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Biopress, artisan des huiles bio ou comment gérer la construction d’une filière solide

06 / 1993

Implantée à Bazens (Lot-et-Garonne), Biopress a un nom évocateur. Cette société presse 1200 tonnes de graines oléagineuses fournies par une centaine de producteurs installés en majorité sur le département.

Fort d’une expérience de plus de 15 ans chez Viver, Jan Verbruggen crée en 1989 la société Biopress. En plein marasme du marché des graines oléagineuses, il ouvre une unité de trituration et pallie ainsi la pénurie d’huile biologique; « Il y avait au départ une difficulté des producteurs pour s’organiser au niveau de notre région, explique Jan Verbruggen. Aujourd’hui, nous connaissons mieux notre marché et nous pouvons réaliser des contrats d’approvisionnement. Mais si nous devions transformer toute la production existante nous serions en surplus par rapport au marché. » Depuis 1991, le marché est inondé d’huile importée en provenance de pays tiers.

En France, trois autres huileries approvisionnent la consommation. Toutefois, elles ne représentent pas une concurrence aussi importante que celle des pays du Nord de l’Europe, par exemple. Le marché existe, la valorisation du produit est intéressante, mais la course aux débouchés est très serrée. Biopress a donc choisi de viser un créneau spécifique. La société fait partie du groupe Rapunzel, qui est un distributeur allemand dont la filière française, Rapunzel France, assure l’activité commerciale dans l’hexagone; Biopress conserve la maîtrise des productions, de la transformation et de la vente, indirectement pour les huiles et directement pour les tourteaux et autres sous-produits d’aliments de bétail.

Avec dix salariés, la société est une petite entreprise artisanale au sein de laquelle il n’y a pas de poste de travail bien déterminé. « Nous jouons sur la polyvalence. C’est un avantage de souplesse par rapport à une structure plus importante, mais cela demande un réel investissement personnel ».

Des débouchés européens.

Sans ambition démesurée mais avec une politique volontariste de développement, Biopress espère maintenir sa croissance actuelle (comprise entre 10 et 15% par an). Avec des résultats aussi encourageants, la société vise les marchés de l’Ouest de l’Europe et veut conforter sa position aux Pays-Bas, en Belgique et dans le Royaume-Uni. Un des objectifs : se diversifier dans la fabrication d’huiles aromatisées et d’huiles spécifiques destinées à la pharmacie ou à la cosmétologie. « Nous travaillons surtout à l’exportation car la demande est très forte, regrette presque Jan Verbruggen. Le consommateur français est pourtant sensibilisé à l’aspect qualitatif des produits « bio », mais il ne semble pas prêt à faire un effort de prix tel qu’on le lui demande aujourd’hui. C’est à nous de chercher de quelle manière nous pouvons l’informer pour qu’il soit conscient de l’obligation de la différence de prix ».

Pas toujours évident pour le consommateur de comprendre que sur un produit transformé les prix sont davantage multipliés que sur un produit frais… d’autant plus qu’au niveau de la fabrication, Biopress (comme la plupart des producteurs « bio »)a des cahiers des charges très restrictifs. « Nous n’utilisons pas de solvant, explique Jan Verbruggen, ce qui abaisse notre rendement de 15% environ. Payer une matière première 20% plus cher est une chose ; mais si vous avez une différence de rendement de 15% sur la fabrication de votre produit, cela entraîne un prix de revient du produit fini trois à quatre fois plus élevé que sur le marché classique. Il faut aussi ajouter des marges de distribution supérieures. En bout de course, pour le consommateur, le produit est sept à huit fois plus cher ! En France, le consommateur est-il prêt à payer cette différence pour la qualité bio ?".

Au-delà d’un état d’esprit, d’une éthique, c’est sans doute un changement du réflexe du consommateur dont il s’agit. Surtout pour un produit de consommation courante auquel il peut être difficile de coller une étiquette haut de gamme. A moins que les produits « bios » n’arrivent à se frayer un chemin (à quel prix ?)dans le cercle prisé des publicités télévisées. « Pourquoi pas ? » lance Jan Verbruggen persuadé que le secteur « bio » souffre d’une mauvaise communication en direction du consommateur, en France particulièrement. Du chemin à parcourir que Biopress, dont le logo est une sauterelle, compte faire lentement, mais sûrement.

Chiffre d’affaires (92): 9 millions F

Statut : SARL

Date de création : 1989

Nombre d’emplois : 10 (7 à la production, 3 à l’administration)

Production : 1200 tonnes de graines oléagineuses triturées

100 % des produits « bio » dans le chiffre d’affaires.

Palavras-chave

oleaginoso, agricultura orgânica, acesso ao mercado, preço de produtos agrícolas e alimentares


, Franca, Lot-et-Garonne

dossiê

Filières durables : l’agriculture

Notas

Post-scriptum 2010 (ajouté à l’occasion de l’inclusion de cette fiche dans le dossier Filières durables : l’agriculture) :

En 2009, Biopress compte une trentaine de salariés et réalise un chiffre d’affaires de 9,5 millions d’euros, soit près de sept fois plus qu’en 1992. Biopress approvisionne notamment les chaînes de supermarché spécialisées en produits bio, comme Biocoop, Naturalia ou Serpent Vert.

Fonte

Entrevista

FLORENTI, H., FNCIVAM in. AGROBIOSCOPIE : analyses, opinions, expériences, 1992 (France)

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