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Pologne : le chômage, première cause de la malnutrition

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1997

En Pologne, la période antérieure à 1989 a été marquée par une politique de l’alimentation à bon marché basée sur la subvention des denrées alimentaires. Mais à partir de 1990, la suppression de ces subventions ou leur forte réduction a provoqué une brutale hausse des prix. Dans le même temps, les consommateurs ont vu se réduire leur pouvoir d’achat. Entre 1989 et 1992, les revenus ont chuté en termes réels de 13,4 % pour les retraités, de 26,7 % pour les salariés et de 51 % pour les familles rurales. Ces deux phénomènes conjugués - hausse des prix et baisse des revenus - ont provoqué dans la même période une diminution des niveaux de consommation de l’ordre de 15 % pour le lait et la viande.

Alors que le revenu national a chuté de 25 % entre 1989 et 1991, la Pologne a connu en 1992 une hausse de son PNB de l’ordre de 1,5 %. En 1995, son taux de croissance s’établissait autour de 6 %. Habituellement, la croissance des revenus est liée à celle du PNB, mais cette relation est moins forte en Pologne à cause de l’importance des remboursements de la dette.

Les familles polonaises consacrent en moyenne 40 à 50 % de leurs ressources à l’achat de nourriture. On estime que, dans les années à venir, la demande alimentaire va s’accroître de 1 à 1,5 % par an seulement, ce qui limite le développement de la production, malgré l’existence de ressources importantes. Au cours des dernières années, l’insécurité alimentaire s’est donc manifestée de diverses façons :

Diminution de la production agricole ;

Hausse des prix de la nourriture qui en a limité l’accès à un secteur important de la société ;

Diminution de la demande interne en produits alimentaires et détérioration des niveaux de nutrition ;

Différenciation de la société du point de vue des revenus et de l’alimentation ;

Augmentation du nombre de personnes malnutries (entre 13 et 25 % de la population selon les estimations)et de personnes sur-alimentées.

Au cours des six dernières années, on observe en Pologne - comme dans les autres pays d’Europe centrale et orientale - une aggravation de la polarisation économique de la société. Le chômage (entre 14 et 15 % de la population active)provoque l’insécurité alimentaire chez un grand nombre de personnes. Les allocations de chômage versées par le gouvernement modèrent un peu la crise mais la situation est particulièrement inquiétante chez les enfants des familles nombreuses de province qui sont touchées par le chômage.

Les enquêtes portant sur l’alimentation des familles paysannes ont montré que celle-ci était meilleure que dans les autres secteurs de la société, même si elle varie au cours des saisons. On estime que 10 % des familles rurales ne bénéficient pas de la sécurité alimentaire. Cependant, des études anthropométriques mettent en évidence le caractère de classe de la société polonaise : les enfants des familles paysannes sont les plus petits, la taille augmentant avec le niveau d’instruction des parents. Cela montre l’importance de la stratification sociale. Par comparaison, on peut noter que dans les sociétés scandinaves, il existe aussi des différences sociales, mais celles-ci, depuis trente ans, n’ont plus d’influence sur la taille des jeunes gens.

Les carences alimentaires côtoient les excès

La sécurité alimentaire, ce n’est pas seulement un niveau de calories consommées chaque jour. La composition de l’alimentation est importante et détermine sa qualité. En Pologne et dans les autres pays de la région, cette question est toujours d’actualité. La consommation de légumes et de fruits est en augmentation, mais la viande reste synonyme de prospérité. Déjà, 45 % de la population a une alimentation trop importante ou déséquilibrée. La malnutrition et la suralimentation sont deux facettes révélatrices de la santé de la société.

Du 2 au 4 septembre 1996, a eu lieu à Varsovie la rencontre consultative de la FAO et de l’OMS qui a réunit 40 pays afin d’évaluer l’état d’avancement des recommandations formulées lors de la Conférence internationale de la nutrition de 1992. Cela a été l’occasion pour la Pologne de faire un bilan de ses engagements en matière de nutrition et de santé. L’évaluation réalisée à ce sujet par les organisations gouvernementales a été positive : la consommation de fruits et de légumes a augmenté, ainsi que celle de graisses végétales et de produits laitiers ; celle de viande a diminué, ainsi que celle de graisses animales et de lait. La consommation de sel iodé a augmenté, ce qui est surtout important pour les jeunes.

D’après le ministère de l’Agriculture, la consommation moyenne est aujourd’hui de 3300 kcal par personne et par jour. Mais ce chiffre cache des disparités importantes. On estime qu’environ 5 millions de personnes sont insuffisamment nourries.

La société civile s’est également mobilisée pour aider les plus démunis. Les organisations humanitaires ont poussé après 1989 comme les champignons après la pluie. Une éducation à la solidarité est menée en même temps qu’est assurée une aide alimentaire. Une banque alimentaire polonaise travaille depuis deux ans sur un principe d’échange original. Il s’agit de favoriser l’accès à la nourriture des plus nécessiteux, notamment en ville, en échange de services. Ainsi, des agriculteurs ont fourni 600 tonnes de nourriture contre l’organisation d’excursions en ville pour leurs enfants. Environ 6000 enfants ont ainsi pu découvrir le milieu citadin et - grâce à des entreprises sponsorisant l’opération - aller au théâtre, au cinéma, au zoo, au musée, au jardin botanique ou aller dîner dans un hôtel chic. L’idée d’aider les plus pauvres et de favoriser la solidarité entre ruraux et urbains a mobilisé des agriculteurs, des bailleurs de fonds, des bénévoles...

Palavras-chave

agricultura e alimentação, agricultura, agricultura camponesa, alimentação, soberania alimentar, estratégia alimentar, desnutrição, consumação, nutrição


, Polónia

Notas

Ce texte fait partie d’une série de cas portant sur la question de la sécurité alimentaire, recueillis parmi les membres du réseau Agriculture paysanne et modernisation (APM)lors de la rencontre de Yaoundé, en septembre 1996.

Fonte

Literatura cinzenta

DABROWSKA, Joanna, Note de travail pour le réseau APM, 1997 (France)

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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