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Cuba : les petits paysans sont plus efficaces

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1997

Cuba est un petit pays qui a longtemps été très dépendant des pays du bloc socialiste en ce qui concerne son approvisionnement alimentaire, sa fourniture en intrants, en technologie et ses débouchés pour ses produits. Leur effondrement, conjugué à l’embargo imposé par les États-Unis, a plongé l’île dans une véritable crise alimentaire. Des anémies et carences diverses sont apparues de nouveau alors qu’elles avaient disparu depuis des années. Cette situation n’a pas manqué de provoquer des tensions sociales.

Le gouvernement a alors cherché à améliorer l’approvisionnement du pays et, en 1992, a consulté les associations d’agriculteurs. Celles-ci ont suggéré que les fermes collectives inspirées du modèle soviétique, qui occupaient alors 75 % des terres cultivables, soient confiées à leurs employés, aux agriculteurs les plus pauvres et aux personnes désireuses de travailler dans le secteur agricole. Ils ont été écoutés par le gouvernement qui a pu constater, statistiques à l’appui, que l’agriculture paysanne était plus productive que les grands domaines du secteur public. En 1993, 2.825.000 hectares du domaine public ont ainsi été distribués aux petits paysans, qui détiennent désormais 67 % de la terre. Le foncier continue d’appartenir à l’État, mais les terres ont été confiées aux paysans - individuellement ou par l’intermédiaire de coopératives - gratuitement et pour une durée illimitée. Aucun propriétaire ne peut disposer de plus de 67 hectares. L’État continue de fournir aux producteurs les crédits, l’assistance technique et la formation. De nombreux jeunes, y compris du milieu urbain, ont décidé de profiter de cette distribution de terres et de s’installer comme agriculteurs. Les flux migratoires se sont inversés au profit d’un certain repeuplement du milieu rural.

Les marchés ne sont pas pour autant entièrement libéralisés. L’État continue d’établir des contrats avec les organisations de producteurs pour l’approvisionnement de certains produits stratégiques pour l’économie du pays comme le sucre, le café, le tabac, les agrumes. Une partie des produits alimentaires est également achetée par l’État, à des prix négociés avec les producteurs, afin d’être distribuée par le secteur social : hôpitaux et écoles. Le reste est négocié librement sur le marché.

Cette réforme agraire s’est traduite par une forte hausse des disponibilités alimentaires. Entre 1993 et 1994, la production de riz a augmenté de 33 % et celle de viande et légumes de 4 %. La production de pomme de terre a connu un record historique.

En outre, les difficultés d’approvisionnement en engrais ont conduit le pays à s’engager dans des modes de production plus extensifs et moins polluants. Les techniciens et les chercheurs étaient conscients depuis longtemps que les techniques de culture intensive qui prévalaient à Cuba causaient des problèmes environnementaux. Mais tant que les engrais étaient gratuits, il était difficile de modifier les comportements des producteurs. à partir du moment où l’approvisionnement a été limité, ces changements ont été rendus possibles. Les chercheurs disposaient d’expérimentations et de références techniques qui leur ont permis de proposer des alternatives aux producteurs. En matière d’utilisation des pesticides, il en a été de même et Cuba est aujourd’hui l’un des principaux centres de référence au monde dans le domaine de la lutte biologique.

Tous ces changements ont été rendus possibles grâce à deux conditions principales. La première est la capacité de négociation dont a fait preuve le gouvernement et son désir de se concerter avec des organisations indépendantes de producteurs. La seconde est la capacité d’initiative et d’adaptation qu’ont montré les petits agriculteurs. Leur niveau de scolarisation et de formation - 7 ans en moyenne, soit l’un des plus élevés du continent latino-américain - y est sans doute pour quelque chose.

Palavras-chave

agricultura e alimentação, agricultura, agricultura camponesa, alimentação, soberania alimentar, estratégia alimentar, escassez alimentar


, Cuba

Notas

Ce texte fait partie d’une série de cas portant sur la question de la sécurité alimentaire, recueillis parmi les membres du réseau Agriculture paysanne et modernisation (APM)lors de la rencontre de Yaoundé, en septembre 1996.

Entretien avec ALVAREZ, Mavis

Fonte

Entrevista

1997 (France)

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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