ? Autrement dit, comment assurer une insertion virtueuse de son propre pays dans le monde, comment intégrer la dynamique mondiale sans trébucher sur sa complexité, sans être étouffé par la compétitivité qui y règne ?

Au regard des expériences politiques uruguayenne et argentine, il semble que le néolibéralisme sud-américain n’ait pas su être le médiateur entre la société et l’économie, entre la nation et le monde; ce système ne possède pas l’outillage méthodologique et théorique nécessaire pour remplir ces tâches difficiles. Deux causes principales semblent être à l’origine de cette situation : la volonté politique de s’intégrer au marché international et d’accueillir des investisseurs étrangers, et le contexte socio-politique de chaque pays lié à sa propre histoire.

Le gouvernement argentin a décidé d’accélérer les privatisations dans l’objectif d’attirer les fonds extérieurs. En Uruguay, déjà pendant la période de dictature, l’Etat a libéralisé le système financier, lancé une loi de promotion industrielle pour inciter aux exportations, il a pris des mesures pour faciliter l’investissement étranger et a permis une baisse des salaires, au dépens du marché interne. De même, après 1993, le premier gouvernement démocratique (Sanguinetti), pour résoudre les problèmes de la dette, a créé une zone franche et a intégré le pays dans la zone économique du continent sud-américain (MERCOSUR). Or si l’intégration au marché régional a été favorable aux grandes entreprises brésiliennes et argentines, il n’a pas été source de croissance en Uruguay, qui reste en marge de l’économie mondiale.

Les politiques sociales dépendent des décisions politiques internes, mais l’Etat uruguayen n’est actuellement pas en position de s’imposer sur le plan socio-économique, il est trop en retrait et semble pris au piège dans sa propre logique néolibérale. Pourtant, des mesures sociales sont nécessaires pour protéger sa main d’oeuvre nationale face aux capitaux étrangers, pour aider les petits producteurs restés hors du marché. Egalement, le gouvernement n’est pas assez ferme sur les conditions de transfert technologique, car la technologie de pointe n’est pas rentable pour ce pays. Le problème des retraites en Argentine est un autre exemple de la faiblesse des politiques sociales au sein des modèles néolibéraux : le gouvernement n’alimentant aucun débat prévisionnel sur le long terme, il n’existe pas de règles, de critères qui permettent un rééquilibrage entre les actifs et les passifs.

Mais ce sont des raisons historico-politiques qui guident les actuels hommes de pouvoir de ces pays : l’Uruguay cherche dans le marché international la voie pour sortir de l’impasse, pour résoudre ses problèmes de dettes, pour relancer le marché par le biais d’apports extérieurs ... au dépens d’une politique sociale nationale, du marché interne, et par extension, des petits entrepreneurs uruguayens désireux non pas d’accumuler une fortune pour rembourser la dette du pays, mais simplement de nourrir leur famille. De même, en Argentine, l’adoption de ce modèle économique est lié à un contexte national, dont les éléments principaux sont la désarticulation des partis politiques, des organisations sociales, et le manque d’alternatives. Les ONG et, plus globalement, le mouvement social, n’ont pas su rassembler et organiser leur force pour influencer la politique sociale du pays.

Ce système néolibéral, dont l’émergence est liée à un contexte national et mondial, ne permet pas toujours la transparence des relations de travail et peut engendrer des situations confuses, parfois malsaines. Car finalement, il est possible, théoriquement, de modifier la position de la société par rapport à l’Etat, et de parler aussi bien de rapport entre l’Etat et la société qu’entre la société et l’Etat, situation qui implique que la force sociale peut être à l’égal de la force politique, que la société peut dynamiser l’Etat, car elle est le produit d’une histoire qui va au-delà de l’expérience néolibérale du pays. Or le système politique de ces pays ne permet pas ce changement d’optique, car la charnière semble "rouillée", le modèle rend impossible cette articulation entre l’Etat et la société, et par extension entre le local et le global, entre la société et le monde international.

L’exemple d’une négociation entre chefs d’entreprises et syndicats en Argentine illustre bien ce malaise : les chefs d’entreprises ont émis deux propositions assez contradictoires : la flexibilisation de l’emploi et un compromis fondé sur la loyauté et la transparence entre employeur et salarié. Mais en fait, cette flexibilité du travail implique une restructuration du marché de l’emploi qui déstabilise l’organisation syndicale. Elle passe aussi par des licenciements, et cela tend à renforcer la position corporative des syndicats, qui voient d’un mauvais oeil cette réorganisation territoriale et structurelle de l’emploi. On a donc là deux acteurs qui s’opposent et ne se font nullement confiance : les chefs d’entreprises, qui prétendent augmenter la production, améliorer la qualité du produit et réduire leurs coûts; les travailleurs, qui acceptent ce défi économique, à condition que les droits sociaux soient mis en valeur et respectés. C’est sans doute par la mise en place d’une sécurité sociale adaptée que les ouvriers pourront s’intégrer normalement sur le marché. Or l’Etat, fidèle à la logique néolibérale, ne peut pas sérieusement appréhender et résoudre cette contradiction apparente entre flexibilité et justice sociale. Peut-être le mouvement social représente-t-il, face à cette inadéquation politique, le potentiel nécessaire pour sortir de l’impasse. Or si la maîtrise sociale ne peut se faire par l’Etat, les acteurs sociaux doivent eux-mêmes s’introduire dans l’équipe politique pour la dynamiser dans ce sens; ou sont-ils en fait obligés de contourner l’Etat pour que l’action se renforce par le "bas" ? Une partie du monde syndical argentin est en train de s’organiser sur des bases plus démocratiques et se lance peu à peu dans des négociations solides, en se rapprochant progressivement des municipalités et de l’Etat. Seraient-ce là les prémisses d’un compromis socio-politique ?

Palavras-chave

Estado e sociedade civil, análise de sistemas, mudança social, justiça, poder, política social, capitalismo


, Argentina, Uruguai

Comentários

Face à cette logique néolibérale, les mouvements sociaux ont un rôle à jouer pour agir sur le terrain et influencer la politique en vigueur; d’ailleurs en Argentine, les forces sociales les plus touchées (travailleurs et retraités)s’organisent progressivement et sont de plus en plus actives. Mais l’acteur le plus à même d’établir un projet de développement interne est sans doute l’Etat ... mais est-il réellement près à modifier sa politique ? Et s’il ne l’est pas, l’initiative peut-elle venir de la société ? A-t-elle la force, la volonté et les moyens suffisants pour dynamiser le système dans une logique à la fois micro et macro ?

Notas

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Contact: Rodrigo Alvayay. Huelen 210 Dpto. F. Providencia. Santiago. Chile. Fax : (562)235 25 04.

Fonte

Documento interno

ARCE, Gustavo; MARTIN, Gustavo; PALOMINO, Hector; SANCHEZ, Alberto, Etats et sociétés en Amérique latine en fin de siècle, 1993/12

menções legais