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Interpellation publique et stratégies non-violentes

Les expériences des mouvements non-violents en communication

Christian BRUNIER, Ina RANSON

01 / 1994

Même dans les pays occidentaux à longue tradition démocratique, il est parfois très difficile de susciter un débat public sur des sujets qui concernent tout le monde ! Citons seulement les choix, lourds de conséquences pour des budgets de recherche, accordés aux différentes filières de production de l’énergie, les choix concernant la défense, la subvention aux ventes d’armes, l’aménagement du territoire...

Il arrive que les grands médias diffusent des informations insuffisantes, déformées, voire fausses. Ce sont alors des associations de citoyens qui essaient de prendre le relais, soit par la voie de médias alternatifs, soit en s’adressant à l’homme de la rue par des actions spectaculaires. Certains réseaux ont acquis un savoir-faire spécifique dans ce domaine, par exemple Greenpeace ou les mouvements non-violents.

En France, on aime se rappeler la réussite exemplaire des mouvements qui défendaient, dans les années 1970, les paysans du Larzac menacés d’expropriation par l’extension d’un camp militaire. Partout ou presque on connaissait l’affiche humoristique montrant une brebis qui, tête baissée, repoussait les assauts d’un char. Des manifestations ingénieuses avaient réussi à susciter l’engagement à tous les échelons de la société française et à obtenir gain de cause en 1981.

La communication à la base de nombreuses associations veut inciter tout un chacun à réfléchir, à débattre, à prendre position et à participer aussi à l’action. Développer à cette fin des formes d’expression dans l’espace public est tout un art. Comment y réussir ?

On peut se référer à quelques principes ou méthodes découverts au cours d’une longue tradition d’expériences concrètes des mouvements non-violents. Ils attachent d’abord une grande importance à l’expression symbolique du message à transmetttre. Cela peut être un insigne, un objet, un geste ou encore une mise en scène plus élaborée. En France, les porteurs du badge "touche pas à mon pote" affichaient ainsi leur antiracisme. Les rubans rouges des associations de lutte contre le sida expriment la solidarité. Dans les pays de l’Est, les bougies allumées devant les églises par les contestataires signifiaient à la fois la recherche de la vérité, l’espoir et la force révolutionnaire des non-violents. Des mises en scène symboliques permettent de présenter un problème ou un conflit sous un angle dramatique : par exemple, les manifestations de personnes étendues au sol (die-in ou tapis humain)organisées au cours des salons de ventes d’armes à Paris, ou les grèves de la faim. Les grévistes de la faim qui acceptent d’exposer leur vie se font alors les porte-parole de ceux qui subisssent une injustice intolérable et aussi de ceux qui luttent contre elle. Leur détermination brise souvent le mur du silence (exemple : la grève de la faim du père Delorme pour stopper l’expulsion de jeunes immigrés en mai 1981).

Une action particulièrement propice à la communication et à l’interpellation de l’opinion publique est la marche. Avec sa dimension d’exode, de pélerinage et d’épreuve physique, elle rappelle des événements importants de l’histoire humaine et elle invite au dialogue partout où elle passe. La première "Marche pour l’égalité et contre le racisme" qui, en 1983, réunit pendant 1 500 km des Français et des jeunes maghrébins reste dans les mémoires comme une étape décisive dans la lutte pour l’intégration. Son objectif -"lever la France de la fraternité"- a été exprimé à nouveau lors de la marche contre le chômage, au printemps 1994 ; soutenue par 300 collectifs locaux, elle a réuni, autour de 150 marcheurs permanents, 20 000 participants de toutes les couches sociales. A son arrivée à Paris, de nombreux SDF (sans domicile fixe)s’y sont joints spontanément.

Les marches et défilés permettent aussi de donner libre cours à l’humour : slogans, jeux de mots, caricatures, théâtre de rue... Rien de mieux pour réveiller l’attention des gens que de les faire rire ! "L’humour possède en lui-même une formidable force de contagion, un immense pouvoir de conviction. Le spectateur-auditeur... répond volontiers à l’invitation qui lui est faite à venir partager son plaisir humoristique", dit Jean-Marie Muller, porte-parole du Mouvement pour une alternative non-violente. Il importe toutefois de ne jamais perdre de vue la règle d’or de la communication non-violente : ne jamais s’écarter des faits tangibles, faire un effort permanent pour ne pas laisser dévier l’attention vers des sujets marginaux, éviter tout procès d’intention ou invective passionnelle !

Citons un dernier exemple qui illustre la puissance de l’humour au service de la communication. Les associations qui protestent en France contre le redémarrage du surgénérateur Super-Phénix de Creys-Malville avaient organisé, au printemps 1994, une marche Malville-Matignon. Pour clore joyeusement, il était prévu de réaliser "un char style carnaval comprenant une maquette du réacteur et sur lequel deux personnes en tenue de protection nucléaire distribueraient de faux billets de 100 francs" sur lesquels on lirait, d’un côté "Super-Phénix coûte 100 francs toutes les cinq secondes" et de l’autre "Ne pourrions-nous rien faire de mieux de cet argent ?" Les billets circulèrent d’abord chez les militants qui s’amusèrent tellement que la distribution commença sans attendre l’arrivée à Paris. "La réaction arriva quelques jours plus tard : la Banque de France porta plainte pour fausse monnaie. Le billet tiré en monochronie n’était pourtant en rien semblable à un vrai billet !" Cette plainte de l’Etat a offert une publicité inattendue à la marche. De nombreux quotidiens nationaux et régionaux ont, avec malice, rapporté ce fait dans leurs colonnes. "Après des interrogatoires par la police, l’affaire en est restée là... et les billets continuent toujours à circuler !" (Citations de Michel Bernard dans Alternatives non-violentes, n° 93, p. 9).

Palavras-chave

opinião pública, comunicação, relações micro macro, educação e intercâmbio social, informação, meios de comunicação, método pedagógico, não violência


, Franca

Fonte

Livro

MELLON, Christian; SEMELLIN, Jacques, La non-violence, PUF, 1994 (France); Les périodiques Alternatives non-violentes (en particulier l'article : "Faites l'humour, pas la guerre" dans le N° 93)et Non-violence actualité.

MAN (Mouvement pour une Alternative Non Violente) - 114, rue de Vaugirard, 75006 Paris - Tél/Fax : 00-33 (0)1 45 44 48 25 - Franca - nonviolence.fr - manco (@) free.fr

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