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Libres leçons de Braudel

Passerelles pour une société non-excluante

Jacques POULET MATHIS

02 / 1998

Rien ne remplace l’éblouissante visite de la maison BRAUDEL (et, au premier chef, des trois tomes de "Civilisation materielle, économie et capitalisme")L’ambition de F. X. VERSCHAVE, dans son livre, est d’extraire de sa lecture de Braudel un outil pour notre lecture du monde aujourd’hui et, peut-être, grâce à cette compréhension éclairée, pour mieux nous situer et nous orienter dans les actions qui, peu ou prou, contribuent, à quelque niveau que ce soit, à construire l’histoire du prochain siècle. F. X. V. rappelle schématiquement les trois étages "braudeliens".

Le premier niveau est celui de la "civilisation materielle", celui de l’activité élémentaire de base que l’on rencontre partout et qui est d’un volume tout simplement fantastique, tout spécialement dans les pays du "sud". C’est celui de l’économie informelle et de voisinage immédiat. Si, malgré leurs côtés invivables, les immenses bidonvilles ne sont pas des mouroirs, c’est que s’y déploye une ingéniosité infinie dans la distribution incroyablement fine des moindres productions, fussent-elles réparées, recyclées,... C’est aussi à ce niveau que s’inventent, jusque dans nos sociétés "avancées" minées par l’exclusion, des formes nouvelles d’économie "solidaire". Ce niveau est souvent caracterisé par des formes d’organisation "pré-politique": tribus, clans, familles, bandes, loi du "milieu". C’est peut-être à ce niveau que se cherchent, s’élaborent et s’éprouvent les matrices sociales de la sortie de crise.

 

Le deuxième niveau est celui de l’économie de marché. C’est l’espace le plus visible, celui dont les règles du jeu stimulent, notamment par leur clarté, la productivité et l’échange. C’est à ce niveau que peuvent se désenclaver les produits de subsistance et s’enraciner les réseaux capillaires du troisième niveau... L’économie de marché ne cesse de montrer son incroyable vitalité. Elle représente sans doute un compromis insurpassable dans la gestion des contradictions humaines, une sorte de centre de gravité, entre contrainte, satisfaction, stimulation et reconnaissance. C’est à ce niveau que sont nées, autour de la "Cité", puis se sont développées à d’autres échelles les formes les plus élaborées d’organisation "démocratique" de la vie collective (débat public, vie associative, contre-pouvoirs civiques, principe de transparence de la déliberation et de la loi,...)...

Le troisième niveau s’élève au dessus des "clartés de l’economie de marché" et en est, en quelque sorte la limite supérieure. Là se jouent, comme en contre-jour, par l’ampleur des flux d’échange, par la sophistication et/ou l’opacité des mécanismes de gestion et de spéculation, des processus d’accumulation (et de destruction)de puissance. Ainsi sont nées les "économies-monde" de Braudel. FXV suggère qu’aujourd’hui, il n’y a plus qu’une "économie-monde", l’"économie-monde-OCDE", (d’autres diraient peut-être celle des rencontres de Davos)qui tend à s’identifier à l’économie mondiale. S’y trouvent impliquées de fait non seulement les plus grandes firmes mais aussi les etats les plus importants (le G7), leurs politiques économiques (les exigences de la "macro-économie")et leurs stratégies de puissance. FXV souligne fortement l’étroite interdépendance entre ces tois niveaux et les multiples passerelles qui, au travers des stratégies novatrices d’acteurs individuels ou collectifs, à la fois les relient et poussent à leur transformation continue, fût-ce dans le "temps long" si cher à Braudel. Il souligne plus encore le rôle de référence du niveau central, moins peut-être par sa puissance effective que par le potentiel d’ouverture qu’il offre au premier niveau et par les opportunités ou alibis qu’il offre à ceux qui ne rêvent que d’accéder au troisième niveau.

Palavras-chave

história política, política de desenvolvimento, desenvolvimento econômico, setor informal, liberalismo, Estado, globalização econômica, mundialização, multinacional


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Comentários

Présentée ici de façon trop schématique, l’analyse de F. X. VERSCHAVE est, en fait beaucoup plus riche. Elle est surtout féconde puisque, après la 1ère partie de l’ouvrage, consacrée à la présentation des trois niveaux "Braudeliens", les quatre parties suivantes ont respectivement pour titre: "Quand l’étage supérieur oublie et écrase les inferieurs", "Penser les étages inferieurs" (l’humus des civilisations, l’étage des reconnaissances, escaliers et réseaux, l’identité des territoires, la capillarisation des contre-pouvoirs,...), "Civiliser l’étage superieur", "Initiation et éducation"

Fonte

Livro

VERSCHAVE, François Xavier, Libres leçons de Braudel. Passerelles pour une société non excluante, SYROS, 1994/08 (France)

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