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Démocratisation et moyens de communications

L’expérience nigériane

Joseph Adebayo OGUNBI

10 / 1995

1991 : Déclaration de Windhoek sur la communication et les droits humains. à l’époque, cette déclaration contribuera grandement à donner un nouveau souffle aux luttes menées en vue d’une société juste et équitable. Elle encouragera en effet tous ceux qui vivent sous le joug d’un gouvernement non-démocratique à se battre pour la liberté de parole. Quant aux leaders de ce genre de régime, elle leur fera aussi savoir "ce qui s’en vient"; car le vent de la démocratie est en train de traverser le monde entier. Dans ces circonstances, l’on ne s’étonnera pas de l’ampleur du mouvement en faveur des médias démocratiques. Cet article fera ressortir certains des facteurs qui jouent fortement sur l’évolution de ces médias au Nigéria.

à ce sujet, il est intéressant de noter qu’il existe dans le pays une disparité entre la presse et l’électronique. Le premier média étant bien plus ancien que le second, il est aussi beaucoup plus "mature". Par ailleurs, la presse allant de pair avec l’alphabétisation, elle est un produit naturel de l’éducation occidentale. Utilisé à l’époque coloniale, ce média servira à y voir clair dans le politique et finira par constituer une arme pro-indépendance. Or, à l’époque du colonialisme, puisque l’administration, l’éducation et la religion se tiennent par la main, le Sud du Nigéria est surtout chrétien tandis que le Nord est plutôt musulman. Et puisque c’est dans le Sud que les occidentaux "exporteront" d’abord leur système d’éducation, c’est là que les gens seront plus vite politiquement conscientisés. C’est donc aussi de là que viendront les meneurs des premières luttes. Les médias, eux, suivront la même trace.

Le régime colonial est fort conscient du danger que représente la presse si elle tombe entre les mains des colonisés. D’où le contrôle extrêmement rigide qu’il exercera sur ces puissants outils que sont la radio et la télévision. D’ailleurs, les ondes resteront entre les mains du gouvernement colonial (au fédéral), même après que les provinces se verront accorder leur autonomie. Sous la férule d’Obafemi Awolowo, le Nigéria occidental ouvrira le chemin en installant les premières stations de radio et de télévision, avant même que la nation ne devienne indépendante. Bizarrement, au fédéral et au provincial (plus tard)on gardera une politique coloniale et on empêchera le grand public de participer aux émissions de radio et de télévision. Peut-être cette habitude s’est-elle d’ailleurs perpétuée à cause du grand rôle que jouent les stations de radio au moment des coups d’État. Il est vrai qu’à chaque crise, la radio et la télévision étant sous la coupe du gouvernement, il ne leur était pas facile de dire la vérité. Soit qu’elles ne parlent de rien, soit qu’elles déforment les événements. Ainsi, sans en être conscientes, obligeront-elles les gens à écouter la BBC ou Voice of America pour avoir d’autres informations. Ce qui ne remontera pas la cote de leur crédibilité qui a déjà du plomb dans l’aile.

Et maintenant, où en est-on? à vrai dire, rien n’a changé. La presse est, encore et toujours, un média plus démocratique que l’électronique. Le Sud plus que le Nord se fait le champion de la démocratie en général et des médias démocratiques en particulier. Inutile dans ces conditions de se demander pourquoi le joug du régime est plus fort là qu’ailleurs.

Depuis les dix dernières années, la liberté de presse est bafouée en permanence. Les militaires auront beau promettre le retour d’un régime civil et l’on aura beau rédiger un programme de transition, les résultats avortés des élections de juin 1993 lèveront le voile sur l’hypocrisie de ces gens-là. La grande ironie, c’est que cette même année, alors qu’il s’opposait à l’instauration de la démocratie, le gouvernement ouvrait la porte des médias électroniques au secteur privé. Bien entendu, ce n’était pas pour les beaux yeux de la démocratie. Alors, pourquoi une telle permission? On soupçonne l’ancien chef d’État, Ibrahim Babangida, de vouloir démarrer une société, Triple Heritage Communications, qui regrouperait presse, radio et télévision. Au fédéral, The National Broadcasting Commission, a été mis en place pour superviser l’octroi du permis de diffuser aux organismes privés qui en feront la demande. Cependant, comme prévu, les demandes sont nombreuses mais rares sont les feux verts. Parmi les quelques élus, citons Ray Power 100.5 FM Radio qui diffuse de Lagos 24 heures sur 24 et couvre l’éventail complet de la programmation. Cette société est allée chercher les grands du métier et leur a donné carte blanche. à eux de mettre en branle leur créativité pour distraire et informer les gens selon leurs besoins. Et déjà les auditeurs de la capitale et des environs sont en train de lui décerner la palme.

Un seul obstacle malgré tout : interdiction aux organismes religieux de participer. Une déclaration formelle qui est loin de tomber dans l’indifférence. Il semblerait d’ailleurs que les organismes en question vont ruer dans les brancards. Quant au secteur privé, l’occasion est trop belle pour qu’il ne la saisisse pas au vol. La presse lui a bien réussi, alors pourquoi pas les médias électroniques?

Finalement, le Nigéria réclame la démocratisation des médias. Mais, ici comme ailleurs, cette revendication prendra forme lorsque les gens seront suffisamment éclairés et se battront pour que soient mis en place des régimes démocratiques et stables. Car seuls de tels régimes favoriseront l’épanouissement durable de médias démocratiques dans nos sociétés.

Palavras-chave

comunicação, liberdade de expressão


, Nigéria

Notas

Dr. Joseph Adebayo Ogunbi est directeur à la formation,

Media Service Centre,

P.O. Box 200, Kaduna, Nigéria

Tél. : (234 62)21 11 92

Fax : (234 62)23 02 2

Voir traduction de cette fiche en espagnol et en anglais dans la base de données (recherche par le nom de l’auteur).

Fonte

Artigos e dossiês

Videazimut, DÉFENDRE LE DROIT DE COMMUNIQUER in. Clips, 1995 (Canada), 9

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